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Les Mains du miracle

Les Mains du miracle

Titel: Les Mains du miracle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joseph Kessel
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pas
vrai ? Et vous êtes chargé de l’appliquer.
    Himmler baissa la tête.
    — Ainsi, reprit Kersten, il n’y
a qu’une alternative : l’extra-territorialité ou la potence.
    Deux jours plus tard, Himmler remit
à Kersten un document officiel signé par lui-même et par le ministre des
Affaires étrangères du III e  Reich. Il accordait à Hartzwalde le
statut qui, désormais, rendait le domaine inviolable [13] .
     

9
    À la fin de ce même mois de
janvier 1944, Himmler eut à se rendre en Hollande et, comme il
recommençait à souffrir de crampes du sympathique, il demanda à Kersten de
l’accompagner.
    Le docteur fit le trajet dans
l’avion personnel du Reichsführer où se trouvait également le général Berger,
chef des Waffen S.S.
    Ce voyage donna une grande joie à
Kersten qui, pendant trois années, n’avait pas revu le pays qu’il aimait le
plus au inonde. Mais, ainsi qu’il en avait été pour son premier séjour à La
Haye, la tristesse et l’amertume gâchèrent aussitôt ce bonheur.
    Et d’abord, comme il avait dû
liquider sa maison, le docteur fut obligé d’accepter la chambre qu’on lui donna
dans la maison des hôtes des S.S., située, par une dérision du sort, juste
derrière le Palais de la Paix. Ensuite, le jour même de son arrivée, les amis
qu’il rencontra lui firent un tableau effroyable de l’existence aux Pays-Bas.
Chaque année la misère avait fait plus de ravages, la terreur plus de victimes.
La Gestapo régnait sans contrôle. Arrestations, exécutions, disparitions se
multipliaient. Il n’y avait plus de sécurité pour personne, nulle part. Parmi
les amis de Kersten, beaucoup vivaient clandestinement, sous de fausses
identités. Et plus dangereux encore que les policiers allemands étaient les
Hollandais à leur service.
    Écoutant ces nouvelles, Kersten se
souvenait des propos de Himmler :
    « En Hollande, lui avait dit le
Reichsführer, j’ai besoin seulement de trois mille hommes pour tout diriger et
d’un peu de nourriture et d’argent pour les distribuer aux informateurs. Grâce
à eux, la Gestapo sait tout. Dans chaque groupe de résistance, j’ai des espions
qui appartiennent au pays même. En France, en Belgique, c’est la même
chose. »
    Et Kersten se sentait pleinement
d’accord avec ses amis, quand ils l’incitaient à une prudence extrême.
    Le lendemain de leur arrivée,
Kersten vint soigner Himmler dans un château bâti au milieu d’un grand parc,
Seyss-Inquart, le Gauleiter de Hollande, l’avait réquisitionné pour le séjour
du Reichsführer à Klingendal, aux environs immédiats de La Haye. Himmler dit au
docteur ;
    — J’ai reçu une invitation pour
un dîner de gala que donne ce soir, en mon honneur, Mussert, le chef du parti
national-socialiste hollandais. Il me présentera l’élite de son groupe. Venez
aussi, cher Kersten. Ce sera très bien, Mussert vient justement de s’installer
dans une nouvelle maison de grand luxe.
    Himmler tendit la main vers une
carte d’invitation richement imprimée, jetée sur un guéridon qui se trouvait
près du lit où il était couché, et précisa :
    — La maison Thurkow.
    Le docteur continua de travailler
les faisceaux nerveux du Reichsführer comme si le nom qu’il venait d’entendre
ne signifiait rien pour lui.
    Il répondit toutefois :
    — Pourquoi irais-je avec
vous ? Le propriétaire ne m’a pas invité.
    — Partout où je vais, dit
Himmler, vous pouvez aller.
    — Non, excusez-moi, dit
Kersten. Il m’est impossible de vous accompagner dans cette maison. Elle
n’appartient pas à Mussert, mais à Thurkow, qui est de mes amis les plus chers,
chassé maintenant de son foyer.
    — Je n’en savais rien, dit
Himmler, mais si Mussert l’a fait c’est qu’il a de bonnes raisons.
    Le traitement était à peine achevé
que Seyss-Inquart demanda à présenter ses respects au Reichsführer.
    C’était la première fois qu’il
recevait son maître en Hollande. Il le fit avec servilité. Ensuite, il lui
nomma tous les gens qui devaient assister au dîner organisé par Mussert.
    — À qui appartient la maison où
se tient la réception ? demanda Himmler. Est-ce une propriété du
parti ?
    — Pas encore, Reichsführer, dit
Seyss-Inquart, mais elle le sera bientôt. Elle est à un homme suspect, partisan
du prétendu gouvernement hollandais, émigré à Londres. Les renseignements sur
lui sont plus mauvais de jour en jour. On l’arrêtera demain avec

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