Les Mystères de Jérusalem

à confesser, commença-t-il. Toutefois, avant d'en venir là, je dois vous dire qu'Angus et moi-même venons de passer une heure sur les poussières retirées de la jarre d'En Tamar. je dis poussières car, hélas, les rongeurs ont précédé le naja dans la poterie - avant, sans doute, de lui servir de repas. Notre regretté professeur Cahmani n'aura pas eu la déception de ce constat. On pourrait d'ailleurs songer à la puissance symbolique de ce destin : les documents anathèmes dévorés par les rats du désert avant d'être eux-mêmes ingérés par le cobra sentinelle de Pharaon, l'aspic de Cléop‚tre qui va abattre le chercheur de la connaissance...
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    Doron pianota bruyamment sur la table. ,
    - Bien, venons-en à l'essentiel. Messieurs, nous sommes déson-nais en mesure de considérer que l'un au moins des documents qui sommeillaient chez Rab HaÔm après avoir, on ne sait comment, évité la fureur destructrice des siècles est d'une valeur inestimable. D'ores et déjà il efface nombre d'insuffisances et d'invraisemblances des interprétations historiques, et il assigne de nouvelles perspectives à la réflexion.
    Rosenkrantz se tut, nous regarda un à un, referma les paupières devant notre mutisme. Doron inspira si profondément que son ventre épousa le rebord de la table et dit :
    - S'il vous plaît, professeur! Il y a dehors des gens qui sont prêts à
    faire sauter des bombes dansjérusalem à cause de ces...
    Rosenkrantz le foudroya du regard avant qu'un bruit de crécelle s'échappe de ses lèvres à peine entrouvertes. Il riait.
    - je songeais précisément, commandant, aux efforts déployés par vous-même et ces messieurs ici présents, sans compter ceux dont vous parlez, pour débusquer le trésor du Temple dans l'espoir de découvrir des documents extraordinaires, alors que le plus humble desjuifs de cette ville, notre cher Rab HaÔm, était pour ainsi dire assis dessus. Lorsque l'…ternel, béni soit Son nom, nous donne une leçon, il convient de l'entendre.
    Nouveau silence. Penaud, je dois dire, quant au mien. Tom regardait Rosenkrantz comme s'il découvrait une nouvelle espèce humaine, Orit se mordait les lèvres pour retenir un petit rire nerveux qui avait déjà gagné
    Wilson. Doron se tourna vers Yossi, jusqu'à présent aussi immobile qu'une ombre, ne frémissant si j'ose dire que par sa cigarette non allumée et ardemment m‚chouillée. Doron reposa ses mains sur sa panse.
    - Yossi, tu peux aller fumer dans le couloir et tu me rapportes du café, s'il te plaît, dit-il sur le ton d'un homme prêt à faire face aux complications d'un accouchement.

    Puis, en pointant le plafond, tandis que Yossi se levait, il ajouta : 1
    - B est truffé d'électronique, A la moindre fumée le système de sécurité
    nous inonderait.
    - Puis-je poursuivre, commandant? grinça Rosenkrantz.
    - je me demandais si vous en aviez envie, professeur.
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    Wilson tressauta, mais Rosenkrantz se lança pour de bon : - Tout ce que j'avais pressenti, tout ce qu'Angus et moimême avons affirmé dès que nous avons pu consulter les premiers manuscrits s'est vérifié, à ceci près que ... je m'étais trompé sur un point essentiel.
    Il étala devant lui le rouleau des photocopies des papyrus.
    Ma bévue est d'avoir pris ce manuscrit pour le texte fondateur de l'ordre des esséniens. Or il s'agit en vérité de l'écrit fondateur de la secte de Damas!... Ce point mérite une explication, que j'espère rendre limpide.
    Après la destruction &Jérusalem et de son Temple par Nabuchodonosor, le roi de Babylone, en 587 avant notre ère, une partie du peuple juif fut déportée sur les rives du Tigre et de l'Euphrate. C'était le début d'un long exil.
    Pour ces déracinés, le souvenir de la " petite ville fortifiée " qu'était alorsJérusalem embellissait au fil des ans : Assis au bord desfieuves de Babylone, nous pleurons en pensant à _7érusalem... Et c'est ainsi que la douleur de la séparation engendra la nostalgie du retour, l'idée de la délivrance, l'espoir d'un Messie, le rêve de Jérusalem, comme nous l'a si bien exposé M. Halter avant-hier... Et je suis en mesure de répondre à
    votre question restée en suspens : oui, monsieur, l'histoire du Christ commence à Babylone... Oui, c'est bien en Babylonie qu'apparaît pour la première fois l'expression " Fils de l'Homme ", et toujours en Babylonie que se crée le mythe d'une mise à mort suivie d'une résurrection.
    Les yeux bleus de Rosenkrantz,