Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
la main. Mais, je vous le répète, rien ne sert de nous en prendre l’un à l’autre.
    — En effet, fit-il en se grattant le crâne. Le ton de cette lettre m’inquiète, voilà tout. »
    J’avalai mon petit-déjeuner à la hâte, puis nous empruntâmes la ruelle poussiéreuse pour nous rendre à Lincoln’s Inn. Je regardai le ciel sans nuages et songeai à Joseph et à ses moissons abîmées. Le blé serait rare, et à l’automne commencerait la famine.
    « Hier soir, Elizabeth a repris conscience un instant, dis-je. J’ai parlé du puits et elle a dit “la mort de Dieu”. D’après Guy, cela signifie qu’elle est en proie au désespoir. Et elle a aussi parlé de l’autre prisonnière et de “ce petit criminel”.
    — Son jeune cousin ou le frère de la petite folle ?
    — Je ne sais pas. » Je le regardai. « Mais ce soir, il nous faut retourner à Walbrook sans plus surseoir. »
    Il approuva. « Je veux moi aussi savoir le fin mot de cette histoire. Cette malheureuse me rappelle l’état où je me trouvaislorsque j’étais à la rue, brûlant de rage contre ma mère qui avait épousé ce complice de Bealknap. » Il eut un rire sans joie. « La rue, j’y retournerai peut-être si je perds la faveur du comte.
    — Il nous reste encore du temps », dis-je.
    J’espérais trouver Marchamount et que, quel qu’il soit, le secret que lady Honor ne m’avait pas dévoilé n’était pas compromettant. Quand nous entrâmes dans la cour de Lincoln’s Inn, je vis que l’office venait de se terminer à la chapelle et que les avocats en sortaient. Dans la foule, j’avisai Marchamount qui retournait à son cabinet.
    « Je peux venir avec vous ? » demanda Barak.
    J’hésitai. Et si Marchamount me disait quelque chose qui m’orientait vers la réserve de feu grégeois des Gristwood ? Toutefois, je ne pouvais pas tenir à nouveau Barak à l’écart. J’opinai, me demandant si Guy était en ce moment même en train d’analyser l’effroyable substance.
    Nous rattrapâmes Marchamount devant son cabinet.
    « Mon cher confrère ! s’exclama-t-il en se retournant. En voilà une surprise. » Il sourit, découvrant un bref instant ses dents blanches. « Que vous est-il arrivé vendredi ? Le courage vous a donc manqué pour assister au combat d’ours ? Qui est-ce ? demanda-t-il en regardant fixement Barak.
    — Un agent du comte Cromwell. Il m’assiste dans l’affaire du feu grégeois. »
    Barak ôta son bonnet et s’inclina légèrement. Les yeux de Marchamount s’écarquillèrent à la vue du crâne chauve, puis il fronça des sourcils, irrité.
    « Je vous ai dit tout ce que je savais. Combien de fois…
    — Autant que je l’estimerai nécessaire, messire sergent », coupai-je. Avec lui, mieux valait ne pas prendre de gants et aller droit au but. « Pouvons-nous entrer ? »
    Il pinça les lèvres, mais nous laissa le suivre dans son appartement privé, où il s’assit dans son imposant fauteuil et nous toisa d’un regard hautain. Je me penchai vers lui.
    « Dans le bateau qui allait à Southwark, messire sergent, nous avons évoqué les vives instances du duc de Norfolk auprès de vous afin d’obtenir quelque chose de lady Honor. Vous avez confirmé qu’il convoitait une partie des terres des Vaughan et espérait les obtenir en retour de la faveur qu’il ferait à lady Honor en permettant au jeune Henry Vaughan de se faire accepter à la cour du roi. »
    Marchamount resta parfaitement immobile. Je vis aussitôt que j’avais visé juste.
    « Je vous ai trouvé fort évasif et, pendant ma promenade avec lady Honor, je l’ai interrogée sur le sujet…
    — Monsieur, vous n’aviez pas le droit ! Un gentleman ne pose pas…
    — Lady Honor m’a appris qu’en effet le comte insistait pour obtenir des terres, mais que ce n’était pas là son ultime propos. Elle a refusé de me dire ce qu’il attendait au juste, mais j’ai besoin de le savoir. »
    Il eut un sourire matois. « Et c’est pour cela que vous venez me voir, afin d’éviter que Cromwell ne la presse à son tour ?
    — Peu importe. Je veux toute l’histoire, Marchamount. Ni fanfaronnades, ni faux-fuyants, seulement l’histoire.
    — Cela n’a aucun rapport avec le feu grégeois.
    — Alors pourquoi tous ces secrets ?
    — Parce qu’il s’agit d’une chose inconvenante. J’avais un certain sentiment pour lady Honor. Un tendre sentiment, vous le savez. » Il soupira. « Elle n’a pas voulu de moi et j’avais scrupule à

Weitere Kostenlose Bücher