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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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nous. Nous nous retournâmes, prêts à tout.
    C’était Alexandros. Il arriva sous les platanes, le manteau en boule devant lui et le dos nu. Le Coq et moi restâmes immobiles. Alexandros serait condamné une seconde fois au fouet s’il était vu ici à cette heure, et nous aussi par la même occasion.
    — Voilà, dit-il, dévalant la berge pour nous rejoindre. J’ai piqué ça dans la trousse du chirurgien.
    C’était de la cire de myrrhe ; il y en avait deux doigts enveloppés dans des feuilles de sorbier. Alexandros entra dans l’eau près de nous.
    — Qu’est-ce que tu lui as mis sur le dos ? demanda-t-il au Coq, qui s’écarta, l’air étonné.
    La myrrhe était l’onguent que les pairs appliquaient sur leurs blessures de guerre, du moins quand ils pouvaient s’en procurer, ce qui était rare. Alexandros serait battu jusqu’au sang si l’on apprenait qu’il avait dérobé ce précieux remède.
    — Mets-lui en un peu quand tu auras enlevé la mousse, dit Alexandros au Coq. Et puis essuie-la bien à l’aube, car, si quelqu’un la renifle, ce sont nos dos entiers qui y passeront et bien plus.
    Il mit le paquet de feuilles dans la main du Coq.
    — Il faut que je sois de retour avant l’appel, dit Alexandros.
    L’instant d’après, il avait disparu au sommet de la berge et ses pas s’éloignèrent doucement dans l’ombre, alors qu’il retournait vers les postes des garçons autour de la place.
    — Ça alors, je veux être pendu, déclara le Coq en secouant la tête. Ce petit crétin a de plus grosses couilles que je ne pensais.
    Quand nous arrivâmes à l’aube, avant le sacrifice, le Coq et moi fûmes appelés par Suicide, le servant scythe de Dienekès. Nous étions blancs de peur. Quelqu’un nous avait sûrement dénoncés.
    — Vous devez vraiment avoir de la chance, petits étrons, dit Suicide en nous conduisant à l’arrière de la formation.
    Dienekès se tenait là debout, seul et silencieux dans la pénombre qui précède l’aube. Nous nous plaçâmes à sa gauche, par déférence. Les flûtes résonnèrent ; la formation se mit en marche. Dienekès nous fit signe que nous devions rester là. Il était lui-même immobile, avec Suicide à sa droite, balançant son carquois d’« aiguilles à repriser » sur le dos.
    — J’ai examiné ton cas, me dit Dienekès, et c’étaient les premiers mots qu’il m’adressait depuis le soir où il m’avait envoyé chez lui. Les hilotes me disent que tu ne vaux rien comme garçon de ferme. Je t’ai observé dans l’équipe sacrificielle, tu es même incapable de raser correctement le cou d’une chèvre. Et ton comportement avec Alexandros démontre que tu obéirais à n’importe quel ordre, aussi idiot fût-il.
    Il me fit signe de me tourner.
    — Il semble que le seul talent que tu possèdes soit de cicatriser vite.
    Il se pencha pour renifler mon dos.
    — Si je ne connaissais pas les faits, je jurerais que ces blessures ont été passées à la cire de myrrhe.
    Suicide me donna un coup pour me retourner vers Dienekès.
    — Tu as une influence malsaine sur Alexandros, me déclara Dienekès. Un garçon n’a pas besoin d’un autre garçon et certainement pas d’un faiseur d’embrouilles comme toi ; il a besoin d’un homme mûr, quelqu’un qui ait assez d’autorité pour l’empêcher de faire des sottises, comme de courir après l’armée. Je lui assigne donc mon homme à moi – et, d’un geste de la tête, il indiqua Suicide. Je te renvoie, dit-il.
    Dienekès s’adressa ensuite au Coq.
    — Et toi, le fils d’un héros Spartiate, tu ne peux même pas tenir un coq sacrificiel en main sans l’étrangler. Tu es pathétique. Tu as la bouche plus incontinente qu’un cul de Corinthien et chaque fois que tu braies, c’est pour parler de trahison. Je te rendrais service en te tranchant le cou ici même pour épargner cette peine aux krypties.
    Il lui parla ensuite de Mérion, le servant d’Olympias qui s’était si vaillamment battu la semaine précédente à Antirhion. Aucun de nous deux ne voyait où il voulait en venir.
    — Olympias a plus de cinquante ans, il possède toute la prudence qu’il lui faut. Son prochain servant devrait compenser son âge par sa jeunesse. Quelqu’un d’inexpérimenté, de fort et de téméraire. Il considéra Dekton d’un air de mépris. Les dieux seuls savent quelle folie l’a pris, mais Olympias t’a choisi. Tu remplaceras Mérion. Tu es maintenant son premier

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