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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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en prison. Vous avez la fièvre. Je m’appelle Guy Malton, je suis apothicaire. Votre bon oncle et messire Shardlake vous ont fait transporter ici. »
    Je me penchai sur son visage. Elle avait les paupières lourdes de fièvre, mais semblait tout à fait consciente. Sachant que l’occasion ne se représenterait peut-être jamais, je lui dis lentement : « Nous essayons toujours de découvrir la vérité, Elizabeth, nous essayons de vous sauver. Je sais qu’il y a quelque chose dans le puits de votre oncle… »
    Elle parut rentrer en elle-même. « La mort de Dieu, souffla-t-elle. La mort de Dieu.
    — Quoi ? » demandai-je. Mais ses yeux se refermèrent. Je voulus la secouer, Guy retint mon bras.
    « N’ajoutez pas à sa détresse.
    — Mais… mais qu’a-t-elle voulu dire ? La mort de Dieu ? Mordieu est un juron commun, pourtant…
    — La mort de Dieu, c’est le désespoir, dit Guy. Quand j’étais moine, il arrivait qu’un de mes frères perde la foi et succombe à la détresse. En général, ceux à qui cela arrivait revenaient à la foi, mais avant cela… ils avaient le sentiment que Dieu était mort, dit-il en secouant la tête.
    — Le puits, marmonna Elizabeth. Le puits. » Puis elle retomba sur ses oreillers et sombra de nouveau dans l’inconscience.

36
    J e partis peu après , si épuisé que le court trajet à cheval pour rentrer chez moi dans l’obscurité me parut une éternité, et je dus même me pincer pour m’empêcher de m’endormir et de tomber de ma selle. Guy parviendrait-il à découvrir la composition du feu grégeois ? Ils étaient si nombreux, ceux qui étaient morts pour préserver ce secret.
    Quand j’arrivai, il était plus de deux heures du matin. Barak s’était couché. Je grimpai tant bien que mal l’escalier et me jetai sur mon lit tout habillé. Je m’endormis aussitôt, mais mon sommeil fut troublé par un cauchemar. Je rêvai que j’étais de nouveau au tribunal devant Forbizer et que je le regardais condamner froidement à mort une succession de prisonniers. Pourtant, les visages de ceux-ci étaient ceux de personnes déjà mortes : Sepultus et Michael Gristwood, Bathsheba et son frère, le garde et un inconnu en tablier de cuir qui devait être le fondeur, je le savais. Dans mon rêve, je sortais de ma poche le pot de feu grégeois, le soulevais et le laissais tomber par terre. Aussitôt s’en échappait une nappe de flammes ronflantes qui engloutissaient tout le monde, les prisonniers, les spectateurs et le juge. Forbizer levait les bras en hurlant tandis que sa barbe s’enflammait en crépitant. J’étais assis au milieu des flammes qui, pendant un moment, ne me touchèrent pas ; mais le feu parut se ressaisir et, se précipitant vers moi, m’engloutit aussi. Je sentis sa chaleur cuisante sur mon visage, criai et m’éveillai en sursaut en pleine lumière. C’était le matin, le soleil me chauffait le visage et les cloches des cent églises de Londres carillonnaient au loin, invitant à la prière les habitants de la Cité. Dimanche six juin. Plus que quatre jours.
    J’étais ankylosé et dolent. Tout en m’habillant lentement, je me promis qu’après la fin de cette affaire je quitterais Londres. Mes clients semblaient en avoir assez de moi et j’avais juste assez d’argent, si je savais le ménager, pour mener une vie tranquille à la campagne. Encore sous le coup de mon cauchemar, je descendis l’escalier et trouvai Barak assis devant la table du salon. Il contemplait une lettre d’un œil morose.
    « C’est de Cromwell ? demandai-je en prenant un siège.
    — Oui, elle vient de Hampton Court. Il doit y être allé, mandé par le roi. Vous pouvez la lire. » Il poussa la feuille vers moi.
    J’ai parlé à Rich. Vous vous êtes trompés de gibier. Ses projets avec ce coquin de Bealknap n’ont aucun rapport avec le feu grégeois. Continuez vos recherches, si vaines qu’elles soient, je vous verrai demain à Whitehall en rentrant à Londres.
    Je reposai la lettre sur la table. « Il n’est pas content de nous.
    — Non. Que diable Rich et Bealknap peuvent-ils bien manigancer ?
    — Dieu seul le sait. Nous l’apprendrons demain. Aujourd’hui, il nous faut nous occuper de Marchamount.
    — Et sans tarder. Je ne vous ai pas réveillé car je me suis dit que, vous ne seriez bon à rien, mais la moitié de la matinée est déjà passée. Il ne nous reste que quatre jours.
    — Comme si je ne le savais pas, dis-je d’un ton sec. Puis je levai

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