Les mannequins nus
dans le camp de Birkenau. Les autres étaient d’abord dirigés sur les installations provisoires et transportés ensuite dans les fours crématoires construits depuis peu.
L’AVOCAT : Vous m’avez dit l’autre jour au cours d’un interrogatoire que soixante hommes étaient désignés pour recevoir ces convois et qu’eux aussi étaient tenus de ne rien divulguer. Le maintenez-vous aujourd’hui ?
HOESS : Oui. Ces soixante hommes se tenaient toujours prêts à emmener les détenus inaptes au travail jusqu’aux installations provisoires et ensuite dans les autres. Ce groupe composé de dix chefs et sous-chefs de même que le personnel médical avait reçu l’ordre écrit et verbal de garder le silence absolu sur tout ce qui se passait dans les camps.
L’AVOCAT : En assistant à l’arrivée de ces convois, un étranger aurait-il pu déceler à certains indices que des êtres humains allaient être détruits ou cette éventualité était-elle réduite du fait qu’Auschwitz recevait de nombreux arrivages de matériel ?
HOESS : Un observateur non averti n’aurait pas eu la moindre idée de ce qui se tramait car les convois n’étaient pas destinés uniquement à être détruits. Il en arrivait continuellement avec des détenus qui devaient être employés comme main-d’œuvre. En outre, de nombreux transports de travailleurs quittaient fréquemment le camp. Les trains eux-mêmes étaient hermétiquement clos, autrement dit les fourgons étaient fermés de telle sorte qu’il était impossible de voir ce qu’ils contenaient. Enfin, une centaine de camions transportant du matériel et du ravitaillement entraient quotidiennement dans le camp ou quittaient les ateliers où se fabriquait le matériel de guerre.
L’AVOCAT : Et après l’arrivée des convois, les victimes devaient se dépouiller de tout ce qu’elles possédaient, c’est-à-dire, se déshabiller complètement et remettre leurs objets précieux ? Est-ce exact ?
HOESS : Oui.
L’AVOCAT : Et elles étaient aussitôt envoyées à la mort ?
HOESS : Oui.
L’AVOCAT : D’après vous, savaient-elles ce qui les attendait ?
HOESS : La majorité ne le savait pas car toutes les dispositions étaient prises pour les laisser dans l’ignorance au sujet de leur sort ; de cette façon, elles ne se doutaient probablement pas qu’elles allaient mourir. Ainsi, sur toutes les portes et sur tous les murs s’étalaient des inscriptions destinées à leur faire croire qu’on les emmenait à la douche ou à une séance d’épouillage. C’est ce que leur répétaient dans toutes les langues d’autres détenus arrivés précédemment et employés comme personnel auxiliaire pendant toute l’opération.
3
POURQUOI AUSCHWITZ ?
« — J’ai souvent été prophète dans ma vie, et, la plupart du temps, on s’est moqué de moi. À l’époque ou je luttais pour conquérir le pouvoir, ce furent les Juifs qui tournèrent en dérision les paroles par lesquelles j’annonçais que je prendrais un jour la direction de l’État et par conséquent de la nation tout entière, et que je résoudrais, entre autres, la question juive. Je crois que, depuis, le ricanement d’hyène qu’ont fait retentir alors les Juifs d’Allemagne s’est étranglé dans leur gorge. Aujourd’hui, je serai prophète une fois de plus. Si la juiverie internationale à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe réussissait de nouveau à plonger les nations dans une guerre mondiale, il s’ensuivrait non pas la bolchevisation de la terre, et, partant, la victoire de la juiverie mais l’extermination de la race juive dans toute l’Europe. »
Ce discours, prononcé par Hitler en janvier 1939, avait été inspiré par Goebbels. Goebbels ministre de la propagande et « des informations » a presque toujours été oublié par les analystes de la « Solution Finale du Problème Juif ». Il est vrai que Heydrich, Himmler ou Eichmann qui ont « mis la main à la pâte », sont plus représentatifs de l’animalité du Reich que ce minuscule journaliste raté, à la voix éraillée et au pied de Talleyrand. « Il n’en a que le pied, disaient ses ennemis, heureusement ! »
Alors que les grands dignitaires et les actionnaires de l’Ordre rêvent d’un règlement du problème juif qui ne « laisserait pas de traces dégoûtantes »… émigration raisonnable et raisonnée, regroupement dans les provinces isolées de territoires conquis, enfin et
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