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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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stimuler certains à coups de plat d’épée, tandis que le roi, parfois, les tançait en riant :
    — Allons, fainéants !… Ne voulez-vous plus voir Calais !
    L’armée se sépara en deux, non plus au gré des chemins et des sentes, mais selon les commandements. Tandis qu’il cheminait sur une motte déclive, en bordure d’un bois de hêtres, Ogier crut voir étinceler la mer.
    — Où sommes-nous ? dit-il à voix haute.
    Guy de Nesle, qui passait au galop, lui lança :
    — Nous avons passé les ruines de Peuplingues, nous parvenons à la forêt de Coquelles… Allez à senestre, vers le mont Sangatte… Le roi y va aussi… Moi, je vais vers Calais, à dextre…
    Ogier prit à gauche avec ses hommes. Se retournant, il vit la bannière de Philippe VI, derrière l’épaisse herse des lances, se diriger, elle aussi, vers Sangatte. On entendit des hurlements : les palefreniers retenaient des chariots trop lourdement emplis. En peu de temps, toutes les crêtes furent couronnées d’hommes d’armes, et leurs rangs étaient d’autant plus serrés qu’en contrebas, la terre était humide et traîtresse :
    — N’avancez plus ! criait-on çà et là.
    Par un sentier caillouteux, Ogier atteignit le sommet d’une motte et vit la mer grise et échevelée d’argent, pareille à celle du Cotentin.
    — Nous les voyons enfin ! dit-il à Thierry tout proche.
    Le soleil embrasait les deux Calais : le vrai, constitué de pierre et d’ardoise, et le faux avec ses murs de bois, ses toits de chaume et de genêt, ses hourds dominant des portes larges ouvertes, ses bannières hautes et insolentes, et les floches des fumées signifiant qu’ici, hors de la vieille enceinte, on mangeait, buvait, riait à satiété. Sur le pourtour de la cité d’Édouard, et comme pour affermir ses défenses, des milliers de tentes dressaient leurs entonnoirs colorés : l’armée goddonne séjournait là pourvue de ses échoppes, forges, enclos pour chevaux et bêtes de trait. Bien que l’existence en ces lieux fut ce qu’elle était partout ailleurs en prévision d’une bataille, Ogier, sourcils froncés pour avoir meilleure vue, lui trouva l’apparence plus tranquille que celle qu’il avait pressentie en découvrant Hesdin.
    — Ils vont et viennent comme au marché.
    — Oui, Thierry. Cependant sois acertené qu’ils nous attendent de pied ferme.
    Quant au Calais martyr, des ombres et des clartés se disputaient ses murailles. Les tours fléchées de ses églises semblaient des bras levés vers le ciel comme pour implorer sa clémence ou son aide.
    — Les oiseaux et les mouettes sont rares, dit Tinchebraye. Il doit en passer fort peu au-dessus de notre Calais, par crainte d’y recevoir quelque trait d’arc ou d’arbalète !
    — Cette cité de bois, dit Courteille, on dirait un grand fer à cheval dont les branches touchent la mer.
    — Ils sont pris en tenaille, dit Raymond, pour ne pas être en reste.
    — Avançons, les gars, dit Ogier tout en flattant l’encolure de Marchegai, immobile, mais qui humait à pleins naseaux l’air marin recouvré. La vue nous sera meilleure…
    Se frayant un chemin dans la cohue des piétons indécis, il entraîna ses compagnons quelque deux cents toises plus loin.
    — Holà ! s’exclama Thierry en arrêtant Artus. Voyez ces barges, ces vaisseaux, ces flettes [341] ancrés de part et d’autre du port… Toute nef, voire toute barque qui voudrait y entrer pour secourir les malheureux serait assaillie avant même de franchir le chenal… Et je suis sûr que d’où nous sommes, nous ne pouvons voir toutes les défenses des Goddons, car au Levant, si je n’ai la berlue, je crois que ce sont des vaisseaux que ces malandrins ont tiré sur les dunes plutôt que d’y construire des châtelets de bois !
    — Ce que je vois, moi, dit Ogier, ce sont des tours, devant leur camp de toile, pour renforcer toutes les défenses !… Et elles n’ont pas été bâties la semaine dernière !
    — Ils ont eu un an pour s’apprêter à nous recevoir, dit Le Hanvic, maussade.
    « A-t-il peur ? » se demanda Ogier, tandis que Joubert, sa bannière droite sur l’étrier, ricanait :
    — Un an ! Le roi Philippe leur a donné bien du loisir !
    — Nous sommes là, sous le soleil, dit Raymond. Si nous n’en étions informés, nul d’entre nous ne pourrait deviner qu’à moins d’une lieue, de hardis et fiers citadins crèvent de faim !
    Autour d’eux, piétons et

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