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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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lièvre dévala la montagne, passant entre les deux armées, à une trentaine de pieds de Xénocratide, le commandant thespien. Ce dernier se tenait devant ses troupes en compagnie de ses capitaines Dithyrambe et Protokréon, tous le front ceint de lauriers et le casque rejeté en arrière. À la vue de cette proie qui filait devant elle, la chienne Styx, qui aboyait déjà furieusement à droite de la formation grecque, s’élança en terrain ouvert. L’effet aurait été comique, n’était que tous les Hellènes avaient vu cet incident et qu’ils l’interprétèrent comme un signe du ciel. Ils attendaient fiévreusement la suite des événements.
    L’hymne à Artémis, entonné par les troupes, s’arrêta à mi-chemin. Le lièvre fila vers les premiers rangs des Mèdes, Styx toujours à ses trousses, excitée par la poursuite. Les deux animaux n’étaient que des images fugitives noyées dans les nuages de poussière que soulevaient leurs pattes. Le lièvre fila vers la masse des Mèdes, puis, paniqué, tenta en plein élan de virer à angle droit et roula sur lui-même.
    Styx lui tomba dessus comme l’éclair et les dents de la chienne semblaient avoir happé l’animal par le milieu quand, à la surprise générale, le lièvre s’élança de nouveau, indemne, et reprit sa course à toute allure.
    Une course zigzagante s’engagea alors. Elle ne dura que le temps d’une douzaine de battements de cœur, mais cela suffit pour que lièvre et chienne franchissent trois fois le terrain neutre entre les deux armées, l ’oudenos chorion. Un lièvre fuit toujours vers une pente montante, car ses pattes avant sont plus courtes que ses pattes arrière. Et celui-ci s’élança donc vers la montagne, dans l’espoir d’y trouver le salut. Mais la pente était trop abrupte. Le terrain se déroba sous les pattes du fugitif. L’animal retomba et l’instant suivant il n’était plus qu’une forme sans vie entre les crocs de Styx.
    Un cri de triomphe jaillit des gosiers de quatre mille Grecs, certains que c’était là un signe de victoire et la réponse à un hymne qui avait été brusquement suspendu. Mais des rangs mèdes se détachèrent alors deux archers. Et, comme Styx s’en revenait pour montrer sa proie à son maître, deux flèches simultanément lancées à soixante pas transpercèrent la chienne, qui culbuta dans la poussière.
    Le Skirite que nous surnommions Chien poussa un cri de colère. Pendant d’horribles moments, sa chienne tressauta dans des convulsions, mortellement blessée par les flèches ennemies. Le commandant mède cria un ordre dans sa langue et, tous ensemble, mille archers mèdes tendirent leurs arcs vers le ciel.
    — Ça vient ! cria quelqu’un sur le Mur.
    Tous les boucliers hellènes furent dressés haut. Et le bruit de la flèche, qui est comme celui d’un tissu qu’on déchire dans le vent s’échappa des poings serrés des archers qui relâchaient leurs projectiles à triple pointe de bronze au bout de leurs tiges qui chantaient.
    Tandis que les flèches poursuivaient leur trajectoire dans le ciel, Xénocratide, le commandant thespien, saisit l’occasion.
    — Zeus du Tonnerre et de la Victoire ! cria-t-il, arrachant la guirlande de son front. Il rabattit son casque en position de combat. Tous les Hellènes suivirent son exemple. Mille flèches tombèrent sur eux dans un déluge assassin. La trompette ou salpigx et un appel retentirent :
    — Thespies !
    De mon poste sur le Mur, il semblait que les Thespiens fussent à deux battements de cœur de l’ennemi. Leurs premiers rangs heurtèrent les Mèdes non avec le fracas du tonnerre, auquel les Hellènes avaient été familiarisés par leurs affrontements avec les leurs, mais avec le bruit moins spectaculaire et sinistre d’un enfoncement ; comme si dix mille poignées de sarments étaient cassés dans les mains de vignerons. C’étaient les surfaces métalliques des boucliers grecs qui enfonçaient le mur d’osier tressé des Mèdes. L’ennemi chancela et trébucha. Les lances thespiennes s’élevèrent et plongèrent. En un instant, la zone du carnage fut voilée par un tourbillon de poussière.
    Les Spartiates debout sur le Mur restaient immobiles pendant que les rangs des combattants se heurtaient. Les trois premiers rangs des Thespiens se serrèrent contre l’ennemi en une masse compacte et piétinante, comme un mur qui avançait. Les rangs suivants, du quatrième au huitième et au-delà, que

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