Les "Larmes" De Marie-Antoinette
assez !
CHAPITRE IV
DU CIMETIÈRE NOTRE-DAME AU BASSIN DU DRAGON
Quelques coups de téléphone permirent à Morosini de réunir, le soir même et dans le salon de M me de Sommières, dans un souci d’intimité, les membres les plus actifs du Comité – M me de La Begassière, Olivier de Malden, le colonel de Vernois, lady Mendl et Quentin Crawford que la marquise connaissait de loin – plus le commissaire Lemercier assez surpris de l’invitation mais qui se hâta d’accourir. Adalbert était rentré à Paris afin d’y retrouver des habits à sa taille.
Le policier commença par s’excuser de les avoir malmenés en invoquant le peu de temps qui leur restait avant la date ultimatum fixée par l’assassin : deux jours pour lui livrer la vraie larme de la Reine.
— Il se pourrait que l’on ait besoin de moins, fit Aldo.
— Vous savez donc où elle est ? grogna le vieux « Dur-à-cuire », l’œil déjà soupçonneux.
— Je crois le savoir grâce à M me de Sommières, notre hôtesse, qui a eu, ce matin, un entretien plein d’enseignements avec M lle Autié…
Lemercier bondit aussitôt de son fauteuil comme si un ressort venait de s’y détendre :
— Comment se fait-il que ces dames ne m’en aient rien dit quand elles sont venues vous sortir du « trou » ?
— Il n’y avait aucune raison, répondit la voix calme, légèrement traînante de l’Écossais. Vous êtes en charge de meurtres, commissaire, pas du vol d’un joyau qui d’ailleurs a été restitué. En outre, vous êtes ici ? Ne vous plaignez donc pas d’être tenu à l’écart !
— Je me demande justement pourquoi je suis ici !
— Parce qu’on a besoin de vous, tout simplement ! conclut Aldo avec un sourire reconnaissant à l’adresse de Crawford.
— Et pour quoi faire ?
— Pour obtenir rapidement du procureur de la République un permis d’exhumation. La « larme » transformée en pendentif doit se trouver au cimetière Notre-Dame dans le caveau de la famille Autié.
Un murmurede surprise courut parmi les assistantsà quiMarie-Angéline était en train d’offrir des coupes de champagne. Ponant-Saint-Germainémitdes hennissements :
— Et cette… demoiselle n’a jamais essayé de la récupérer ? Elle doit être riche…
— Elle donne des leçons de piano, fit la marquise. Jugez vous-même !
Le professeur renifla :
— Pfft ! Alors c’est une idiote… ou une grande âme !
— Qu’elle soit ce qu’elle veut, coupa le policier, le procureur n’accordera rien si elle refuse qu’on fouille sa tombe familiale. Son autorisation est indispensable !
Un silence suivit l’arrêt, aussi tranchant qu’une lame de couteau. Chacun pesait les mots qui semblaient définitifs.
— On pourrait peut-être le lui demander ? avança M me de Sommières. Je m’en chargerai puisqu’elle me connaît déjà. M lle Autié n’aime pas la défunte qu’il faudrait visiter. Sans l’avoir jamais connue d’ailleurs. Et si on lui dit qu’en laissant ce bijou remonter à la lumière du jour, elle sauvera une… ou plusieurs vies humaines elle peut se laisser convaincre ?
— … de laisser filer pareil trésor dans les mains d’un truand doublé d’un maître chanteur sans en avoir la moindre miette alors qu’elle vit plutôt chichement si j’ai bien compris ? Vous rêvez, ma chère dame !
— Je ne le pense pas ! riposta la marquise en le fusillant du regard à travers son petit face-à-main. Il se trouve que j’ai une légère expérience en la connaissance des animaux humains !
— En outre, enchaîna Aldo nous pourrions prévoir un dédommagement pour lui rendre la pilule moins amère ? À nous tous, nous devrions réunir une assez belle somme, j’imagine ? Pour ma part je suis prêt à contribuer…
— Cette blague ! ricana le professeur. Vous êtes un Crésus, vous, ce qui n’est pas mon cas. Je suis pauvre comme un rat d’égout.
— J’ai toujours considéré les rats d’égout comme particulièrement prospères, fit Crawford une lueur malicieuse dans les yeux. Ils ne manquent de rien et sont grassouillets !
— Quelle horreur ! s’exclama lady Mendl. Vous auriez dû invoquer Job, professeur ! Au moins tout le monde connaît… Cela dit, je partage l’avis du prince Morosini et j’accepte de cotiser…
— Au fait ! Il n’existe pas d’autres membres de la famille ? suggéra Olivier de Malden.
— Elle prétend être
Weitere Kostenlose Bücher