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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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guérit, peut-être nous dira-t-elle pourquoi cette fille l’a si fort troublée. Peut-être nous dira-t-elle aussi tout ce qu’elle nous a tu pendant que nous étions dévorés par l’inquiétude », ajoutai-je avec une amertume soudaine.
    Joseph me regarda, puis dit d’une voix douce : « Il m’arrive aussi d’éprouver de la colère envers elle. »
    Je soupirai. « Mon apothicaire ne devrait pas tarder à arriver.
    — Vous êtes très généreux, messire, reprit Joseph. Combien…
    — Pas maintenant, Joseph. Nous en parlerons plus tard. Barak, vous paraissez épuisé. Vous devriez rentrer.
    — Je préfère rester, dit-il. Je voudrais savoir si le vieux Maure peut la soigner. » C’était étrange, touchant même, de voir l’intérêt qu’il prenait au sort d’Elizabeth. Pourtant, je préférais qu’il ne soit pas là quand Guy arriverait. J’avais emporté le pot d’étain et il était caché au fond d’une des poches de ma robe. « Non, partez, dis-je vivement. Je ne veux pas que vous risquiez d’attraper la fièvre des prisons. J’ai besoin de vous en bonne santé. »
    Il obtempéra de mauvaise grâce et sortit après avoir couvert son crâne chauve du bonnet que je lui avais trouvé. Joseph et moi gardâmes le silence, écoutant le souffle fiévreux d’Elizabeth.
    Guy arriva une heure plus tard. Le geôlier en personne le conduisit jusqu’à nous. Il fixa son visage basané avec des yeux exorbités jusqu’à ce que je lui intime sèchement l’ordre de se retirer. Je présentai Guy à Joseph, qui lui aussi le regarda avec étonnement, bien que Guy fît comme si de rien n’était.
    « Voici donc la malheureuse dont les vicissitudes vous ont si fort inquiété, me dit-il.
    — Oui. » Je lui décrivis la façon dont la fièvre avait commencé. Il contempla Elizabeth un long moment.
    « Je doute qu’il s’agisse de la fièvre des prisons, dit-il. La température serait plus élevée. Je ne sais pas au juste ce qu’elle a. Cela m’aiderait de voir ses urines. A-t-elle un pot de chambre ?
    — Dans la basse-fosse, elle n’avait que la paille pour se soulager. »
    Il secoua la tête. « Alors, je vais lui donner quelque chose pour essayer de calmer sa fièvre, et il serait bon qu’on la lave et qu’on lui ôte cette robe dégoûtante. »
    Joseph rougit. « Monsieur, il ne serait guère convenable que je la voie dévêtue…
    — Je m’en chargerai si vous m’y autorisez. Dans mon métier,un corps nu est un spectacle coutumier. Pourriez-vous acheter une chemise neuve et me l’apporter demain ?
    — Oui, oui, bien entendu. »
    Tandis que nous la regardions, Elizabeth remua, laissant échapper un léger gémissement, puis s’immobilisa de nouveau. Guy secoua la tête. « Quelle détresse et quelle colère exprime son visage, alors même que sa conscience sommeille.
    — Y a-t-il un espoir, monsieur ? demanda Joseph.
    — Je ne sais pas, répondit Guy avec franchise. Il se peut que ce soit l’un de ces cas qui dépendent largement de la volonté de vivre du malade.
    — Alors, elle va mourir, assurément.
    — Nous n’en savons rien, dit Guy doucement. Et maintenant, si vous voulez bien me laisser, je vais la laver. »
    Joseph et moi attendîmes dehors que Guy ait terminé sa tâche. « Je ne peux m’empêcher de lui en vouloir, déclara Joseph. Mais je l’aime toujours, malgré tout ce qu’elle m’a fait subir. »
    Je lui touchai l’épaule. « Cela se voit, Joseph. »
    Enfin, Guy nous rappela. Elizabeth reposait sous la couverture et il avait allumé une lampe où brûlait de l’huile qui répandait une odeur suave dans la pièce. Un linge, noir de crasse, flottait dans le pot à eau.
    Le visage de la jeune fille était propre, pour la première fois depuis que je la connaissais. « Elle est jolie, dis-je. Quelle tristesse qu’elle en soit arrivée là.
    — Jolie ou laide, c’est aussi triste, rétorqua Guy.
    — Quelle est cette odeur ? s’enquit Joseph.
    — Une infusion de citrons. Parfois, lorsque l’âme est en détresse et plongée dans les ténèbres, un environnement cruel ou infect peut l’entraîner plus profond encore dans les ténèbres. C’est pourquoi la lumière, la propreté et une atmosphère douce peuvent contribuer à soulager l’esprit du malade, même à l’atteindre pendant qu’il est inconscient. Du moins, c’est ce que je crois », ajouta-t-il avec modestie. Il nous regarda. « Vous paraissez épuisés l’un et l’autre. Vous devriez aller

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