Les Médecins Maudits
la dose convenable. Ces garçons stérilisés étaient atteints physiquement et mentalement. Ils souffraient énormément car la radiodermite est une affection extrêmement douloureuse. Ils étaient mentalement diminués. Ils n’étaient plus des hommes, mais des épaves humaines.
Une doctoresse française, M me Hautval a soigné plusieurs victimes des stérilisations.
— Une des expériences les plus lamentables fut la stérilisation par les rayons X de toutes les jeunes filles de seize à dix-huit ans. Elles étaient Grecques pour la plupart, des frêles créatures délicates, dont les souffrances révoltaient… Les petites revenaient le soir dans un état effrayant. Elles vomissaient sans cesse et se plaignaient de douleurs abdominales atroces. Nombreuses furent celles qui durent s’aliter durant des semaines et même des mois. Nombreuses furent celles atteintes de brûlures radiologiques fort étendues nécessitant des pansements de longue durée…
…Il faudrait parler aussi des petites bohémiennes de Ravensbrück, des fillettes dont on ne peut pas oublier la vue, par terre dans les corridors du Revier, se tordant de douleur après la stérilisation.
Car les « essais » des « savants » portaient aussi sur les enfants.
Une déportée Gustawa Winkowska demanda au docteur Treite, spécialiste de ces stérilisations :
— Pourquoi aussi sur eux ?
— Il faut les stériliser très jeunes car ils sont capables d’avoir des enfants à treize ans.
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Le 29 avril 1944, l’adjoint de Brack pouvait écrire à Himmler :
— La castration des mâles par rayons X est presque impossible ou demande un effort qui ne paie pas.
Toutes ces recherches criminelles pour en arriver là ! Heureusement pour l’avenir du Reich, Clauberg avait trouvé la solution…
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Rondouillard et propret ; toujours déguisé en Tyrolien – culottes courtes et chapeau à plumes – Karl Clauberg était le médecin-chef de la clinique des femmes des hôpitaux Knapp et Saint Hedwig de Königshutte en Haute-Silésie. Son surnom chez les déportés : « Rase-mottes. » Une grosse tête sur un corps court. Général SS, informateur de la Gestapo, il ne négligeait pas les avantages financiers de sa charge et payait à l’administration des camps une prime pour chaque « utilisation de matériel humain ». Les laboratoires civils auxquels il fournissait des informations lui remboursaient le triple de la prime payée. Himmler avait accordé toute sa confiance au grand gynécologue.
— Vous seul pouvez trouver une méthode plus efficace et moins onéreuse que les rayons X. Combien de temps vous faudrait-il pour stériliser mille femmes ? Il est bien entendu qu’elles ne devraient s’apercevoir de rien.
Le Reichsführer souhaitait que Clauberg stérilise au cours d’un examen général. Pour l’appréciation des résultats ? Rien de plus facile :
— Une expérience pratique pourrait être tentée en enfermant un Juif et une Juive ensemble pendant une certaine période…
Obsédé sexuel, friand de ces contacts entre « bêtes de laboratoire », Himmler se délecterait en lisant les rapports médicaux lxi .
Le 7 juin 1943, Clauberg lui écrivait :
— La méthode est pratiquement au point. Elle peut être pratiquée par une seule injection à l’entrée de l’utérus au cours d’un examen gynécologique habituel. Il sera possible de stériliser probablement plusieurs centaines et même mille personnes par jour, avec un médecin bien entraîné dans un laboratoire bien équipé, avec peut-être dix assistants.
Nous avons vu au début de ce chapitre comment Clauberg avait expérimenté sa méthode sur une déportée française I… G… ; le docteur Hautval a témoigné à Nuremberg :
— Le block 10 contenait jusqu’à cinq cents cobayes, toutes Juives : françaises, grecques, belges, hollandaises, slovaques et quelques allemandes. La terreur était d’autant plus grande que les victimes ne savaient pas de quoi il s’agissait. La première en date des expériences faites au block 10 semble avoir été une stérilisation par introduction dans l’utérus d’un liquide caustique destiné à provoquer l’obstruction des trompes. (Clauberg opérait.) Elle se fit en trois séances à intervalles de un à plusieurs mois. L’opération fut suivie de radiographies. De nombreuses opérées souffrirent atrocement.
Mais Clauberg, sa « méthode » mise au point, voulait
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