Les noces de fer
six, vingt ou cent, un fait est certain : il y eut Eustache de Saint-Pierre, dont ses héritiers eurent honte au point qu’ils ne cherchèrent jamais à récupérer ses biens ! Et pour une telle honte, le mot collaborateur est bien petit.
Au moins cette histoire contestable aura-t-elle permis à Rodin l’élaboration d’un chef-d’œuvre lui, incontestable !
Quant à Philippe VI, nullement gêné par son humiliante retraite, il fit ce qui était en son pouvoir pour récompenser les Calaisiens ayant eux, vraiment, abandonné leurs biens sans espérance de récupération. Par une ordonnance datée d’Amiens, le 7 septembre 1347, il leur fit don de toutes les forfaitures qui viendraient à échoir dans le royaume. Le lendemain, il leur concéda également tous les offices dont la domination lui appartenait ainsi qu’au duc de Normandie. Enfin le 10, il leur accorda un grand nombre de franchises et privilèges. Puis il s’occupa de conclure une trêve avec cet ennemi trop fort pour lui et qui non seulement peuplait Calais d’Anglais de toutes conditions, mais y débarquait surtout des guerriers puisque son armée se composait alors comme suit : 13 comtes, 44 barons et bannerets, 1 046 chevaliers, 4 022 écuyers, connétables et conduiseurs, 5 104 taverniers et archers à cheval, 335 revendeurs, 500 hoblers (soldats équipés à la légère, mais devant entretenir un cheval), 15 480 archers à pied, 314 charpentiers, armuriers, canonniers, etc., 4 474 Gallois à pied, 700 maîtres, capitaines marins, pages ; 300 vaisseaux, barques et nefs de transport.
La plupart des capitaines qui défendirent Calais étaient entrés dans la cité par mer au commencement du siège. Outre Jean de Vienne, il y avait quelques chevaliers de l’Artois et de le comté de Guînes ; Arnould d’Audrehem, Jean de Surice, Baudouin de Bellebrune, Enguerrand de Beaulo, le sire de Grigny, Geoffroy de la Motte, Pépin du Wer.
Le renvoi des « bouches inutiles » de Calais, un mercredi de l’hiver 1346-1347, a donné lieu à des contestations quant au nombre des exclus et à la façon dont ils furent traités. Froissart dit qu’ils étaient 1 700, femmes et enfants – vieillards aussi, sans doute –, Édouard les aurait bien reçus, les aurait nourris et leur aurait fait l’aumône. Knighton dit qu’ils étaient 500 et qu’ils périrent de faim et de froid entre Calais et la cité anglaise que le roi avait appelée Ville-Neuve-la-Hardie.
Un tel événement n’était pas une nouveauté, malheureusement. Lors du siège de Château-Gaillard par les guerriers de Philippe-Auguste, l’hiver 1203-1204 fut particulièrement rude. L’armée française demeura dans ses lignes. Roger de Lascy, qui commandait dans le château pour Jean sans Terre, se vit contraint, pour ménager les vivres, de chasser les habitants du petit Andely qui s’étaient placés sous sa protection derrière ses murailles. Ces 1 200 malheureux repoussés par les assiégés et par les assiégeants moururent de faim et de misère dans les fossés.
La trêve entre les deux rois fut conclue le 28 septembre 1347. Elle devait durer jusqu’à la quinzaine de la fête de Saint-Jean-Baptiste 1348, les médiateurs étant les cardinaux Annibal Ceccano et Étienne Aubert. Ensuite ? Eh bien, le contemptible roi de France allait poursuivre son règne jusqu’à la nuit du dimanche 22 au lundi 23 août 1350 où, en l’abbaye de Coulombs, à un kilomètre de Nogent, il rendit à Dieu son âme légère, légère…
Hugues de Payns était-il ardéchois ?
Propos d’un lecteur… et de l’auteur
Puisque les Noces de fer sont rééditées, il me paraît utile de reproduire en fin de volume la lettre que je reçus de M. Pierre Le Maux, la Penchênerie à Prayssac (Lot) peu après qu’il eut lu la première édition de cet ouvrage. Il m’écrivit :
Connaissant chez vous la rigueur et l’honnêteté historique (Merci, cher lecteur), je me permets de vous écrire concernant la page 147, sur Hugues de Payen, né à Payns vers 1080. Vous faites là une erreur devenue classique que chaque écrivain reconduit indéfiniment. Je ne doute pas que si vous aviez eu l’intention d’écrire une biographie sur Hugues de Payen (ou Pagan), vous l’eussiez vue.
Le premier Grand Maître de l’Ordre n’est jamais né à Payns, en Champagne. Il naquit le mardi 9 février 1070 au château de Mahun, commune de Saint-Symphorien-de-Mahun en Ardèche. Mort
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