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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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servant. Va le voir tout de suite.
    Le Coq clignait des yeux, soupçonnant un piège.
    — Ce n’est pas une plaisanterie, dit Dienekès, et tu ferais bien de ne pas la prendre comme telle. Tu marcheras dans la foulée d’un homme qui vaut mieux que la moitié de ses pairs. Si tu fais une bêtise, je te ferai rôtir moi-même sur le feu.
    — Je n’en ferai pas, seigneur.
    Dienekès le considéra un long moment.
    — Ferme ta gueule et fous le camp.
    Le Coq s’élança au pas de course derrière la formation. Je confesse que j’étais malade de jalousie. Le premier servant d’un pair, et pas seulement ça, mais aussi d’un polémarque et compagnon de tente du roi. Je détestai le Coq pour sa chance insensée.
    Mais était-ce bien de la chance ? L’image d’Aretê me revint en mémoire. C’était elle qui avait manigancé tout cela. J’en fus encore plus amer et regrettai de lui avoir confié ma vision d’Apollon aux flèches qui vont loin.
    — Fais-moi voir ton dos, ordonna Dienekès.
    Je me retournai une fois de plus ; il siffla d’admiration.
    — Par les dieux, si c’était une épreuve olympique, tu serais le favori des parieurs aux concours de fouet.
    Il m’ordonna de me retourner et de rester au garde-à-vous ; il m’examina pensivement, d’un regard qui allait au tréfonds de moi.
    — Les qualités d’un bon servant de combat sont simples. Il doit être bête comme une mule, insensible comme un poteau et obéissant comme un imbécile. Eu égard à ces qualités, Xéon d’Astakos, ta fiche est impeccable.
    Suicide ricanait sombrement. Il tripotait quelque chose derrière le carquois dans son dos.
    — Vas-y, va voir, ordonna Dienekès.
    Je levai les yeux. Le Scythe tenait un arc. Mon arc. Dienekès me dit de le prendre.
    — Tu n’es pas assez fort pour être mon premier servant, mais, si tu es capable de tenir ta tête hors de ton cul, tu pourrais presque faire un respectable servant en second.
    Suicide mit l’arc dans ma main, la grande arme de cavalerie thessalienne qui m’avait été confisquée quand, à douze ans, j’étais entré à Lacédémone.
    Je n’arrivais pas à arrêter le tremblement de mes mains. Je tâtai le frêne chaud de l’arc et je sentis la vie qui le parcourait.
    — Tu feras le paquetage de mes rations, de ma literie et de ma trousse de médecine, dit Dienekès. Tu cuisineras pour les autres servants et tu chasseras pour mon ordinaire, lors des exercices à Lacédémone et quand nous serons en campagne à l’étranger. Acceptes-tu ?
    — J’accepte, seigneur.
    — Au pays, tu as le droit de chasser des lièvres et de les garder pour toi, mais ne te vante pas de tes bonnes fortunes.
    — Je ne le ferai pas, seigneur.
    Il me considéra de cet air amusé que je lui avais parfois vu, de loin, et que désormais je verrais de près bien plus souvent.
    — Qui sait, dit mon nouveau maître, avec un peu de chance, tu pourrais même te retrouver dans un combat avec l’ennemi.

LIVRE QUATRIÈME
    ARETÊ

1
    L’armée de Lacédémone allait lancer vingt et une campagnes différentes au cours des cinq années suivantes, toutes contre d’autres Hellènes. Cette hostilité que, depuis Antirhion, Léonidas avait tenté de concentrer contre les Perses se trouvait orientée vers des cibles plus proches, les cités de Grèce qui inclinaient perfidement à la trahison et s’alliaient d’avance avec l’envahisseur pour se sauver : La puissante Thèbes, dont les aristocrates exilés conspiraient sans fin avec la cour perse et cherchaient à regagner leur puissance en vendant leur pays à l’ennemi.
    La jalouse Argos, la plus proche et la plus féroce adversaire de Sparte, dont la noblesse traitait ouvertement avec les émissaires de l’Empire. La Macédoine sous Alexandre (3) avait depuis longtemps offert des gages de soumission. Athènes, elle aussi, comptait des aristocrates exilés qui complotaient dans le camp des Perses pour rétablir leur pouvoir sous pavillon perse.
    Sparte elle-même n’était pas à l’abri de la trahison, puisque son roi déposé, Démarate, s’était exilé et figurait parmi les sycophantes entourant Sa Majesté. Que pouvait-il donc espérer d’autre que retrouver le trône à Lacédémone en qualité de satrape du Seigneur de l’Orient ?
    Trois ans après Antirhion, Darius de Perse mourut. Quand la nouvelle parvint en Grèce, les cités se reprirent à espérer. Peut-être la mobilisation des Perses serait-elle

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