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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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professionnel. La guerre n’est pas un mystère, mais un travail. Le roi limitait ses instructions au domaine pratique, recommandant des actions physiquement possibles, au lieu de chercher à créer un état d’esprit dont il savait qu’il se dissiperait dès que les commandants auraient quitté le cercle réconfortant du feu royal.
    — Surveillez votre tenue, camarades. Gardez vos cheveux, vos mains et vos pieds propres. Mangez, même si vous n’avez pas d’appétit. Si vous receviez de mauvaises nouvelles, communiquez-les d’abord à vos supérieurs, jamais directement à vos hommes. Recommandez à vos servants de polir les boucliers comme des miroirs, car cela épouvante l’ennemi. Donnez à vos hommes le temps d’aiguiser leurs lances, car celui qui aiguise l’acier aiguise aussi son courage.
    » En ce qui concerne l’anxiété compréhensible de vos hommes pour les heures à venir, dites-leur ceci : je ne m’attends à l’action ni ce soir, ni demain, ni même le jour suivant. Le Perse a besoin de temps pour organiser ses formations, et plus il a d’hommes, plus cela prend de temps. Il doit aussi attendre l’arrivée de sa flotte. Les plages d’accostage sont rares et petites sur cette côte inhospitalière ; il faudra plusieurs jours au Perse pour établir des relais et mettre à l’ancre ses milliers de navires et de vaisseaux de transport. Comme vous le savez, notre propre flotte tient le détroit de l’Artémision. Il faudrait une bataille de grande envergure pour que l’ennemi puisse passer ; et il lui faudrait encore plus de temps pour la préparer. Quant à nous attaquer ici, sur ces positions, l’ennemi devrait d’abord reconnaître nos positions, puis établir la meilleure stratégie pour attaquer. Pour commencer, il enverra probablement des émissaires, dans l’espoir d’obtenir par la diplomatie ce qu’il hésitera à payer au prix du sang. Vous n’avez pas lieu de vous en soucier, car c’est moi qui m’occuperai de traiter avec l’ennemi.
    Et là, Léonidas se pencha pour ramasser un caillou de la taille de deux poings.
    — Croyez-moi, camarades, quand Xerxès s’adressera à moi, il pourra aussi bien parler à ceci.
    Il cracha sur le caillou avant de le rejeter au loin.
    — Autre chose : vous avez appris que l’oracle a déclaré que Sparte perdrait un roi au combat ou bien sa cité elle-même. J’ai interrogé les augures et le dieu a répondu que je suis ce roi et que ces parages seront mon tombeau. Soyez cependant certains que cette certitude ne me rendra pas imprudent en ce qui concerne la vie des autres. Je vous jure ici par tous les dieux et par l’âme de mes enfants que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous épargner autant que je le peux, vous et vos hommes, et néanmoins défendre efficacement le défilé.
    » Enfin, conclut-il, frères et alliés, là où le combat sera le plus sanglant, vous pourrez vous attendre à trouver des Lacédémoniens aux premiers rangs. Mais surtout dites à vos hommes de ne pas le céder en courage aux Spartiates, mais de tenter plutôt de les surpasser. Rappelez-vous qu’à la guerre, la pratique des armes compte pour peu. Le courage décide tout et nous, Spartiates, n’en avons pas le monopole. Souvenez-vous-en quand vous mènerez vos hommes et tout ira bien.

6
    Mon maître avait donné l’ordre qu’on le réveillât en campagne deux heures avant l’aube, une heure avant les hommes de son peloton. Il tenait à ce que ses hommes ne le vissent jamais allongé sur le sol et qu’ils eussent toujours de leur énotomarque l’image d’un homme debout et armé.
    Cette nuit-là, Dienekès dormit encore moins. Je le sentis s’agiter et je me levai moi-même.
    — Reste couché, dit-il en posant la main sur mon épaule, nous n’avons pas encore passé la seconde garde.
    Il s’était endormi sans enlever son corselet et il fit craquer les articulations de ses membres couturés. Je l’entendis faire également craquer les os de sa nuque et se racler la gorge. Il avait respiré du feu à Oino, en effet, et ses poumons ne s’en étaient jamais vraiment remis.
    — Laisse-moi t’aider.
    — Dors. Et que je ne te le répète pas.
    Il saisit une de ses lances dans la réserve d’armes entassées et son bouclier par la corde de suspension. Il prit également son casque, qu’il fourra dans le paquetage qui pendait sur ses épaules. Il boitilla sur sa mauvaise cheville et s’en alla vers les quartiers de

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