Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
l’assiette et criai : « Attendez un instant.
    — C’est moi, dit Barak à travers la porte. Je peux entrer ?
    — Je… je n’ai pas fini de m’habiller. Attendez-moi dans votre chambre, je vous rejoins. »
    À mon grand soulagement, je l’entendis s’éloigner. Je humai l’air, mais l’odeur était si faible à présent qu’il n’avait pu la sentir à travers la porte : laissant la fenêtre ouverte, je me glissai hors de ma chambre, que je fermai à clef derrière moi.
    À mon retour de St Bartholomew une demi-heure plus tôt, Barak dormait, et je ne l’avais pas réveillé. À présent, en frappant à sa porte, je me rappelai qu’au cours des conflits qui avaient fait rage parmi des réformateurs pour décider lequel des passages contradictoires de la Bible il fallait suivre, j’avais toujours préféré Obéis à Dieu plutôt qu’aux hommes à Que l’homme soit soumis aux autorités qui gouvernent. Je frémis à l’idée que, si le domestique n’était pas arrivé à cet instant précis, Rich aurait pu s’approprier lefeu grégeois. Mais comment savoir s’il n’en avait pas déjà des quantités ?
    Assis sur son lit, en chemise, Barak regardait d’un œil morose une paire de chausses poussiéreuses. Passant son doigt dans un trou, il dit : « À force de galoper, je les ai usées jusqu’à la corde.
    — Je suis sûr que lord Cromwell vous en paiera d’autres. » La pièce était un vrai capharnaüm. La table et le sol étaient jonchés de vêtements sales et d’assiettes grasses. Je me souvins de l’ordre qui régnait jadis dans cette chambre lorsque Mark, mon ancien assistant, l’occupait.
    Barak roula en boule les chausses déchirées et les jeta dans un coin.
    « Vous avez trouvé ce que vous vouliez à St Bartholomew ?
    — Non. Nous avons exhumé le cercueil, mais il n’y avait rien dedans, à part le squelette de Saint-John. Rich était là, et il m’a demandé ce que je faisais.
    — La peste soit du gueux ! Que lui avez-vous dit ?
    — J’ai eu peur que cela ne tourne mal, mais la convocation de Cromwell est arrivée à point nommé et il est parti précipitamment. »
    Barak soupira. « Encore une piste qui tourne court, alors. On verra ce que le comte va réussir à tirer de Rich. Il nous enverra un message dès l’entretien terminé.
    — Et Marchamount revient demain. Je vais aller le voir à Lincoln’s Inn. »
    Barak hocha la tête, puis leva les yeux vers moi. « Vous sentez-vous en état de retourner au puits ce soir ? Le message du comte n’arrivera pas avant plusieurs heures, peut-être pas avant demain matin. Mon épaule va beaucoup mieux, vous savez. »
    J’étais rompu de fatigue et mon bras me faisait souffrir. Mais j’avais promis, et après tout, à l’origine, c’était pour Elizabeth que j’avais accepté l’autre affaire. Je hochai la tête avec lassitude. « Mangeons un morceau avant d’y aller.
    — Bonne idée. J’ai faim. » Manifestement ragaillardi par son somme, Barak sauta à bas de son lit et passa le premier dans l’escalier. Je le suivis, rongé par le remords de devoir le tromper.
    Joan nous avait préparé un potage qu’elle apporta dans le salon. Barak gratta son crâne rasé. « Peste ! ça me démange. Maintenant, je vais devoir porter un bonnet quand je sortirai. Je ne supporte pas la façon dont les gens me regardent, et avec ce crâne aussi dégarni qu’un cul de poule plumé, j’ai l’air d’une vieille ganache… »
    Il fut interrompu par un coup sonore à la porte. « Ça doit être le message, dit-il en se levant. Diable, ils ont été vite en besogne. »
    Mais c’était Joseph Wentworth, que Joan fit entrer dans le salon quelques instants plus tard. Il paraissait épuisé, ses vêtements étaient poussiéreux et ses cheveux luisaient de sueur. Ses yeux hagards nous fixaient.
    « Que s’est-il passé, Joseph ? demandai-je.
    — J’arrive de Newgate. Elle se meurt, messire. Elizabeth se meurt. » Et, tout grand gaillard qu’il fût, il éclata en sanglots, se couvrant le visage de ses mains.
    Je le fis s’asseoir pour qu’il se calme. Il s’essuya la figure avec un mouchoir sale et froissé, celui-là même dont il s’était servi la première fois qu’il était venu chez moi, et qu’Elizabeth lui avait brodé. Il leva vers moi des yeux désespérés et égarés. À l’évidence, il avait oublié sa colère de l’autre jour devant mon absence de résultats probants.
    « Que s’est-il passé ? répétai-je

Weitere Kostenlose Bücher