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Les murailles de feu

Les murailles de feu

Titel: Les murailles de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Pressfield
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d’hommes déferleraient au travers et ils arriveraient à quelque sept cent cinquante stades de nous. À nos portes.
    — Combien seront en tête ? demanda Léon le Noir.
    Il voulait parler de la force de tête Spartiate qui, comme toujours en avance sur la mobilisation, serait dépêchée immédiatement aux Thermopyles pour prendre ses positions avant que les Perses n’arrivassent et que le gros de l’armée la suivît.
    — Vous l’apprendrez de la bouche de Léonidas demain, répondit le vieillard. Mais il s’avisa de la frustration des jeunes. Trois cents, ajouta-t-il alors. Tous des pairs et pères.
    Mon maître avait une façon de serrer les mâchoires, comme lorsqu’il était blessé et qu’il ne voulait pas que ses hommes sachent ce qu’il endurait. C’était ce qu’il faisait à présent.
    Une unité dite « de pères » n’était composée que d’hommes qui avaient engendré des garçons mâles. Cette clause visait à s’assurer que, si les guerriers mouraient, leur lignée ne s’éteindrait pas. Une unité de pères était donc une unité-suicide. Une force constituée pour résister et mourir.
    Mes devoirs ordinaires au retour d’un entraînement étaient de nettoyer et ranger l’équipement de mon maître et de veiller, avec les serviteurs du réfectoire, à la préparation du souper. Mais, ce jour-là, Dienekès demanda à Léon le Noir que son servant assumât également mes tâches. Parce qu’il m’ordonna de courir chez lui pour informer son épouse Aretê que, le régiment ayant été débandé, il rentrerait chez lui sous peu ; je devais également transmettre à son épouse l’invitation suivante : consentirait-elle à l’accompagner l’après-midi, avec ses filles, dans une promenade dans les collines ?
    Je m’élançai, transmis le message et fus libre de mon temps. Mais une impulsion me fit rester sur place. Du haut de la colline qui dominait la maison de mon maître, je vis ses filles franchir la barrière et s’élancer en courant pour l’accueillir sur la route. Aretê avait préparé un panier de fruits, de fromage et de pain. Elles étaient toutes pieds nus et portaient de grands chapeaux contre le soleil. Je vis ensuite mon maître prendre sa femme à part pour un entretien à l’ombre des chênes. Ce qu’il lui dit la fit fondre en larmes. Elle l’embrassa passionnément, lui enserrant le cou de ses bras. Dienekès sembla d’abord résister, puis il céda et à son tour l’étreignit.
    Les filles criaient, impatientes de les rejoindre. Deux chiots aboyaient à leurs pieds. Dienekès et Aretê relâchèrent leur étreinte. Mon maître prit dans ses bras la plus jeune de ses filles, Ellandra, et la mit à califourchon sur ses épaules. Il prit la main d’Alexa et ils s’en furent, les filles criant leur joie et Aretê les suivant de près.
    On n’enverrait pas de corps d’armée aux Thermopyles ; c’était là une histoire pour affermir la confiance des Alliés et stimuler leur courage. Seuls les Trois Cents partiraient, avec l’ordre de résister et de mourir.
    Dienekès ne serait pas de leur nombre. Il n’avait pas engendré d’enfant mâle et ne pouvait donc être choisi.

2
    Il me faut ici rapporter un incident de bataille, antérieur de plusieurs années ; ses conséquences devaient profondément affecter les vies de Dienekès, d’Alexandros, d’Aretê et des autres personnages de ce récit. Il survint à Oenophyta, dans une guerre contre les Thébains, un an après Antirhion.
    Mon camarade le Coq y fit preuve d’un héroïsme extraordinaire. Comme moi, il n’avait alors que quinze ans et, tout inexpérimenté qu’il fût, il assistait depuis moins de douze mois Olympias, père d’Alexandros, en qualité de premier servant.
    L’affrontement venait de commencer. Les régiments Ménélaion, Polias et des Oliviers Sauvages étaient engagés dans un combat furieux contre l’aile gauche des Thébains, massés sur vingt rangées au lieu des huit réglementaires et résistant avec une obstination terrifiante. Pis, cette aile gauche thébaine dépassait la droite Spartiate d’environ un stade et demi, quelque deux cents pas, et l’ennemi commençait donc à déborder, menaçant de prendre à revers le régiment Ménélaion. Parallèlement, l’aile droite de l’ennemi, qui subissait les plus lourdes pertes, se désagrégeait et reculait contre les rangs serrés de ses arrières. La droite des Thébains s’effondrait donc alors que la

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