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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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verrues. Il avait été un instant éclairé par la lumière d’une fenêtre. Ma main alla à la dague qui se trouvait à ma ceinture. Les yeux de l’homme suivirent mon geste et il tourna les talons. J’entendis son pas s’éloigner dans la rue.
    Je me reculai sous le porche, le souffle court. Un homme au nez couvert de grosseurs, avait dit George Green. Je regardai tout autour pour voir si le grêlé était là lui aussi, et essayai de percer l’ombre des murs du Domus, en face, mais je ne vis personne.Le gaillard avait dû me suivre jusqu’à la bibliothèque sans se faire remarquer, et m’attendre pour m’agresser quand je sortirais.
    J’attendis encore un bref instant, puis remontai avec précaution la rue sombre, l’oreille aux aguets. Ce fut avec soulagement que j’ouvris la grille de chez moi, mais je lâchai encore un juron en me rendant compte que, désormais, il serait imprudent de sortir seul le soir.

19
    L e lendemain matin , en me levant , je vis que des nuages lourds s’amassaient au-dessus de la Cité. On était le premier juin. Plus que neuf jours avant la nouvelle comparution d’Elizabeth à l’Old Bailey et la démonstration du feu grégeois devant le roi.
    Pendant le petit-déjeuner, je parlai à Barak des livres manquants et de l’homme tapi dans l’ombre à côté de Lincoln’s Inn. À son tour, il me raconta sa tournée des tavernes, où il avait entendu dire que l’étrange boisson de la Baltique avait été vendue dans un estaminet du bord de la Tamise, à Billingsgate, The Blue Boar. Il s’était aussi rendu dans les tavernes de Walbrook, sans rencontrer toutefois aucun des domestiques des Wentworth. Ils avaient la réputation d’être sobres et pieux.
    « J’ai bavardé avec un domestique de la maison d’à côté, mais il m’a seulement dit que les Wentworth restaient sur leur quant-à-soi. Il m’a rebattu les oreilles pendant une heure avec la disparition de son vieux chien, dont il ne se console pas.
    — Vous avez eu une soirée bien occupée », dis-je. Or, malgré toute la bière qu’il avait dû avaler la veille, Barak avait l’air frais et dispos.
    « Je me suis aussi enquis du grêlé et de l’homme aux verrues. Rien. Ils doivent être étrangers à la Cité. Je me demandais si on avait mis fin à leur mission, mais ce n’est pas le cas d’après ce que vous me dites. »
    Joan entra, portant un message, dont je brisai le cachet.
    « C’est de dame Gristwood. Elle nous retrouvera à Lothbury à midi. Si l’audience n’a pas de retard, nous pourrons y être à l’heure.
    — Je vous accompagnerai d’abord à Westminster, si vous voulez. »
    Je ne pouvais rien faire d’autre ce matin. « Merci. Je me sentirai plus en sécurité. Avez-vous une tenue sobre, noire ?
    — Assurément. Je peux avoir l’air respectable, si besoin est.
    — Ce soir, c’est le banquet de lady Honor. » Il cligna de l’œil. « Je parie que vous l’attendez avec impatience. »
    Je grognai. Je n’avais pas parlé à Barak de notre rencontre à Lincoln’s Inn. Il m’aurait reproché de ne pas l’avoir interrogée sur-le-champ. Et il aurait eu raison.
    Comme nous descendions vers le fleuve pour prendre un bateau aux marches du Temple, je remarquai que les passants regardaient le ciel de plus en plus menaçant. L’air lourd et nauséabond me faisait déjà transpirer. Avec un peu de chance, l’orage ne tarderait pas trop. Malgré l’heure matinale, un petit attroupement s’était déjà formé à Fleet Street. Je me demandais ce qu’attendaient les badauds quand j’entendis le grincement de roues métalliques sur les pavés ronds et le cri de : « Courage, frères ! » C’était jour de pendaison. Une grande charrette tirée par quatre chevaux à côté de laquelle marchait un groupe de gardes vêtus de la livrée rouge et blanc de la Cité approcha. Elle se dirigeait vers Tyburn en passant par Fleet Street afin d’être vue du plus grand nombre, avertissant ainsi la populace du châtiment qui attendait ceux qui transgressaient la loi.
    Nous laissâmes passer la charrette. Dedans se trouvaient une douzaine de prisonniers, les mains liées derrière le dos et la corde au cou. Elizabeth aurait pu se trouver parmi eux, et il n’était pas certain qu’elle ne serait pas du prochain convoi. Ce voyage était pour les condamnés le dernier. Il les menait au grand gibet de Tyburn, où l’on attacherait les cordes aux crochets des fourches. Puis on baisserait la

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