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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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l’entrevoit à peine. Il devra attendre le 15 juin pour être définitivement fixé :
    HOESS : Pendant (14) l’été de 1941, j’ai été convoqué à Berlin par le Reichsführer S.S. pour recevoir ses instructions. Il m’a dit à peu près – je ne me rappelle pas ses paroles exactes – que le Führer avait ordonné la mise en application immédiate de la « solution définitive » du problème juif. Nous, les S.S., devions exécuter cet ordre. Si nous ne le faisions pas, tôt ou tard, les Juifs détruiraient le peuple allemand. Nous avions choisi Auschwitz à cause de sa facilité d’accès par chemin de fer et aussi parce que, grâce à son étendue, le camp pouvait être complètement isolé.
    L’AVOCAT : Au cours de cette entrevue, Himmler vous a-t-il dit que cette opération devait être considérée comme « une affaire secrète du Reich » (Geheime Reichssache) ?
    HOESS : Oui, il a insisté sur ce point. Il m’a dit de ne pas en parler à mon supérieur immédiat, le Gruppenführer Glücks. Cette discussion devait rester entre nous et il m’a recommandé de garder à ce sujet le silence le plus absolu.
    L’AVOCAT : L’expression « Affaires secrètes du Reich » signifie-t-elle que nul ne pouvait y faire allusion devant des étrangers sans mettre sa vie en danger ?
    HOESS : Oui. L’expression « Affaires secrètes du Reich » impliquait que tous étaient tenus d’observer le silence le plus strict à cet égard.
    L’AVOCAT : Vous est-il arrivé de manquer à ce serment ?
    HOESS : Non, pas avant la fin de 1942.
    L’AVOCAT : Pourquoi précisez-vous l’époque ? En avez-vous parlé après, devant des étrangers ?
    HOESS : À la fin de 1942, la curiosité de ma femme fut éveillée par une remarque du Gauleiter de Haute-Silésie concernant les événements qui se déroulaient dans mon camp. Elle me demanda si ces allusions reflétaient la vérité. J’ai répondu par l’affirmative. C’est la seule fois où j’ai manqué à la promesse faite au Reichsführer. Autrement, je n’ai jamais rien révélé à personne.
    L’AVOCAT : Quand avez-vous rencontré Eichmann ?
    HOESS : J’ai rencontré Eichmann environ un mois après avoir reçu les instructions du Reichsführer. Eichmann est venu à Auschwitz pour discuter avec moi des détails relatifs à l’exécution des ordres donnés. Comme me l’avait annoncé le Reichsführer au cours de notre entretien…, Eichmann devait m’apporter des directives complémentaires.
    L’AVOCAT : Est-il vrai que le camp d’Auschwitz était complètement isolé ? Veuillez décrire brièvement les mesures prises pour exécuter en secret la tâche qui vous avait été confiée.
    HOESS : Le camp d’Auschwitz était situé à trois kilomètres de la ville. Les habitants de la périphérie avaient été évacués sur une surface d’environ huit mille hectares. Ne pouvaient y pénétrer que les S.S. ou les employés porteurs d’un laissez-passer spécial. À ce moment-là, l’agglomération de Birkenau, où le camp d’extermination fut construit plus tard, se trouvait à deux kilomètres du camp d’Auschwitz. Les installations elles-mêmes, je veux parler des installations provisoires qui furent utilisées au début, étaient dissimulées dans les bois, à l’abri de tout regard. En outre, cette zone était interdite et les S.S. eux-mêmes, s’ils n’avaient pas de laissez-passer ne pouvaient y entrer. Autant qu’on en puisse juger, il était donc impossible à quiconque de s’introduire dans la place sans autorisation spéciale.
    L’AVOCAT : C’est alors que les convois ont commencé à arriver. À quelle époque et combien de personnes contenaient-ils d’après vous ?
    HOESS : Jusqu’en 1944, certaines opérations furent exécutées dans les différents pays d’Europe mais sporadiquement on ne peut donc parler d’un afflux intensif. Il fallait compter une expédition toutes les quatre à six semaines. Entre-temps, deux ou trois trains contenant chacun environ deux mille personnes arrivaient quotidiennement. Ces trains étaient d’abord dirigés sur une voie de garage aux environs de Birkenau et les locomotives repartaient. Les gardes qui avaient accompagné les convois devaient aussitôt quitter la région et les personnes transportées étaient prises en charge par les gardiens du camp. Deux médecins S.S. examinaient les nouveaux arrivants. Ceux qui étaient jugés bons pour le travail étaient envoyés à Auschwitz ou

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