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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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mai 1967.
    C’était bien son nom sur l’annuaire téléphonique de Munich ; son adresse aussi ; 81 Georgenstrasse. Je ne voulais pas lui parler mais j’ai tout de même composé le numéro. Elle a décroché, répété trois fois « j’écoute » avec une petite voix sèche, cassée, puis elle a raccroché. Dans le fond je n’avais rien à demander à la fille d’Himmler. Je connaissais toutes les réponses qu’elle aurait pu faire à mes questions.
    —  Pourquoi avez-vous gardé le nom de votre père ?
    —  Je suis fière de lui, de son nom.
    —  Comment vivez-vous ?
    —  Seule. J’ai fait tous les métiers avant d’acheter une petite blanchisserie. Je me débrouille. Je consacre tous mes loisirs à la mémoire de mon père. Je suis fière de lui. On lui a tout mis sur le dos. C’est trop facile. Je vais le réhabiliter. J’y consacrerai s’il le faut toute ma vie. Un jour on parlera de lui comme de Napoléon… Vous savez il ne s’est pas suicidé. On l’a assassiné.
    Je pense qu’Himmler, s’il vivait, serait fier de sa fille ; cette si belle Gudrun qui naissait au moment où il organisait le crime le plus atroce de sa vie : la stérilisation de millions d’hommes et de femmes.
    —  L’Europe sera peuplée d’arbres secs.
    L’Europe sans enfants lvi  ! C’est bien ça, l’Europe sans enfants.
    *
    * *
    —  Au revoir !
    —  Soyez courageuses !
    —  On ne vous oubliera pas !
    —  Courage ! courage ! courage !
    Le camp de Birkenau est persuadé que I… G… et ses vingt-quatre camarades viennent d’être choisies pour un convoi vers la chambre à gaz. Déjà les SS les traînent vers les douches. Ici, l’eau coule toujours… Le nuage mortel, c’est pour tout à l’heure, sûrement à Auschwitz.

 
     

Commandé par une «  brute bestiale  » , Joseph Kramer, Struthof était le seul camp d’extermination construit sur le territoire français. Kramer fournissait aux services du professeur Hirt les corps des déportés qu'il gazait préalablement. On peut lire ici la traduction d'une minute de son procès où il reconnaît avoir accompli ses actes en «  toute connaissance de cause  » .
    Archives Bernadac

Dans l’air glacé de ce mois de novembre, les femmes attendent, nues, les ordres de leurs bourreaux. Hier elles maudissaient leur travail de terrassement dans les marais… cette eau qui rongeait leur corps ; aujourd’hui elles regrettent leurs souffrances de la veille.
    —  Que vont-ils nous faire ?
    Personne n’ose répondre.
    I… G… s’habille. Une longue robe légère frappée d’une énorme croix rouge dans le dos, un petit fichu sale pour cacher ses cheveux de trois centimètres, deux gros sabots de bois aux pieds. Deux sabots du même pied.
    —  En rang.
    Auschwitz n’est qu’à quatre kilomètres. À nouveau les mêmes cris, les mêmes peurs.
    —  Courage.
    —  On ne vous oubliera pas.
    —  Je ne veux pas mourir.
    Et soudain, les visages s’élargissent, les lèvres s’entrouvrent en esquissant un sourire.
    —  Regardez, nous tournons le dos aux chambres à gaz.
    —  C’est merveilleux !
    —  Un jour de plus à vivre !
    —  C’est un nouveau camp de travail qu’ils forment.
    —  Non ! Taisez-vous. Vous n’avez pas compris, ils nous ont pris pour des expériences.
    —  Des expériences ?
    —  Des expériences, expériences, expériences …
    Le mot roule de bouche en bouche.
    —  Vous voyez bien que j’avais raison. Ils nous conduisent au block 10.
    —  Mais non c’est le block 1.
    —  Le block 1 en dur a remplacé l’ancien 10 en bois, mais c’est pareil.
    La garde-chiourme les accueille, bouche mielleuse ;
    —  Ici vous allez être au chaud. Il y a de la couture pour tout le monde. Un vrai paradis !
    Les femmes travaillent en silence. Elles reprisent des chemises. Le lendemain malin, la chef du block annonce :
    —  On va vous examiner. Si ça va, on pratiquera sur vous une insémination artificielle. Ce n’est ni dangereux, ni douloureux. Vous avez de la chance. Non seulement vous allez vivre au chaud, mais vous aurez des enfants sans hommes…
    La blocklowa s’approcha d’I… G…
    —  Alors ?
    —  Vous n’avez pas honte d’aider les Allemands ?
    —  Tais-toi, sinon je te dénonce. Prépare-toi. Nous y allons. On commence par toi lvii .
    Les médecins appuyés sur une table d’examen en verre bavardent entre eux sans se soucier des déportées livrées aux

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