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Les Mains du miracle

Les Mains du miracle

Titel: Les Mains du miracle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joseph Kessel
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de l’Ukraine, ce n’était même
plus à Hochwald, aux confins de la Prusse, que Himmler avait maintenant son
Q.G. de l’Est. Mais à Hochen Luchen, dans la province de Berlin, et seulement à
vingt-cinq kilomètres de Hartzwalde.
    Le Reichsführer avait occupé pour
ses services un sanatorium de soldats S.S. Il y habitait lui-même une chambre
au ripolin terni, nue et lugubre, une chambre pour malades militaires.
    Kersten l’y trouva souffrant
beaucoup, mais incapable encore de croire à la défaite. Son fanatisme le
soutenait envers et contre tout. Du moins, il s’en donnait l’apparence et cette
attitude même l’aidait à se duper.
    — Rien n’est perdu,
s’écria-t-il, dès qu’il vit le docteur. Il nous reste des armes secrètes. Le
monde a été stupéfait par nos V 2. Ce n’est encore que jeux d’enfants.
Vous le verrez, vous le verrez : les dernières bombes de cette guerre
seront des bombes allemandes.
    Himmler avait souvent proféré de
telles menaces et chaque fois Kersten s’était senti angoissé. Dans les
laboratoires secrets on préparait, il le savait, des moyens diaboliques de
destruction. Mais, à présent, il n’en avait plus peur. Il était trop tard.
    L’excitation nerveuse qui s’était
emparée de Himmler au moment où il appelait hystériquement une impossible
victoire n’avait fait que redoubler ses maux. Il s’affala sur son lit
métallique, le visage creux, les pommettes saillantes et couvert de sueur.
Kersten se mit à le soigner.
    Quand il eut apaisé les souffrances
les plus aiguës, il demanda :
    — Est-il vrai que vous avez
reçu l’ordre de faire sauter les camps de concentration à l’approche des
Alliés ?
    — C’est vrai, dit Himmler. Mais
d’où le savez-vous ?
    — Des Suédois, dit Kersten.
    — Ah ! Ils sont déjà au
courant, là-bas, dit Himmler. Peu importe ! Nous le ferons tout de même.
Si nous perdons la guerre, nos ennemis doivent mourir avec nous.
    — Les grands Allemands des
grands siècles passés n’auraient pas agi de la sorte, dit Kersten. Et vous êtes
le plus grand chef aujourd’hui de sang germanique. Vous êtes plus puissant que
Hitler maintenant. Votre pays s’effondre. Les armées sont débordées de toutes
parts. Les généraux ne peuvent plus rien. Vous êtes le seul à posséder la seule
force disponible, la police, les S.S.
    Himmler ne répondit rien. Il savait
que ce que disait Kersten était vrai. Mais comme il n’était habitué qu’à obéir,
la pensée d’avoir à prendre la responsabilité entière du commandement lui
donnait une angoisse insupportable.
    — Soyez donc généreux !
reprit Kersten.
    — Et qui me remerciera ?
s’écria Himmler avec violence. Personne.
    — L’Histoire, dit Kersten. Vous
aurez la gloire d’avoir sauvé huit cent mille hommes.
    Himmler, sans répondre, haussa les
épaules – il avait pour l’instant à s’occuper d’affaires plus importantes.
    Kersten n’insista point. Mais afin
de ne pas rester sur un échec, il aborda, parmi les trois missions qui lui
avaient été confiées, celle où il était le plus sûr d’avoir Himmler pour allié.
Elle consistait à obtenir que Kaltenbrunner cessât de retarder indéfiniment et
en sous-main le convoi de Bernadotte. En effet, quand Himmler sut que l’on
désobéissait à ses instructions, il fut pris de fureur contre le chef de la
Gestapo et lui donna les ordres les plus stricts et les plus menaçants pour
qu’il tînt ses services à l’entière disposition du gouvernement de Stockholm.
    La question la plus facile ayant été
réglée, Kersten revint, dès le jour suivant, au dynamitage des camps de
concentration. Himmler refusa à nouveau, et d’une façon absolue, de sauver la
vie des huit cent mille internés.
    Alors recommença la lutte qu’il est
inutile de décrire une fois de plus au moment où est près de s’achever le drame
dont elle a été l’instrument essentiel et constant. Il faut ajouter toutefois
que, depuis le temps où Kersten avait commencé de traiter le Reichsführer, le
rapport des forces avait complètement changé.
    Himmler ne représentait plus qu’un
régime condamné, moribond. Le seul pouvoir qui lui restait était d’entraîner
des innocents dans le gouffre où allaient s’abîmer Hitler et ses rêves de fou.
Pour neutraliser, pour maîtriser cette suprême et monstrueuse vengeance,
Kersten, à présent, n’avait plus pour seul moyen son art de guérisseur.
    Il disposait

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