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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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ça empestait. »
    Je repris le flacon, le rebouchai et le secouai doucement, regardant le liquide incolore tournoyer à l’intérieur. « Je veux montrer ça à Guy.
    — Pourvu que vous en disiez le moins possible.
    — Morbleu ! combien de fois faudra-t-il vous répéter que je serai discret ?
    — Je vous accompagne.
    — À votre aise.
    — Qu’avez-vous appris au juste des deux avocats ?
    — Marchamount et Bealknap affirment tous deux n’avoir été que des truchements. Je ne suis pas sûr que Bealknap dise vrai. Il a partie liée avec Richard Rich, mais j’ignore si cela concerne le feu grégeois. Par ailleurs, il traite avec des marchands étrangers qu’il prétend représenter dans leurs transactions avec les Douanes. J’ai vu certains papiers à ce propos sur son bureau. Le comte a accès aux registres de commerce. Peut-il faire vérifier cela par l’un de ses agents ? Je n’ai pas assez de temps moi-même.
    — Je lui enverrai une note à ce sujet, répondit Barak. J’ai essayé de me souvenir de l’occasion où j’avais vu ce gueux de Bealknap, mais cela ne m’est pas revenu. En tout cas, c’était il y a longtemps. »
    On frappa à la porte et Joan entra avec un cruchon de bière et des chopes sur un plateau. En voyant la poussière qui couvrait nos vêtements, elle fit claquer sa langue et je lui demandai de nous préparer des tenues de rechange en haut. Mon dos douloureux m’arracha une grimace lorsque je me penchai pour verser la bière.
    « Vous présumez de vos forces, monsieur, me dit-elle.
    — Cela ira mieux lorsque je me serai reposé. »
    Elle nous laissa et nous bûmes de bonnes lampées de bière fraîche.
    « Le duc de Norfolk paraissait bien sûr de lui aujourd’hui, dis-je. Il cherchait noise aux partisans de la Réforme. L’un de mes amis, qui lui a répondu vertement, risque des ennuis.
    — Je croyais tous les avocats partisans de la Réforme…
    — Pas tous. Mais si Cromwell tombe, ils iront dans le sens du vent, comme toutes les autres girouettes de Londres.
    — Nous avons si peu de temps, dit Barak. Êtes-vous sûr qu’il est nécessaire d’aller voir ce bibliothécaire à St Bartholomew demain ? Vous devez l’interroger, j’en conviens, mais pourquoi ne pas le voir dans son église ?
    — Non, il faut que je remonte au point de départ de tout ceci. Demain, nous irons à St Bartholomew, puis chez Guy, et ensuite au bordel. Et j’ai aussi une entrevue avec les Wentworth, ne l’oubliez pas.
    — Dix jours ! lança-t-il en secouant la tête.
    — Barak, je suis peut-être un mélancolique, mais vous, vous avez toutes les caractéristiques du sanguin. Si je vous laissais faire, vous agiriez avec trop de précipitation.
    — Nous devons en finir avec cette affaire. Et n’oubliez pas qu’hier nous avons été suivis, ajouta-t-il d’un air sombre. Nous sommes peut-être en danger nous aussi.
    — Je ne le sais que trop, répondis-je en me levant. Et maintenant, je vais examiner à nouveau ces vieux documents. »
    Je le quittai et montai dans ma chambre. Oui, j’avais eu peur en allant seul à Lincoln’s Inn. Je devais reconnaître que, lorsque je sortais, je me sentais plus rassuré en compagnie de Barak, qui évoluait dans les rues comme un poisson dans l’eau. Mais j’aurais préféré ne pas éprouver ce besoin.

14
    L e lendemain matin , 31 mai , il faisait plus chaud que jamais. Encore une fois, nous partîmes de bonne heure, à cheval : St Bartholomew étant au nord, nous ne pouvions emprunter le fleuve. Le soleil, encore bas dans le ciel, teintait en rose vif un banc de nuages légers à l’horizon. Barak était sorti le soir précédent. Je dormais quand il était rentré. Au petit-déjeuner, il avait paru d’humeur maussade : peut-être avait-il la gueule de bois, ou la fille l’avait-elle envoyé promener, blessant sa vanité. Le repas terminé, j’avais mis dans ma sacoche de cuir râpé, cadeau de mon père lorsque je m’étais installé à Londres, deux vieux ouvrages d’alchimie que je voulais montrer à Guy le moment venu.
    La Cité revenait à la vie après le repos dominical. Les commerçants se préparaient à la nouvelle semaine, faisant claquer volets et étagères, chassant les mendiants de leurs pas de porte à grand renfort d’insultes. Ceux-ci retournaient en titubant dans la rue, le visage brûlé par le soleil auquel ils étaient constamment exposés. Une petite miséreuse buta contra Chancery.
    « Eh là, attention !

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