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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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qu’il avait reçu le programme de la visite officielle, la veille au matin, il s’était mis à préparer les ultimes détails de l’attentat. Se faufiler dans les greniers pleins à craquer de vieilleries de toute sorte n’avait pas été une mince affaire, mais l’effort en valait la peine. Il disposait à présent d’un plan définitif. Même un homme tel que Boldù devrait reconnaître la solidité du projet.
    Le pire fut les chauves-souris sous les combles de la bibliothèque Marciana. Elles s’accrochaient aux chevrons en grosses grappes, et comme manifestement personne ne montait jamais les déranger, elles avaient perdu toute crainte de l’homme. Elles lui avaient foncé dessus avec leurs dents de vampires pour ne s’écarter qu’au tout dernier moment, une sensation affreuse. Mais là n’était pas l’important. De cette manière, il avait découvert un passage entre le palais royal et la bibliothèque. Boldù pourrait l’emprunter pour s’introduire dans le grenier de la Marciana. Là, une lucarne offrait une vue imprenable sur la tribune où l’empereur se tiendrait à la sortie de la basilique. C’était l’endroit idéal pour tirer. L’attentat serait d’une crédibilité absolue.
     
    Boldù arriva avec dix minutes de retard, ce dont il ne s’excusa même pas. Le colonel dut reconnaître qu’il avait fière allure. La coupe de sa redingote soulignait sa silhouette imposante, son visage possédait ce rien de brutalité intelligente qui devait plaire aux femmes. Sans le vouloir, il pensa à son propre reflet dans le miroir : l’image d’un homme aux traits banals, indistincts, qui tendait à l’embonpoint. Une fois de plus, il constata qu’il détestait ce Boldù.
    — Le sguaseto vaut le détour, dit-il sans réfléchir. Le monsieur à la table d’à côté semble ravi.
    Est-ce qu’il vivait encore au moins ? Le colonel jeta un rapide regard dans sa direction. Oui, il vivait encore. Il avait même l’air d’avaler le contenu de sa cuillère.
    Boldù secoua la tête.
    — Merci, je préfère un café.
    Il désigna ensuite le sac à vêtements accroché au dossier de sa chaise.
    — C’est l’uniforme que vous m’avez apporté ?
    — Oui. N’oubliez pas de le faire repasser.
    — Repasser ? répéta Boldù d’un air amusé. Cela veut dire que je suis officier ?
    Le colonel hocha la tête et sortit de la poche de sa redingote un papier plié en quatre qu’il lui tendit par-dessus la table.
    — Vous êtes le premier-lieutenant Waldmüller des chasseurs impériaux d’Innsbruck. Voici votre laissez-passer. Établi par le comte Crenneville en personne.
    — Où serai-je contrôlé ?
    Le colonel réfléchit un instant.
    — Tout d’abord au niveau du barrage sur la place Saint-Marc, juste devant l’aile Napoléon. Ensuite, à l’entrée du palais. Enfin, dans la cage d’escalier où un lieutenant des trabans vous demandera votre ordre de mission.
    — Que dois-je lui dire ?
    — Vous lui donnerez ceci.
    Le colonel sortit de sa poche une deuxième feuille pliée en quatre.
    — Votre mission consiste à déposer un courrier important destiné au général d’artillerie Crenneville.
    — Ensuite ?
    Boldù but une gorgée du café que le patron venait de lui servir et fit une grimace.
    — Vous traversez le grand couloir parallèle à la place Saint-Marc. Arrivé au bout, vous prenez l’escalier du personnel. Une porte sur le dernier palier mène aux combles. Une fois en haut, vous tournez à droite. Dans le mur du fond, vous apercevrez une porte discrète qui vous conduira dans le grenier de la Marciana. Vous tirerez de la première lucarne en montant sur une caisse placée au-dessous. Le grenier n’est pas utilisé. Vous n’y croiserez personne.
    Le colonel jugea plus habile de passer les chauves-souris sous silence.
    — Et quand dois-je tirer ?
    — Juste avant le discours de l’empereur.
    — Pour cela, objecta Boldù, il faudrait que je l’observe à la sortie de la basilique, ce qui pourrait éveiller des soupçons. N’oubliez pas qu’on peut me voir depuis la Piazzetta !
    Hölzl le contredit.
    — Il n’est pas nécessaire que vous passiez la tête à l’extérieur. Il suffit de prêter attention au malefico 1 . Quand il cessera de sonner, vous prenez le fusil et comptez lentement jusqu’à dix. À ce moment-là, vous sortez la tête et tirez. Cela étant, ôtez la veste blanche au préalable. Il ne faudrait pas qu’on vous reconnaisse d’en bas.
    —

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