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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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premier coup aux Thespiens. Installés donc au premier rang, au matin du cinquième jour, ceux-ci attendaient, en formation de soixante-quatre boucliers de front, sur la « piste de danse » constituée par la partie resserrée du défilé, le goulet, avec la montagne d’un côté, les falaises à pic sur la mer de l’autre et le Mur Phocidien à l’arrière. Ce terrain représentait un triangle obtus dont la partie la plus large se trouvait au sud, épaulée par la montagne. Les Thespiens s’y étaient postés en formation de dix-huit rangs ; à l’autre bout, le long des falaises, ils étaient sur dix rangs. Au total sept cents hommes.
    Tout de suite derrière eux, les Spartiates, les Mycéniens et les Phliontes, six cents hommes, se tenaient sur le Mur. Et derrière eux encore il y avait les contingents alliés, déjà armés de pied en cap.
    Deux heures s’étaient écoulées depuis qu’on avait aperçu l’ennemi, à quatre stades et demi sur la route de Trachis, mais on n’avait toujours pas enregistré de mouvement. Il faisait chaud. À un certain endroit, la route s’élargissait aux dimensions d’une place centrale de petite ville. C’était là que les sentinelles avaient vu les Mèdes se rassembler. Il y en avait quatre mille. Et c’étaient les seuls ennemis qu’on pouvait apercevoir ; en effet, la route disparaissait dans le col de la montagne vers les terrains de rassemblement. Mais on entendait les trompettes de l’ennemi et les cris des officiers qui rassemblaient de plus en plus de soldats au-delà du col. Combien de milliers y en avait-il donc ?
    Les quarts d’heure se traînaient les uns après les autres. Les Mèdes n’en finissaient pas de se mettre en formation, mais personne n’avançait. Les vigies grecques commencèrent à les insulter. Dans le goulet, la chaleur et les besoins naturels exaspéraient les Grecs ; c’était absurde de continuer à suer sous l’armure complète.
    — Enlevez-la, mais tenez-vous prêts à la remettre dare-dare ! leur cria Dithyrambe, le capitaine thespien.
    Les servants s’empressèrent vers les premiers rangs, pour débarrasser leurs maîtres des corselets et des casques. Les corselets furent desserrés, les boucliers appuyés sur les genoux et les bonnets de feutre qu’on portait sous le casque furent essorés, tant ils étaient trempés de sueur. Les lances furent mises au repos, la queue sur le sol et la pointe en l’air ; elles ressemblaient à une forêt de fer. Les troupes eurent la permission de s’accroupir ; des servants circulèrent avec des outres d’eau, car tout le monde était assoiffé. Il était probable que les outres contenaient un rafraîchissement plus corsé que de l’eau de source.
    Avec l’attente, cela devenait irréel. Était-ce une fausse alerte, comme pendant les quatre jours précédents ? Est-ce que les Perses allaient vraiment attaquer ?
    — Assez de ces balivernes ! cria un officier.
    Les yeux rouges et la peau chauffée par le soleil, les soldats observaient Léonidas, là-bas sur le Mur avec les commandants. De quoi parlaient-ils ? Allaient-ils donner l’ordre de débander ?
    Même Dienekès s’impatientait.
    — Pourquoi est-ce donc qu’en temps de guerre on ne peut pas s’endormir quand on voudrait, ni rester éveillé quand il le faut ? maugréa-t-il.
    Il s’avançait pour dire quelques mots apaisants à son peloton quand, à l’avant, retentit un cri d’une telle intensité qu’il en eut le souffle coupé. Tout le monde regarda devant et en haut. Et les Grecs virent ce qui avait causé le retard.
    À plusieurs centaines de pieds, sur le flanc de la montagne, préalablement dégagé, des serviteurs perses escortés par une compagnie d’Immortels érigeaient une plate-forme avec un trône dessus.
    — Nom d’un petit cochon, murmura Dienekès en souriant, c’est le jeune Couilles d’Or en personne !
    Un personnage de trente à quarante ans, en robe de pourpre frangée d’or, gravit la plate-forme et s’assit. Il était à quelque huit cents pieds de distance et de hauteur, mais à sa prestance et à son éclat, il était impossible de se tromper. Il avait l’air de quelqu’un qui vient au spectacle. Ce serait un divertissement dont le dénouement était pour lui établi d’avance, mais qui promettait néanmoins d’être captivant. Un parasol fut fixé au-dessus de son trône, une table de rafraîchissements posée à côté et, à sa gauche, un secrétaire prit

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