Les Médecins Maudits
fut enfantine :
— En les stérilisant on les sauvait de la mort !
La déposition vaut la peine d’être lue.
— Pendant l’été de 1941, un de mes collègues du service de Bormann vint à la chancellerie du Führer et me déclara qu’on avait l’intention de trouver une solution radicale au problème juif. Seul Martin Bormann pouvait être l’instigateur de ces plans. La chose était très dangereuse, car ce que nous savions de son caractère nous donnait à penser que l’exécution en serait impitoyable. Personne en Allemagne ne pouvait s’opposer à Bormann. Hitler seul lui donnait des ordres. On pouvait supposer qu’après la guerre, beaucoup de pays européens s’adapteraient à la législation allemande sur les Juifs. Ainsi, pour les Juifs d’Europe centrale il serait impossible de continuer à vivre, et il fallait leur trouver une nouvelle patrie. L’établissement des Juifs à Madagascar avait l’avantage de supprimer la pomme de discorde constituée par la Palestine. Hitler refusa ce plan. Lorsqu’on m’adressa à Himmler, en janvier 1941 pour discuter avec lui de l’euthanasie, je ne savais pas qu’Himmler s’occupait à ce moment de découvrir une méthode efficace et bon marché de stérilisation.
— Au cours de la conversation, Himmler me dit que le danger juif en Allemagne s’aggravait du fait du mélange du sang des Juifs polonais avec celui des Juifs d’Europe occidentale, et me fit part de son intention de stériliser les Juifs d’une façon massive ; il me demanda si cela ne pouvait pas être fait par les rayons X. Cette communication de Himmler m’impressionna beaucoup ; d’après ce que je connaissais de lui, il m’était impossible de penser que cette idée destructrice pouvait émaner de son esprit, je pensai à Heydrich ou à Bormann, et je sentis l’obligation de faire mon possible pour prévenir cette action. C’est pourquoi je prétendis être d’accord pour m’informer de la possibilité de stérilisation massive par les rayons X.
Victor Brack oubliait ses lettres à Himmler où il proposait toujours plus qu’il ne lui avait été réclamé.
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Le tribunal de Nuremberg acquitta plusieurs médecins allemands qui avaient entrepris la réalisation d’une troisième « méthode de stérilisation ».
L’affaire « caladium » commence en 1941 par la publication dans le journal allemand de Médecine Expérimentale, d’un article signé du docteur Madaus, propriétaire d’une firme pharmaceutique qui mettait au point des médicaments nouveaux à partir de plantes. Madaus expliquait comment le caladium seguinum extrait de la sève d’une plante d’Amérique du Sud, la schweigrohr, provoquait la stérilisation des animaux. Une plante d’ailleurs qui était connue de « tous les sorciers » de la forêt vierge, habitués à dissimuler cette potion magique dans la nourriture de leurs ennemis pour les priver de leur virilité et de leur descendance.
De nombreux médecins lurent avec intérêt cette étude. L’un d’eux ne put s’empêcher de la signaler à Himmler.
— Je lxii me suis rendu compte de l’immense importance de ce médicament dans la lutte présente de notre peuple. Nous aurions une arme nouvelle et puissante à notre disposition, il serait possible de produire une drogue capable, après un temps relativement court, de provoquer une stérilisation secrète sur des êtres humains. La seule pensée que les trois millions de Bolcheviques actuellement prisonniers en Allemagne pourraient être stérilisés et ainsi continuer à travailler sans se reproduire, ouvre les plus grandes perspectives…
Pokorny demanda alors à Himmler, s’il approuvait ses idées, de prendre les dispositions suivantes :
1° Le docteur Madaus ne doit plus publier de tels articles.
2° On doit produire en grand la plante (on peut la cultiver facilement en serres).
3° On doit commencer des recherches immédiates sur des hommes (criminels) de façon à déterminer la dose et la longueur du traitement.
4° Rechercher si on peut produire synthétiquement une « substance chimique égale ».
Himmler relut la lettre, la frappa de ses initiales et inscrivit dans la marge : Dachau.
Quelques mois plus tard, l’adjoint du Gauleiter du Bas-Danube, adressait à son Reichsführer une lettre identique. Il proposait d’expérimenter sur des déportés du camp de Lackenbach et concluait :
— Il serait certainement intéressant
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