Les noces de fer
le dimanche 24 mai 1136, sans enfant.
Son acte de naissance a été retrouvé à Cahors en 1897 (cf. Esquieu : Les Templiers de Cahors, paru dans le Bulletin de la Société littéraire, scientifique et artistique du Lot, 1898 ). Dans les œuvres posthumes du comte de Pagan ( Vie d’Hugues de Pagan, fondateur de l’Ordre du Temple, Paris, 1691), on peut lire :
Son père, surnommé « Le Maure de la Cardille », était originaire de Langogne, aux sources de l’Allier. Ses ancêtres avaient passé les Alpes avec Tancrède de Normandie vers l’an 1000. Ils acquirent le surnom de Payen à leur famille par les beaux exploits qu’ils firent contre les infidèles mahométans (Philiberto, campanile delli insigni dei nobili).
Pour vous qui êtes féru d’héraldisme, voici ses armoiries : d’or à trois têtes de maure de sable, en tenant. (Lire à cet effet Les Familles chevaleresques du Lyonnais, de Vachez.)
Ne me posant absolument pas en professeur corrigeant vos œuvres, sûrement pas, j’ose croire, Monsieur, que vous comprendrez l’esprit d’exactitude qui m’anime concernant ces notes.
Cette lettre était datée du 24 mars 1997.
J’ai évidemment remercié M. Le Maux pour ces révélations. Il me répondit quelques jours plus tard :
Dans votre lettre, vous faites allusion aux neuf chevaliers, les premiers du futur Temple.
Cette liste, vous devez la connaître. Il est exact qu’elle comporte quelque flou. La raison en est simple, ou plutôt les deux raisons principales, qui sont identiques d’ailleurs, mais à des époques différentes.
• La première est, lors de la chute de Saint-Jean-d’Acre, ou plus exactement Accos, en mai 1291 par les troupes fort nombreuses du sultan Malec El-Esserach, le Temple avait essuyé de très lourdes pertes, y compris celle du Grand Maître d’alors : Guillaume de Beaujeu (qui sera la dernière grande figure du Temple. C’est sous son magistère que sera reçu dans l’Ordre, en 1281, Roncelin du Fos, chevalier de Provence).
Les survivants de ces très durs combats, 18 Templiers et 16 chevaliers de l’Hôpital, se réunirent à la forteresse de Sayète où les Templiers ainsi que ceux du Chapitre, ou du moins ce qu’il en restait, tinrent un couvent pour élire un nouveau grand maître en remplacement de Bellojocco. Après un seul tour, le choix s’arrêta sur Thibaud Gaudin, frère chapelain, commandeur du Temple. C’est lui qui, avec l’aide de Pierre de Sévry, maréchal du Temple, prit le commandement à la mort du Grand Maître survenue le 18 mai 1291. Ce fut, il est vrai, un grand maître de transition. On ne peut leur en vouloir de leur choix : le désastre était trop grand et les survivants trop peu nombreux. Ils firent ce qu’ils purent.
Après cette élection, ils s’embarquèrent pour l’île de Chypre. Là, plus au calme, ils constatèrent que beaucoup d’archives avaient disparu, soit dans l’écroulement des murailles, soit dans les incendies. Ce jour-là, le Temple perdit une partie de sa mémoire.
• La deuxième raison : Quand Philippe IV le Bel fera main basse sur le Temple avec ses sbires, y compris le sinistre Guillaume de Nogaret dont les parents étaient patarins, et la complicité du pape d’alors, Clément V, là aussi pas mal d’archives disparurent, brûlées.
La sauvegarde par les Templiers eux-mêmes, dont certains documents furent éparpillés au gré des voyages vers les commanderies lointaines (celles d’Allemagne, Portugal, via l’Espagne ou l’Angleterre). Je fais ici allusion aux douze dignitaires de l’ordre « qui s’en sont fuis », le jeudi 12 octobre 1307, sous le commandement du frère Gérard de Villers avec cinquante chevaux. Je m’arrête là car le sujet est trop vaste.
Bref, c’est ce qui explique en partie les listes restées incomplètes sur pas mal de sujets. Car refaire des listes de mémoire ?… Concernant les noms des neuf premiers frères, ce sont, bien sûr, Hugues de Payen et son lieutenant et ami Godefroy de Saint-Omer, chevalier flamand ; Payen de Montdidier qui deviendra maître du Temple en France, nommé par Hugues de Payen en 1130 avant son départ pour la Terre sainte dès 1131. Gondemar (?) dont on ignore à peu près tout sauf qu’il avait une forte personnalité. Rotald ou Rossai (voire Roland). Archambaud de Saint-Agnan (ou Anian). Geoffroy Bisol (ou Bisot). André de Montband qui servira au début comme « confrère du Temple » et deviendra
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