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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de la maison sinistre, je clignai des paupières, ébloui par le soleil de l’après-midi.
    « Qu’avait-elle à dire, cette vieille pisse-vinaigre ? demanda Barak en détachant les chevaux.
    — Elle m’en a dit davantage quand vous n’avez plus été là à la tarabuster. D’après elle, Michael voyait une dénommée Bathsheba Green, une des filles de la Mitre, à Southwark.
    — Je connais la Mitre. C’est un lieu assez malfamé. J’aurais cru qu’un commis des Augmentations pouvait s’offrir quelque chose de plus raffiné. »
    Après avoir enfourché ma monture, j’ajustai ma toque de façon à protéger mon cou du soleil.
    « J’ai posé à Susan quelques questions sur la famille, dit Barak tandis que nous nous éloignions. Dame Gristwood essayait de faire la loi, mais son mari et son beau-frère ne lui prêtaient aucune attention, à ce qu’il paraît. Ils s’entendaient comme larrons en foire. D’après elle, ils cherchaient à faire fortune au plus vite.
    — Et elle était au courant des frasques de son maître à Southwark ?
    — Oui. Elle dit que sa maîtresse en a été aigrie. Mais ça n’a rien d’étonnant, une vilaine chouette comme elle !
    — Elle se trouve bien démunie à présent. »
    Barak grogna. « Gristwood l’a sans doute épousée pour son argent quand elle avait près de trente ans. Il y a eu un scandale de son côté à elle, mais Susan n’a pas su me dire de quoi il s’agissait au juste. »
    Je me tournai vers lui : « Pourquoi vous déplaît-elle autant ? »
    Il eut un rire aussi amer que celui de Jane Gristwood. « Elle me rappelle ma mère, si vous voulez tout savoir. Cette façon qu’elle a eu d’essayer de vous tirer les vers du nez au sujet de la maisondès que nous avons passé la porte, alors que son mari était là-haut, baignant dans son sang. Ma mère était comme ça. Elle a épousé notre locataire moins d’un mois après la mort de mon père. C’est pour cette raison que j’ai quitté la maison.
    — Une pauvre veuve doit se préoccuper de son avenir, non ?
    — Ne vous inquiétez pas pour ces femmes-là. »
    Il fit avancer son cheval de façon à me dépasser, mettant ainsi fin à la conversation, et nous poursuivîmes notre chemin sans piper mot. Je me passai à maintes reprises la main sur le front afin d’essuyer la sueur qui me tombait dans les yeux. Je n’étais pas habitué à sillonner Londres ainsi. La chaleur cuisait les ordures jetées à même la rue, qui exhalaient leurs humeurs mauvaises. Sous mon pourpoint, je ruisselais et mes chausses collaient à la selle de Chancery, qui avait du mal à suivre la jument de Barak. Pour mon vieux cheval aussi, ces allées et venues étaient une épreuve. Je résolus que, dorénavant, nous emprunterions la Tamise chaque fois que ce serait possible. Barak et son cheval ne souffraient pas — ils avaient dix ans de moins que Chancery et moi.
    Lorsque nous rentrâmes à la maison, le soleil était bas. Je demandai à Joan de nous préparer à manger et m’installai au salon, où je me laissai tomber avec soulagement dans mon fauteuil. Barak rassembla quelques coussins et s’étala sur le sol sans nul souci d’élégance.
    « Alors, où en sommes-nous maintenant ? La journée est presque finie. Il ne nous en reste plus que dix.
    — Jusqu’à présent, nous avons plus de nouvelles pistes que de réponses. Mais cela n’a rien d’étonnant au début d’une enquête aussi complexe que celle-ci. Il nous faut aller voir cette fille. Et je persiste à penser que dame Gristwood ne nous a pas tout dit. Votre homme, Smith, reste-t-il là-bas ?
    — Oui, jusqu’à nouvel ordre de ma part. » Il sortit son orange et se remit à la sucer bruyamment. « Je vous l’avais bien dit, que c’était une vilaine chouette.
    — Elle n’a pas tout dit sur cet appareil. Je ne pense pas qu’il soit dans la maison.
    — Alors, où l’ont-ils mis ?
    — Je ne sais pas. Dans quelque entrepôt ? Mais je n’ai vu dans les papiers aucune allusion à une autre propriété.
    — Vous avez cherché ?
    — Oui. »
    Je sortis de ma poche le flacon et le tendis avec précaution à Barak. « Il y avait une petite flaque de ce liquide par terre. Incolore, inodore, mais si vous en goûtez, ça vous arrache la bouche comme un coup de pied de mule. »
    Il le renifla prudemment, puis l’effleura de sa langue et grimaça, comme moi. « Seigneur Dieu ! Vous avez raison ! Mais ce n’est pas du feu grégeois. Je vous l’ai dit :

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