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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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lui rappelait cette nuit où, avec Adalbert et au cœur d’une forêt de Bohême, ils avaient ouvert une tombe perdue pour en arracher un joyau particulièrement maléfique et y ramener la paix. L’immense nature les enveloppait alors de son silence. C’était peut-être la raison pour laquelle l’épreuve de ce soir le choquait davantage. Son regard fit le tour des assistants. Il se posa sur la jeune Caroline visiblement terrifiée, elle se serrait contre M lle  du Plan-Crépin sans permettre à ses yeux de s’arrêter sur le vieux cercueil, cependant que de ses deux mains elle s’agrippait au bras de sa compagne. C’était vraiment idiot d’avoir tenu à venir, sous le prétexte qu’elle était la seule parente restante. À côté d’elle, Lemercier avait l’air de dormir mais sous ses lourdes paupières il suivait intensément la progression du travail. Massif et impassible, Crawford semblait se désintéresser de l’événement. Il allumait tranquillement une cigarette ce qui incita aussitôt Morosini à en faire autant. Le général de Vernois leur jeta coup d’œil indigné qui fit naître un demi-sourire sur les lèvres d’Olivier de Malden. Au cours d’une carrière déjà importante le diplomate devait en avoir vu d’autres. Morosini pensa qu’il lui plaisait. Peut-être parce qu’il lui ressemblait un peu. Désinvolte et élégant, il semblait ne pas attacher aux choses plus d’importance qu’elles n’en méritaient. Seul, au fond, le professeur Ponant-Saint-Germain était à son affaire : brûlant visiblement d’impatience, il ne cessait de se frotter les mains, son maigre cou tendu hors de son col à coins cassés et ses grosses lunettes lui donnant l’apparence d’un vautour guettant sa proie.
    Les vis résistaient… Le temps passait. Pour se désennuyer Aldo envoya une pensée à sa femme. Elle devait l’imaginer voltigeant à travers quelque salon illuminé baisant une main, discutant avec un personnage important ou encore dînant dans un restaurant de luxe avec Adalbert mais certainement pas en train de se geler les pieds – il faisait froid dans ce fichu hangar ! – en regardant les fossoyeurs ouvrir un cercueil ! Ou alors elle n’imaginait rien du tout si le jeune Marco lui donnait le moindre souci…
    Enfin le couvercle récalcitrant céda dans un craquement. Tout le monde sauf les deux femmes fit un ou deux pas en avant. Le policier, lui, avec une lampe de poche qu’il alluma, projeta un pinceau de lumière sur la forme noirâtre étendue sur ce qui avait dû être du satin blanc. Encore revêtue d’une robe de velours bleu brodée d’entrelacs métalliques, la femme apparut momifiée, les chairs desséchées adhérant encore fermement à l’ossature… À ses bras, à ses doigts ossifiés des bracelets d’or et trois bagues assez belles mais aucun pendentif sur la gorge parcheminée…
    Avec un claquement de langue agacé, Lemercier revint à M lle  Autié :
    — Le pendentif n’est pas là, mademoiselle ! Comment l’expliquez-vous ?
    Elle releva vers lui un visage tiré par l’angoisse :
    — Que voulez-vous que je vous réponde, commissaire ? Il a peut-être été volé ?
    — En laissant les autres bijoux ? C’est impossible !
    — Ce n’est pas mon avis, coupa Crawford. Auprès d’un bijou de cette importance, le reste disparaît. Le voleur, si voleur il y eut, visait la « larme » de diamant et uniquement elle.
    Après avoir conféré un instant avec les ouvriers, Lemercier revint vers eux :
    — Ces hommes sont formels et ont confirmé mon impression. La bière n’a jamais été ouverte avant ce soir ! Ce qui veut dire que cette femme a été inhumée telle que nous la voyons ce soir et que l’on n’a pas déféré à sa volonté. Et cela je peux le comprendre. C’est pourtant bien ce que vous aviez dit ? demanda-t-il à Caroline.
    — Mais oui, gémit la jeune fille, prête à pleurer. Au moment de sa mort, mon grand-père s’est fait apporter le portrait. Il s’est mis à rire puis il a dit : « Ne te fatigue pas à chercher ce joyau. Ma chère Florinde l’aimait à un tel point qu’elle a voulu que je le passe à son cou, peu avant de s’éteindre. Elle est partie en le caressant… et je n’ai pas voulu qu’on le lui enlève. Aussi ai-je veillé à ce qu’il soit toujours en place quand on a refermé le cercueil. Je l’avais dissimulé moi-même aux yeux des employés des pompes funèbres avec une écharpe

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