Les Mystères de Jérusalem
murs de Jérusalem me paraissaient plus silencieux que jamais.
La porte-fenêtre de la chambre de Tom s'ouvrit. Orit sortit sur la terrasse et se tourna vers moi, le regard incertain. Ses cheveux étaient dénoués.
je lui fis signe d'approcher.
Elle enjamba la murette et vint se placer derrière moi, si près de mon dos que je pus sentir son souffle dans ma nuque.
- Doron vient d'appeler, dit-elle à voix basse. Il nous attend.
- Comment va Tom?
- Pas trop mal. Il commence à admettre qu'il ne pouvait pas mieux agir qu'il ne l'a fait, et que Calimani mesurait très bien les risques qu'il prenait.
J'approuvai d'un hochement de tête.
388
- je lui ai raconté ce que savait de lui mon oncle Arié, repritelle du même ton neutre. quand Calimani était membre des commandos de MordéchaÔ Gur, en 1967...
Il y eut un silence. J'essayais de m'imaginer Calimani, jeune homme, participant à un combat d'une grande violence pour la reprise dejérusalern
" appartenant " alors auxiordaniens. E ne m'en avait rien dit et rien dans son comportement ne laissait soupçonner pareil passé. Mais il y avait sans doute bien d'autres secrets dans la vie du professeur Giuseppe Calimani.
Les mains d'Orit se posèrent sur mes épaules. ¿ travers ma chemise, ses doigts caressèrent doucement mes muscles tendus.
- je ne regrette rien, souffla-t-elle.
34
L'inouÔ
Cette fois nous n'étions pas dans le bureau de Doron, mais dans une salle de réunion borgne, close par des doubles portes matelassées, aux murs blancs incrustés d'une dizaine d'écrans de télévision éteints et d'une carte électronique &Jérusalem, elle aussi éteinte. Une longue table ovale et une douzaine de fauteuils d'acier et de cuirjaune constituaient le seul mobilier. Le genre de salle o˘ l'on s'enferme pour écouter, dire et décider ce qui deviendra la matière des secrets. je préférais ne pas imaginer ce que ces murs avaient pu entendre.
Nous étions tous là : Orit, Tom, le professeur Rosenkrantz - débarrassé de ses béquilles -, Wilson et ses grosses lunettes, Doron, bien s˚r, et même Yossi-Staline. Nous étions tous là, sauf un qui, de son vivant, occupait beaucoup de place et semblait vouloir en prendre davantage encore par son absence.
Les visages étaient figés. Doron commença très solennellement par un discours d'éloges à Calimani, précisant que son corps allait, dans la nuit même, être rapatrié à Venise, o˘ il avait toujours désiré être enterré.
Tandis que Doron parlait, le regard mobile et sévère, je m'aperçus qu'il ne disposait d'aucune tasse ou Thermos de café à portée de la main. je me demandai, non sans perfidie, si c'était sa manière à lui de porter le deuil d'un homme qu'il connaissait depuis plus de trente ans.
Il poursuivit en reprenant par le menu ce qui s'était passé à En Tainar, s'employant à dégager Yossi de toute responsabilité.
390
Yossi - qui mordillait nerveusement une cigarette éteinte - avait scrupuleusement respecté le dispositif prévu afin de capturer vivants les tueurs. Ce qui, compte tenu des circonstances, avait échoué. ¿ ma surprise, Doron se montra très chaleureux envers Tom, s'efforçant de le libérer lui aussi de tout sentiment de culpabilité.
- Franchement, et vous savez que de ma part ce n'est pas de la flagornerie, vous m'avez impressionné. Et je vous le dis : j'aurais pris exactement la même décision que vous. Vos chances de récupérer Calimani avant l'arrivée des motards étaient nulles. Même si les hélicos étaient intervenus plus tôt, ils ne pouvaient tirer sur ces salopards sans vous atteindre. Vous vous seriez tout simplement fait descendre tous les deux.
- J'aurais d˚ rapprocher le 4 X 4 avant que nous commencions les fouilles, laissa tomber Tom d'une voix sourde. Vous le savez bien.
- Possible. Mais la vérité, c5est que nous avons tous eu un problème de timing. Le serpent a foutu le bordel! On pouvait s'attendre à tout, sauf à
ce naja! Rien ne se passe jamais comme sur le papier. «a s'appelle le risque ou le prix à payer. Chaque chose a son prix. Giuseppe le savait mieux que personne.
Les yeux d'Angus Wilson battirent derrière ses lunettes tandis que les paupières de Rosenkrantz restaient closes. Le chignon impeccable, Orit gardait les yeux baissés sur ses mains.
Doron reprit la parole, me regardant cette fois, pour évoquer ma rencontre avec l'homme du Hamas.
- Dans l'ensemble, nous avions compris le principe. Lejeune Ahmed.
Weitere Kostenlose Bücher