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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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service à l ’agogê ; on lui donna son bouclier et il prit sa place parmi les pairs. Il choisit pour femme Agathe, comme il l’avait promis. Avant qu’il eût atteint vingt ans, elle lui donna des jumeaux, un garçon et une fille.
    Polynice fut couronné à Olympie pour la deuxième fois, au terme de la course en armure. Et sa femme Altheia lui donna un troisième garçon. Aretê ne donna plus d’enfants à Dienekès ; quatre grossesses l’avaient rendue stérile et son mari n’eut donc pas d’héritier mâle. L’épouse du Coq, Harmonia, lui donna un deuxième enfant, un garçon qu’il appela Messenius. Aretê présida à la naissance ; elle y délégua sa propre sage-femme et aida de ses mains à l’accouchement. Et moi, je portai la torche pour l’éclairer sur le chemin du retour. Elle ne dit mot, déchirée entre la joie de voir enfin un mâle naître de sa lignée pour défendre Lacédémone, et le chagrin de savoir que cet enfant, né de son neveu bâtard et plein d’hostilité à l’égard de ses maîtres spartiates, aurait un bien difficile passage à l’âge adulte. Il n’était jusqu’au nom que son père avait choisi pour lui qui n’augurât mal.
    Les myriades perses étaient arrivées en Europe. Elles avaient bâti un passage sur l’Hellespont et traversé la Thrace entière. Et les Alliés helléniques tergiversaient encore. Une force d’infanterie lourde de dix mille hommes, placée sous le commandement du Spartiate Evanète, fut envoyée à Tempé, en Thessalie, pour arrêter l’envahisseur à la frontière la plus au nord de la Grèce. Mais, une fois qu’ils furent arrivés, les Dix Mille découvrirent que le site était indéfendable. On pouvait le contourner par voie de terre, par le défilé de Gonnus, et par voie de mer, en passant par Aulis. Dépités et mortifiés, les Dix Mille se débandèrent et retournèrent dans leurs cités d’origine.
    Le Congrès hellénique était paralysé par le désespoir. La Thessalie était tombée aux mains de l’ennemi et avait ajouté son incomparable cavalerie aux escadrons perses. Thèbes vacillait, en proie à la tentation de la soumission. Argos se voulait étrangère à l’affaire. Les augures funestes et les présages abondaient. L’oracle d’Apollon, à Delphes, conseilla aux Athéniens de « fuir jusqu’aux confins de la terre ». À Sparte, le Conseil des Anciens, déjà notoirement lent à prendre des décisions, lambinait et s’agitait vainement. Il fallait dresser une barrière quelque part. Mais où ?
    À la fin, ce furent leurs femmes qui galvanisèrent les Spartiates. Et les choses se passèrent ainsi.
    Les réfugiés, dont beaucoup de femmes portant des enfants, déferlaient dans les dernières cités libres. Les jeunes mères coururent à Lacédémone, les gens des îles et leurs parentèles traversèrent la mer Égée pour fuir l’avance perse. Elles enflammèrent la haine de l’ennemi chez leurs auditeurs par des récits des atrocités commises par les conquérants au cours de leur précédent passage dans les îles. À Chios, à Lesbos, à Tenedos, l’ennemi ratissait chaque île, fouillant toutes les cachettes, s’emparant des jeunes garçons, assemblant les plus beaux pour les castrer et en faire des eunuques, tuant tous les hommes, violant les femmes et les vendant en esclavage. Quant aux bébés, ces héros de la Perse les projetaient contre les murs pour leur fracasser le crâne et répandre leur cervelle sur les pavés.
    Les femmes de Sparte écoutaient ces horreurs avec une fureur glacée, tandis qu’elles serraient leurs propres enfants dans leurs bras. Les hordes perses dévastaient alors la Thrace et la Macédoine, les assassins d’enfants étaient aux portes de la Grèce, et où étaient donc les défenseurs de Sparte ? Ils rentraient tout penauds de leur mésaventure de Tempé.
    Je n’avais jamais vu la ville dans un tel état qu’après la débâcle. Des héros couronnés de prix rasaient les murs, baissant les yeux de honte tandis que leurs épouses les accablaient de leur mépris hautain. Comment un échec tel que Tempé avait-il pu se produire ? N’importe quelle bataille et même une défaite eussent été préférables à l’absence de bataille. Commander une aussi magnifique armée, la faire parader devant les dieux, l’emmener aussi loin et ne pas faire couler de sang, même pas le sien, ce n’était pas simplement honteux, c’était blasphématoire.
    Le mépris des

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