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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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l’engagea à leur faire des sacrifices, ainsi qu’à Zeus et Mnémosyne. Agathe, l’une des sœurs « à deux clins » d’Ariston, avait fait confectionner une amulette d’ambre dédiée à Polymnie et Alexandros la portait accrochée au croisillon intérieur de son bouclier.
    Dienekès encourageait Alexandros à chanter. Les dieux concèdent à chaque homme un moyen de vaincre la peur et, pour Dienekès, Alexandros avait à coup sûr reçu le talent de la voix. L’art du chant à Sparte ne le cède qu’à la vaillance martiale, à laquelle il est d’ailleurs associé. C’est pourquoi les Lacédémoniens chantent en allant au combat : on leur a appris à ouvrir la bouche pour aspirer l’air et dilater les poumons jusqu’à ce que les accumulateurs se détendent et chassent les contractions de la peur.
    Il existe deux pistes de course dans la ville, le Petit Anneau, qui commence au Gymnase ; et le Grand Anneau, qui englobe cinq villages, au-delà d’Amyklai, le long de la Voie Hyacinthe et au travers des contreforts du mont Taygète. Alexandros courait sur le Grand Anneau, parcourant six stades pieds nus avant le sacrifice et après le souper. Les cuisiniers hilotes lui passaient en douce des rations supplémentaires. Et, par tacite contrat, les garçons de sa bande le protégeaient durant l’entraînement ; ils le protégeaient quand ses poumons lui manquaient et qu’il semblait promis à la punition. Mais ces faveurs lui valaient une honte secrète, à laquelle il remédiait en s’imposant des efforts encore plus ardus.
    Il commença à s’entraîner au « tout-va », ce type de lutte sans contrainte, unique à Lacédémone, où les combattants peuvent se mordre, se donner des coups de pieds ou s’arracher un œil, bref tout faire sauf demander grâce. Il se lançait à poings nus contre le sac des champions de pancrace, s’engageait dans des courses lestées et boxait dans les bacs de sable des entraîneurs. Ses mains délicates se couvraient de cals, son nez se cassa à nouveau, il se battit contre des garçons de son peloton et d’autres pelotons, et il se battit contre moi.
    J’avais forci rapidement. Mes mains aussi. Je surpassais Alexandros dans toutes les prouesses athlétiques et, dans le carré de boxe, je me retenais juste au point où je lui aurais complètement cassé la figure. Il aurait dû me détester, mais ce n’était pas dans sa nature. Il partageait ses rations supplémentaires avec moi et s’inquiétait de ce que je pusse être fouetté pour ne pas être assez dur avec lui.
    Au cœur de l’été, une guerre éclata contre les Antirhioniens. Quatre des douze divisions de l’armée furent mobilisées et renforcées par des détachements de Skirites, montagnards qui avaient leur propre régiment. Ce n’était pas une force à prendre à la légère : non seulement elle était entièrement lacédémonienne, mais encore elle était commandée par le roi lui-même. Le convoi des soldats mesurerait près de deux mille pas de long. Ce serait la première campagne de grande ampleur depuis la mort de Cléomène et la troisième que commanderait Léonidas en personne.
    Polynice y serait commandant de la garde royale. Olympias dirigerait le bataillon de La Chasseresse dans la division des Oliviers Sauvages et Dienekès serait commandant de peloton, ou énotomarque, dans le régiment Héraklès. Même Dekton, mon camarade hilote, était mobilisé comme gardien des animaux sacrificiels.
    Tout le réfectoire Deucalion, où Alexandros servait à l’occasion d’échanson, afin qu’il pût s’instruire au contact de ses aînés, fut mobilisé, à l’exception des cinq hommes les plus âgés, qui comptaient entre quarante et soixante ans. Alexandros comptait six ans de moins que l’âge requis pour servir sous les armes, mais cette mobilisation sembla le jeter derechef dans sa dépression. Les pairs qui n’avaient pas été mobilisés se rongeaient de frustration. L’atmosphère était à l’orage.
    Je ne sais sous quel prétexte un combat à la tout-va s’engagea un soir entre Alexandros et moi, à l’extérieur du réfectoire. Les pairs s’amassèrent pour l’observer, ils avaient besoin d’un peu d’action. La voix de Dienekès nous excitait à la bagarre. Alexandros semblait enragé ; nous nous battions à poings nus et les siens étaient aussi rapides que des flèches. Il me décocha un coup à la tempe, puis m’envoya son coude dans l’estomac. Je tombai.

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