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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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fronçai les sourcils. C’était manquer à l’étiquette que de s’approcher d’un confrère pendant qu’il était en conférence avec un client. Bealknap aussi avait les sourcils froncés et paraissait contrarié.
    « Vous voulez porter l’affaire devant la chancellerie, mon cher confrère ? demanda-t-il. Mais vous perdriez à nouveau, voilà tout. Engager le Conseil de la Cité dans une procédure aussi coûteuse…
    — Notre conversation était privée, Bealknap. Mais tel sera mon conseil, en effet. Ce jugement est inique et la cour d’équité le cassera. »
    Il s’esclaffa pour bien faire sentir son incrédulité. « Vous avez une idée des délais d’attente à la cour de la chancellerie en ce moment ?
    — Nous attendrons le temps qu’il faudra. » Je le fixai. Comme d’habitude, il évita de croiser mon regard. « Comment se fait-il que cette affaire ait été jugée par Heslop ? N’y aurait-il pas eu une petite circulation de pièces d’or de vous à lui ?
    — Quelle calomnie ! s’indignat-il vertueusement.
    — De votre part, je m’attends à tout, Bealknap, surtout quand il s’agit de votre intérêt. Mais à la chancellerie, les débats seront impartiaux. Et ne croyez pas que j’aie oublié l’autre affaire qui nous occupe. J’ai fait une petite enquête sur vos liens avec les marchands français. Ils paieraient très cher pour avoir la formule. »
    Ses yeux s’écarquillèrent. « Jamais je ne…
    — J’espère que non parce que, si vous avez trempé dans des affaires relevant de la trahison, Bealknap, vous vous apercevrez qu’à force de jouer avec le feu, on finit par s’y brûler. »
    Pour la première fois, il parut déstabilisé. « Je n’ai pas fait cela. Je vous jure. Tout s’est passé comme je vous l’ai dit.
    — Vraiment ? Eh bien, je le souhaite. »
    Je m’écartai de lui. Il tapota sa robe, reprenant ses esprits, et me jeta un regard venimeux.
    « Vous me paierez les dépens de cette affaire, mon cher confrère, dit-il avec un tremblement passager dans la voix. J’enverrai ma note de frais au Conseil de la Cité…
    — Faites donc. »
    Je lui tournai le dos et rejoignis Barak. Vervey, l’air très mal à l’aise, s’apprêtait à partir.
    « Messire Vervey, je vais transmettre mon avis au Conseil. Sachez que je déplore cette décision. Je soupçonne le juge d’avoir été acheté.
    — Je n’en serais pas autrement surpris, répondit-il. Je connais la réputation de Bealknap. Pouvez-vous nous mander votre avis dès que possible ? Les duplications de cette affaire vont inquiéter le Conseil.
    — Certes. »
    Vervey nous salua et disparut dans la cohue. « Qu’avez-vous dit à Bealknap ? demanda Barak. J’ai cru que vous alliez lui tordre le cou.
    — Je l’ai prévenu que je l’avais toujours à l’œil. Et que j’avais fait ma petite enquête sur ses affaires avec les Français.
    — Bealknap est sans aucun doute le vilain gueux qui est venu voir mon… mon beau-père. » Il laissa tomber le mot avec dégoût.
    Je serrai les lèvres. « Croyez-vous pouvoir en apprendre davantage sur ses façons de fournir de faux témoins à décharge ? Pouvez-vous trouver un adulte qui serait disposé à témoigner ? Ce serait un moyen de faire pression sur lui… »
    Je fus interrompu. Autour de nous, la foule s’agita et, quand je me retournai, je vis Rich s’avancer droit sur moi. Malgré son sourire, il me fixait aussi froidement que tout à l’heure.
    « Mon cher confrère Shardlake et son assistant mal coiffé. » Il s’adressa à Barak. « Vous devriez faire l’effort de vous passer un peigne dans les cheveux, monsieur, avant de venir à une audience. » Barak lui rendit son regard sans ciller.
    Rich se tourna vers moi. « Votre homme est bien impertinent. Vous devriez lui apprendre les bonnes manières. Et peut-être mieux les observer vous-même. »
    Le regard de Rich visait à me décontenancer, mais je tins bon.
    « Pardonnez-moi, sir Richard, mais je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
    — Vous vous mêlez d’affaires qui vous dépassent. Contentez-vous d’aider les fermiers à résoudre leurs différends fonciers.
    — De quelles affaires voulez-vous parler, sir Richard ?
    — Vous m’avez compris. Ne jouez pas au plus fin avec moi. Prenez garde, ou il vous en cuira. » Là-dessus, il tourna les talons et disparut. Il y eut un instant de silence.
    « Il est au courant, dit Barak d’une voix sourde et tendue. Il est au courant, pour le

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