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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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hurlèrent des ordres dont les inflexions gutturales se confondirent avec les abois des chiens. Ces derniersgrattaient le sol de leurs pattes, fouissant la terre de leur gueule barbouillée de bave. Ils cherchaient l’odeur de l’homme. Mais Loïc avait pris soin d’emballer ses rares vêtements dans un sac qu’il avait arrimé à son dos comme une seconde bosse avant de recouvrir l’intérieur et les alentours de sa loge de cendres. Dépités, les chiens se mirent à couiner en tournant en rond, privés du plaisir de la chasse. Les voyant ainsi désarmés, les soldats allemands crièrent plus fort encore, avant d’abattre à coups de bottes le frêle abri de bois du charbonnier. Puis ils boutèrent le feu à ces fagots brisés, trouvant dans cette modeste revanche un moyen de compenser leur frustration de n’avoir pu mettre la main sur leur proie. Ils attendirent que la hutte ne soit plus qu’un amas informe de cendres fumantes pour quitter les lieux, suivis de leurs chiens.
    Loïc ne bougea pas tout de suite. Il attendit au moins une heure afin d’être sûr de ne pas tomber sur les Allemands. Il ne retourna pas à l’endroit où achevait de brûler l’humble cabane qui représentait le seul logis qu’il eût jamais eu. Se glissant hors du fourré, il s’enfonça dans la forêt.
    Il ne reviendrait plus ici. Mais le chemin du village lui était également interdit. Il n’avait plus qu’à tenter de survivre dans les bois en braconnant et en se nourrissant de racines, jusqu’à ce qu’on finisse par le prendre au piège comme la bête sauvage qu’il était.
    Il existait une autre solution, cependant.
    S’en remettre à la seule personne qui pouvait encore le prendre en pitié et le protéger.
    Gwenn.

32
    Yann venait d’accomplir sa tournée d’inspection quotidienne dans la forêt. Vêtu de sa vareuse à boutons et coiffé de son képi, chaussé de bottes avec lesquelles il pataugeait dans les mares, armé d’un bâton dont il battait les fourrés pour se frayer un chemin dans l’obscur des bois, il revenait dans sa cabane pour y prendre sa collation lorsqu’il constata qu’il avait de la visite.
    Gwenn était assise sur le banc qui flanquait l’habitation. Mais elle n’était pas seule. Loïc se tenait à ses côtés, recroquevillé sur lui-même, comme écrasé par le poids de sa propre bosse. La jeune fille lui parlait à voix basse, cherchant à le rassurer, mais le charbonnier n’arrêtait pas de jeter des regards éperdus autour de lui, tel un animal traqué. Dès qu’il entendit le pas du garde forestier, il se figea, les yeux hagards, la bouche ouverte, manifestant tous les signes de la frayeur la plus extrême.
    Gwenn leva la tête à son tour et fit signe à Yann d’approcher.
    – Loïc est recherché par les Allemands, dit-elle simplement. Ils ont placardé des affiches dans tout le village et ils ont détruit son abri. Les villageois le soupçonnent d’être responsable de la mort d’Annaïg.
    Yann fronça les sourcils et caressa sa barbe d’un air pensif.
    – Cela fait beaucoup pour un seul homme, reconnut-il d’un ton grave.
    – Il faut l’aider, Yann, insista Gwenn.
    Le garde forestier observa un instant le bossu avant de répondre.
    – Nous n’allons pas te laisser tomber, mon garçon. Mais je dois dire que tu joues vraiment de malchance. Je me demande bien comment nous allons te sortir de là…
    Le charbonnier était incapable d’articuler un son. Il faisait des efforts pour ne pas céder à la panique et s’enfuir dans les bois. Où serait-il allé ? Malgré son angoisse, il faisait confiance à Gwenn et se sentait rassuré par la voix chaleureuse de Yann.
    – Il peut rester ici, avec nous, suggéra Gwenn.
    Yann continuait à se masser le menton.
    – Crois bien que je n’y verrais aucun inconvénient, si nous vivions dans une époque normale, Gwenn. L’hospitalité est un devoir, et prendre la défense de ceux qui subissent des injustices en est un autre tout aussi sacré.
    Il poussa un profond soupir, avant de reprendre :
    – Mais les temps sont devenus fous. Si les Allemands ont trouvé aussi facilement le lieu où Loïc tenait ses fouées , ils ratisseront la forêt pouce par pouce. Et l’un des premiers endroits où ils auront l’idée de venir, c’est dans la maison du garde forestier…
    – Et alors ? Je n’ai pas peur d’eux ! rétorqua la jeune fille d’un ton crâne.
    Yann ne put s’empêcher de sourire.
    – J’en suis

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