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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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part, de Léoda. Laetitia, elle, a été ligotée plus grossièrement.
    Tout cela est certes fort intéressant, intervint Catulle sur un ton courtois, mais avons-nous pour autant progressé vers la découverte des assassins?
    Plus qu'on ne pourrait le penser, car, peu à peu, le cercle se resserre ! Les recherches que nos assistants ont menées chez certains d'entre vous, notamment chez Foucaud, chez Octavien et Fabian, chez Geroul et Harbald ainsi que chez Aymeric, ont apporté la preuve que, depuis des années, vous entretenez des relations très étroites, non seulement de négoce et de finance, mais aussi d'amitié, je dirai même, dans certains cas, de connivence et de complicité. Ces liens dans la confiance vont bien au-delà de ce que vos déclarations, plutôt évasives à ce sujet, auraient permis de supposer.
    Première découverte précieuse.
    Je ne vois pas o˘ est le mal, objecta Geroul.
    Mais il en est une autre plus intéressante encore.

    Laetitia, d'aucuns s'en souviendront sans doute, a été
    noyée dans la nuit du vingt-sixième au vingt-septième jour de septembre. Ces deux jours-là, Harbald et Aymeric étaient loin de chez eux. La consultation de leurs registres et les témoignages recueillis le prouvent formellement. D'autre part, il est avéré que Foucaud était absent de Narbonne depuis plus de quarante-huit heures avant la nuit o˘ Laure a été mise à mort et qu'Aymeric n'était pas davantage à Leucate, ni en ses ateliers narbonnais. Ils n'ont regagné leurs hôtels que le lendemain du supplice subi par la femme de Har≠
    bald. Enfin, la nuit o˘ Léoda a disparu pour être décou≠
    verte noyée, le lendemain, près du grau de Narbonne, ni Harbald ni Foucaud n'étaient en leurs demeures, ayant été, selon leurs dires, appelés au loin par une affaire urgente.
    Chacun comprend à présent quelles épouvan≠
    tables accusations tu entends fonder sur de telles allé≠
    gations ! s'exclama Foucaud.
    Des faits, rien d'autre que des faits pourtant!
    Mais nous ne nous laisserons pas traîner dans la boue de la sorte, f˚t-ce par des missionnaires du souverain ! Au besoin, nous en appellerons à l'empereur lui-même!
    C'est nous qui le représentons en sa toute-puis≠
    sance ici, rappela le comte Childebrand.
    quant aux constatations de nos assistants dont je viens de faire état, reprit le Saxon, elles expliquent pourquoi dame Agnès a été enlevée. L'avertissement que nous avons reçu de l'un d'entre vous est très expli≠
    cite : il nous enjoignait de cesser nos investigations, faute de quoi elle subirait le sort de Laetitia, de Laure et de Léoda! Pourquoi cette menace? Parce que les coupables avaient compris que nous étions tout près de découvrir la vérité, que la consultation de leurs archi≠
    ves et les témoignages apportaient les ultimes indices dont nous avions besoin.
    Oseras-tu, là, devant nous, énoncer les accusa≠
    tions dont tu prétends détenir les preuves ? jeta Geroul.
    Et moi, j'en ai assez, plus qu'assez! cria Har≠
    bald. Ceci est un traquenard, un honteux traquenard !
    Des accusations? Le moment est venu en effet
    de les formuler.
    Le missus dominicus, se redressant de toute sa taille, lança d'une voix terrible, en désignant tour à tour de la main ceux qu'il mettait en cause :
    -
    J'accuse Harbald le Jeune et le négociant Ayme≠
    ric d'avoir, dans la nuit du vingt-sixième au vingt-septième jour de septembre, enlevé puis fait périr par noyade Laetitia, épouse de Fabian; j'accuse l'armateur Foucaud et le négociant Aymeric d'avoir, dans la nuit du deuxième au troisième jour de novembre, fait périr par noyade Laure, épouse de Harbald et concubine d'Amalbert; j'accuse Harbald le Jeune et l'armateur Foucaud d'avoir, dans la nuit du onzième au douzième jour de novembre, fait périr par noyade Léoda, épouse d'Aymeric.
    Geroul fit le geste d'applaudir.
    -
    Et avec quelles véritables preuves, s'il te plaît?
    lança-t-il. Tu n'en as pas la moindre !
    A cet instant, sur un signe de Childebrand, des gardes prirent position à
    toutes les portes de la salle, et franchissant l'une d'entre elles, apparut Emmeran suivi d'Agnès.
    -
    Des preuves? tonna Erwin. En voici, et bien
    vivantes.
    Vers le jumeau de Harbald et l'assistante des missi, tous s'étaient tournés, les yeux écarquillés, muets de stupeur, comme s'ils venaient de voir apparaître des revenants.
    CHAPITRE IX
    L'avant-veille, alors qu'Agnès se trouvait sur une extension du port en

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