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Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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fabriquions deux : un en grande quantité, parfaitement inefficace qui partait au front, un deuxième type en très petites quantités qui était efficace et utilisé dans des cas spéciaux, par exemple, pour nous et nos camarades qui travaillaient dans les endroits dangereux du camp. Ding n’entendit jamais parler de ces arrangements. Comme il n’avait pas de connaissances bactériologiques réelles, il ne pénétra pas le secret de la production. Il dépendait entièrement des rapports que les experts (déportés) lui donnaient. Quand il voyait trente ou quarante litres de vaccin à envoyer à Berlin, il était heureux. Cependant, il restait préoccupé par la vaccination des troupes SS et la possibilité pour ces gens de tomber malades en Russie et de mourir. L’inefficacité de notre vaccin aurait pu se révéler et des experts de l’extérieur – les SS en possédaient – auraient pu enquêter et découvrir que le véritable vaccin était à peine produit. Rien de tel ne se passa et l’aventure se poursuivit jusqu’en mars 1944.

Lorsque Mrugowsky apprit ce sabotage dans la salle du tribunal de Nuremberg, il s’adressa au président :
    —  Ceci représente une attitude qui n’a rien de commun avec les concepts d’humanité exprimés par ces messieurs aujourd’hui.
    *
    * *
    —  Regardez ça Kogon, vous trouverez bien ce qu’il faut répondre. C’est quelque veuve qui cherche une consolation.
    Ding, de plus en plus, se reposait sur Kogon. Son secrétaire déporté rédigeait avec l’aide d’autres détenus les communications médicales du médecin et ses lettres d’amour. Personnage trouble, marqué par une enfance douloureuse, il manquait surtout d’affection. Enfant naturel il prit le nom de son père adoptif et l’abandonna quelques semaines avant la libération du camp, lorsqu’il comprit que les Alliés le rechercheraient pour crimes de guerre. Il devint alors le docteur Schuler. En 1936, âgé de vingt-quatre ans, il tente de s’engager dans l’armée, mais sans succès à cause de sa naissance illégitime. Les SS,eux, l’acceptent et il sert au Service de Santé de l’Unité « Têtes de Mort »… Nous connaissons la suite.
    Dans les derniers jours de Buchenwald, il change non seulement de nom mais d’attitude. Il se laisse convaincre par son secrétaire de fermer les yeux sur certaines opérations de sauvetage déclenchées par le Comité clandestin du camp. Le block qui cachait au milieu des malades contagieux des condamnés à mort bien portants fut baptisé par Ding-Schuler : Ultimum Refugium Judaeorum. Dernier refuge des Juifs. Le médecin qui sentait la fin proche, brûla, aidé de Dietzsch, tous les documents compromettants. Kogon cacha dans un carton le journal de marche des expériences :
    —  Je dis à Ding, le jour suivant, que le journal n’avait pas été brûlé. Il s’en montra très surpris et me demanda si je ne pensais pas que cela constituerait une arme terrible contre lui. Je lui répondis que s’il pouvait prouver devant une Cour qu’il avait sauvé ce journal, cela démontrerait amplement que ses intentions étaient honnêtes. Il accepta.
    Ding capturé par les Alliés envisagea la menace que pourrait représenter pour lui un procès. Le 25 juin 1945, dans la prison de Freising, il se suicida… et se réveilla le lendemain dans un lit d’hôpital. Il a décrit sa tentative malheureuse :
    — À deux heures du matin j’ai essayé de me suicider à cause de ce qui s’est passé au cours des années précédentes et du caractère insupportable de ma situation. J’ai contracté une sorte de « tension nerveuse ». Aux dernières nouvelles, les villes de Leipzig et Weimar, où je pense que se trouvent les miens, sont tombées entre les mains des Russes. Il y a peu de chance pour que je puisse contacter ma famille. Le changement survenu dans ma situation m’oblige à croire que je serai inclus dans le procès de Buchenwald et incapable de décider de mon avenir, ou tout au moins pas avant de nombreuses années. Ma femme reste seule avec deux enfants, sans recours après la perte de tous mes biens. Un troisième enfant aurait dû naître au début de mai, mais l’état de ma femme m’est inconnu… J’ai utilisé, en plus d’une lame de rasoir, cinq comprimés de morphine, cinq de codéine et onze de la préparation américaine APC. Le manque de tranchant de la lame m’a empêché de couper les tendons situés au-dessus de

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