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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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accablant une épouse!
    Un murmure de protestation s'éleva de l'assemblée.
    Tout cela, d'ailleurs, Amalbert, ni ne t'accuse ni ne t'innocente. Faire périr Laure, tu avais certes, pour cela, bien des raisons : la faillite tumultueuse de votre union, les démarches entreprises par ta compagne pour regagner Narbonne avec votre enfant, un fils que tu adores. Tu n'aurais jamais accepté qu'il te f˚t enlevé.
    Ajoutons que l'on ne possède, sur les heures pendant lesquelles la tragédie a eu lieu, que ton témoignage, très sujet à caution.
    Un témoignage facile à vérifier !
    Pas si facile. Mais, au besoin, nous nous y
    emploierons.
    L'abbé saxon fit apporter un gobelet de cervoise qu'il but d'un trait.
    Puis, s'adressant à Harbald, il lui dit sur un ton confidentiel :
    -
    Avec moi, tu estimeras inutile, je pense, de reve≠
    nir maintenant sur un prétendu secret de famille qui, d'ailleurs, a cessé depuis longtemps d'en être un.
    Prenant à témoin l'assistance, il poursuivit :
    -
    Parmi vous, qui pourrait ignorer ce que Laure a fait connaître à qui voulait l'entendre, à savoir la raison pour laquelle elle avait abandonné le domicile conju≠
    gal? qui pourrait avoir oublié le scandale qu'a suscité
    son départ pour Agde o˘ elle allait retrouver Amalbert afin de vivre avec lui? Le temps, ensuite, peu à peu, avait jeté un voile sur ces errements, jusqu'au moment o˘ on a appris que ses amours avec ce suborneur lui avaient, elles, donné un fils. Le scandale, de nouveau, a alimenté
    commérages et ragots, rebondissant de plus belle lorsqu'on a su qu'elle se proposait de regagner Narbonne pour habiter, selon ce qu'on a appris, chez son père, en tout cas pas pour revenir vivre avec toi, Harbald.
    J'étais tout prêt à l'accueillir, moi, plaça Catulle.
    C'était ma fille et je l'aimais.
    Voyez donc cela, vous qui m'écoutez : cette
    femme, issue de ton éminente famille, après s'être don≠
    née à un aventurier et en avoir eu un fils, rentre à Nar≠
    bonne avec son enfant; dédaignant la couche de celui qui est toujours son époux, elle s'installe au domicile paternel, preuve vivante, et constamment placée sous les regards des Narbonnais, d'un affront aux marques indélébiles, ranimant ainsi et perpétuant les sarcasmes et le mépris qui avaient accablé Geroul et les siens !
    Harbald avait blêmi et, dents serrées, visage tendu, il jeta sur Erwin un regard assassin. Geroul alors se leva et, de sa place, lança à Erwin : O˘ veux-tu donc en venir? A mettre en cause
    mon fils dans le meurtre de Laure?
    Mon devoir est de faire toute la lumière sur ce meurtre, comme sur les autres, étrangement sem≠
    blables !
    Il ne t'autorise pas à formuler des insinuations infamantes, quels que soient tes fonctions et tes pou≠
    voirs. D'ailleurs tu sais très bien, et tes assistants n'ont pu que le confirmer, que nous étions, mon fils et moi-même, en notre hôtel pendant ces journées o˘ Laure, qui se trouvait la veille près d'Agde, a été retrouvée noyée, vingt-quatre heures après, à proximité du grau de Narbonne. Par quel étrange maléfice mon fils aurait-il pu perpétrer un tel forfait à des lieues de notre demeure? Et par quelle aberration de l'esprit pour≠
    rait-il en être tenu pour responsable?
    De même que je n'ai pas oublié la présence de poucaud et de Fabian à Narbonne, en la demeure de l'armateur, pendant le temps o˘ Laetitia était suppli≠ciée, de même je ne perds pas de vue ce que m'ont indiqué mes assistants à votre propos.
    Mais tu ne semblés pas vouloir en tirer la
    conclusion qui s'impose. Car, de toute évidence, tu t'emploies à innocenter le fils de la Sarrasine.
    Le crois-tu vraiment?
    Geroul, comme souffleté par le ton ironique de cette interrogation, parut sur le point de riposter. …tant par≠venu à se maîtriser, il se rassit en essuyant la sueur qui coulait sur son visage. Mais le Saxon déjà
    s'adressait à Aymeric.
    -
    Je t'épargnerai, lui dit-il, de procéder à la démonstration de ton innocence dans le meurtre de ton épouse avec des arguments semblables à ceux de Foucaud ou de Geroul. Je sais que dix, vingt témoins peuvent prouver que tu es demeuré en ton hôtel le soir et la nuit o˘ Léoda a été enlevée pour être noyée.
    Erwin jeta sur le négociant un regard aigu.
    Mais je ne saurais, poursuivit-il, passer sous silence que cette mort comblait tes vúux.
    C'est une allégation scandaleuse, de la pure calomnie... une femme qui

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