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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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et dans nos os. Pas vrai, ami ?
    Suicide eut un sourire entendu. Mon maître sourit aussi.
    — Nous forgeons notre courage sur place. Nous en tirons la plus grande part de sentiments secondaires. La peur de déshonorer la cité, le roi, les héros de nos lignées. La peur de ne pas nous montrer dignes de nos femmes et de nos enfants, de nos frères, de nos compagnons d’armes. Je connais bien tous les trucs de la respiration et de la chanson. Je sais comment affronter mon ennemi et me convaincre qu’il a encore plus peur que moi. C’est possible. Mais la peur reste présente.
    Il observa que ceux qui veulent dominer leur peur de la mort disent souvent que l’âme ne meurt pas avec le corps.
    — Mais pour moi, ça ne veut rien dire. Ce sont des fables. D’autres, et surtout les Barbares, disent aussi que, lorsque nous mourons, nous allons au paradis. S’ils le croient vraiment, je me demande pourquoi ils n’abrègent pas leur voyage et ne se suicident pas sur-le-champ.
    Alexandros demanda s’il y avait quelqu’un de la cité qui témoignait du vrai courage viril.
    — Dans tout Sparte, c’est Polynice qui s’en approche le plus, répondit Dienekès. Mais je trouve que même son courage est imparfait. Il ne se bat pas par peur du déshonneur, mais par désir de gloire. C’est sans doute noble et moins bas, mais est-ce que c’est vraiment le courage ?
    Ariston demanda alors si le vrai courage existait.
    — Ce n’est pas une fiction, dit encore Dienekès avec force. Le vrai courage, je l’ai vu. Mon frère Iatroclès l’avait par moments. Quand cette grâce le possédait, j’en étais saisi. Elle rayonnait de façon sublime. Il se battait alors non comme un homme, mais comme un dieu. Léonidas a parfois aussi ce type de courage, mais pas Olympias. Ni moi, ni personne d’entre nous ici. Il sourit. Vous savez qui possède cette forme pure du courage plus que tout autre que j’aie connu ?
    Personne ne lui répondit.
    — Ma femme.
    Et se tournant vers Alexandros :
    — Et ta mère, Paraleia. Ça me semble significatif. Le courage supérieur réside, il me semble, dans ce qui est féminin.
    On voyait que ça lui faisait du bien de parler de tout cela. Il remercia ses auditeurs de l’avoir écouté.
    — Les Spartiates n’aiment pas ces analyses, poursuivit-il. Je me rappelle avoir demandé à mon frère, en campagne, un jour qu’il s’était battu comme un immortel, ce qu’il avait ressenti au fond de lui. Il m’a regardé comme si j’étais devenu fou. Et il m’a répondu : « Un peu moins de philosophie, Dienekès, et un peu plus d’ardeur. » Autant pour moi ! conclut Dienekès en riant.
    Il détourna le visage, comme pour mettre un point final à ces considérations. Puis son regard revint à Ariston, dont le visage exprimait cette tension que les jeunes éprouvent quand il leur faut parler devant des aînés.
    — Eh bien, parle donc, lui lança Dienekès.
    — Je pensais au courage des femmes. Je crois qu’il est différent de celui des hommes.
    Il hésita. Son expression semblait dire qu’il craignait de paraître présomptueux à parler de choses dont il n’avait pas l’expérience. Mais Dienekès le pressa :
    — De quelle façon différent ?
    Ariston jeta un coup d’œil à Alexandros, qui l’encouragea à parler. Le jeune homme prit donc son souffle :
    — Le courage de l’homme quand il donne sa vie pour son pays est grand, mais il n’est pas extraordinaire. Est-ce que ce n’est pas dans la nature des mâles, que ce soient des animaux ou des humains, de s’affronter et de se battre ? C’est ce que nous sommes nés pour faire, c’est dans notre sang. Regarde n’importe quel petit garçon. Avant même qu’il ait appris à parler, l’instinct le pousse à s’emparer du bâton et de l’épée, alors que ses sœurs répugnent à ces instruments de conflit et préfèrent prendre dans leur giron un petit chat ou une poupée. Qu’est-ce qui est plus naturel pour un homme que de se battre et pour une femme, que d’aimer ? Est-ce que ce n’est pas l’injonction physique de la femme que de donner et de nourrir, surtout quand il s’agit du fruit de ses entrailles, ces enfants qu’elle a accouchés dans la douleur ? Nous savons tous qu’une lionne ou une louve risquera sa vie sans hésiter pour sauver ses rejetons. Les femmes agissent de même. Alors, observez ce que nous appelons le courage des femmes.
    Il reprit son haleine.
    — Qu’est-ce

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