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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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extrêmement difficile à imaginer. Les survivants ne savaient pas ce qui leur arriverait si on ne les utiliserait pas au block 46 à d’autres fins. Ou bien n’auraient-ils pas à craindre la mort justement parce qu’ils avaient survécu et avaient été témoins de ces expériences ?

Voilà pour l' « ambiance », la « couleur ». Et le travail scientifique ? Les études portèrent sur l’efficacité des vaccins de différentes origines : vaccin des usines Behring préparé avec des cultures de membranes vitellines d’œufs de poule (procédé Cox, Gildemeister, Haagen) ; vaccin Durand-Giroud fabriqué à l’aide de poumons de lapin par l’Institut Pasteur de Paris ; vaccin tiré des poumons de chien (Bucarest) ; vaccin provenant de foie de souris (Danemark). Il est étrange de noter que ces deux derniers vaccins furent expédiés à Buchenwald par le professeur Rose, chef de la section pour l’étude des maladies tropicales de l’Institut berlinois Robert Koch. Le professeur avait eu le courage, au cours d’un congrès médical militaire, de s’élever avec indignation contre les expériences humaines du block 46 en affirmant qu’elles étaient contraires à l’éthique et que les résultats obtenus étaient semblables à ceux fournis par l’expérimentation animale. Moins d’un an plus tard Rose changeait d’opinion (peut-être se sentait-il menacé) et expédiait ses vaccins à Ding. Le block 46, de plus, expérimenta une dizaine de thérapeutiques contre le typhus exanthématique à la demande de laboratoires militaires et aussi privés. Eugen Kogon estime que :
    —  L’intérêt scientifique de ces essais était nul, ou très faible, car le mode de contamination était tout simplement insensé : logiquement il fallait découvrir la valeur limite de la dose d’infection et du mode d’infection qui se rapprochent le plus de la réalité, c’est-à-dire de la transmission par le pou et qui fut cependant insuffisante pour rendre peu à peu inefficace la vaccination à laquelle on avait procédé auparavant ou, éventuellement pour exercer une action quelconque sur elle. Mais cela était trop fatigant et trop difficile pour ces messieurs. Aussi lorsque dans le premier trimestre 1943, les souches livrées par l’Institut Robert Koch perdirent toute virulence et que l’inoculation intramusculaire, sous-cutanée ou cutanée pratiquée par la sacrification ou avec des lancettes ne donna plus aucun résultat, on fit tout simplement une injection intraveineuse de deux centimètres cubes de sang frais de malade, à haute virulence. Le résultat dépassa naturellement toutes les espérances, et il fut, dans la plupart des cas, catastrophique. Dès que ce mode de contamination eut été introduit, le taux de mortalité s’éleva au-dessus de cinquante pour cent, et nous passerons sous silence le cas de ceux qu’on appelait « les témoins », c’est-à-dire de ces personnes qui n’avaient pas été vaccinées au préalable, afin que l’on pût suivre sur elles la marche normale de la maladie. Ces derniers périrent presque tous. Par la suite, on réduisit la dose d’inoculation jusqu’à un dixième de centimètre cube, sans qu’elle perdit pour cela son effet mortel, car la haute virulence des souches pathogènes humaines avait encore été accrue par les « transmissions ». Dans une seule série d’expériences on put constater la réelle efficacité du vaccin contre le typhus exanthématique préparé à Buchenwald même : sur vingt personnes vaccinées préventivement, pas une seule ne mourut et l’évolution de la maladie fut beaucoup moins grave que même chez les patients vaccinés avec le meilleur vaccin, celui de Weigl, préparé avec des intestins de poux, tandis que sur les vingt« témoins », inoculés en même temps, dix-neuf périrent de cette perfide contamination.
    Les médecins déportés qui travaillaient à la production du vaccin destiné aux troupes allemandes vécurent dans l’angoisse jusqu’à la libération du camp, car le produit qu’ils fabriquaient n’immunisait pas contre le typhus :
    —  Ding nous avait dit, à la première réunion générale que, si quelque acte de sabotage se produisait, nous serions tous collés au mur… Nous décidâmes avec les bactériologistes et le directeur de la production, Marian Ciepielowsky, de produire du vaccin léger inoffensif… Ding nous réclamait de grandes quantités de vaccin. Nous en

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