Les Mains du miracle
Tchécoslovaquie.
1-9-1939
Hitler attaque
la Pologne.
3-9-1939
L’Angleterre et
la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
10-5-1940
Invasion de la
Belgique et de la Hollande.
22-6-1940
Défaite de la
France. Le maréchal Pétain signe l’armistice.
6-4-1941
Invasion de la
Yougoslavie.
22-6-1941
Hitler attaque
la Russie.
11-12-1941
Les États-Unis
entrent en guerre contre l’Allemagne.
Août 1942
Les armées de
Hitler arrivent jusqu’à Stalingrad.
8-11-1942
Les Alliés
débarquent en Afrique du Nord
31-1-1943
Capitulation
allemande à Stalingrad.
10-7-1943
Les Alliés
débarquent en Sicile.
6-6-1944
Débarquement
allié en Normandie.
29-4-1945
Hitler se
suicide.
23-5-1945
Himmler se
suicide.
PROLOGUE
Himmler s’est suicidé près de Brème,
en mai 1945, au cours de ce printemps où l’Europe ravagée, suppliciée, connut
enfin la délivrance.
Si l’on compte seulement les années,
cette époque est encore proche de nous. Mais tant d’événements, depuis, se sont
accumulés, et si graves, qu’elle semble déjà très lointaine. Déjà, toute une
génération est là, pour qui les temps maudits ne sont que souvenirs vagues et
brouillés. Et, au vrai, même pour ceux qui ont subi en pleine conscience, en
pleine souffrance, la guerre et l’occupation, il devient difficile, sans un
grand effort intérieur, de ressusciter, dans toute son étendue, le terrible
pouvoir dont Himmler disposait alors.
Qu’on y songe…
Les armées allemandes occupaient la
France, la Belgique et la Hollande, le Danemark et la Norvège, la Yougoslavie,
la Pologne et la moitié de la Russie d’Europe. Et Himmler avait, dans ces
contrées (sans compter l’Allemagne elle-même, l’Autriche, la Hongrie et la
Tchécoslovaquie), une autorité absolue sur la Gestapo, les formations S.S., les
camps de concentration et jusque sur la nourriture des peuples captifs.
Il possédait sa police et son armée
personnelles, ses services d’espionnage et de contre-espionnage, ses prisons
tentaculaires, ses organismes d’affameurs, ses immenses terrains privilégiés de
chasse et d’hécatombe. Il avait pour fonction de surveiller, traquer, museler, arrêter,
torturer, exécuter des millions et des millions d’hommes.
De l’Océan Glacial à la
Méditerranée, de l’Atlantique jusqu’à la Volga et au Caucase, ils étaient à sa
merci.
Himmler, c’était un État dans
l’État : celui de la délation, de l’inquisition, de la géhenne, de la mort
indéfiniment multipliée.
Au-dessus de lui n’existait qu’un
chef : Adolf Hitler. De lui, Himmler acceptait les besognes les plus
basses, les plus odieuses, les plus aberrantes, aveuglément, joyeusement,
dévotement. Car il vénérait, adorait Hitler au-delà de toute mesure. C’était
son unique passion.
Pour le reste, à l’ancien
instituteur terne, chétif, dogmatique, méthodique à l’extrême, on ne
connaissait pas un sentiment vif, un désir ardent, une faiblesse. Il suffisait
à son bonheur d’être le technicien sans rival en exterminations massives, le
plus grand usinier de tourments et de morts en série que l’histoire ait connu.
Or, il s’est trouvé un homme qui,
durant les années maudites de 1940 à 1945, semaine par semaine, mois par mois,
a su arracher des victimes au bourreau insensible et fanatique. Cet homme a
obtenu de Himmler le tout-puissant, de Himmler l’impitoyable, que des
populations entières échappent à l’épouvante de la déportation. Il a empêché
que les fours crématoires reçoivent toute la ration de cadavres qui leur était
promise. Et seul, désarmé, à demi captif, cet homme a forcé Himmler à ruser, à
tricher avec Adolf Hitler, à duper son maître, à trahir son dieu.
De cette aventure, j’ignorais tout,
il y a quelques mois encore. C’est Henry Torrès qui, le premier, m’en raconta
les grandes lignes. Il ajouta que l’un de ses amis, M e Jean
Louviche, connaissait bien Kersten et nous proposait une rencontre avec lui.
J’acceptai naturellement.
Mais, je l’avoue, malgré la caution
du plus grand avocat de ce temps et celle d’un juriste international
remarquable, l’histoire me laissait plus que sceptique. Elle était incroyable,
insensée.
Elle le sembla davantage encore,
quand je me trouvai en présence d’un homme très gros, au maintien paisible, aux
yeux très doux, à la bouche débonnaire et gourmande : le docteur Félix
Kersten.
« Allons donc ! me dis-je.
Allons donc !
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