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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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à travers une trouée, mais Hearn l’attaque, le contient momentanément, et l’autre reste là debout, réduit à l’impuissance. Il l’a chargé de toutes ses forces, et on emporte le joueur avec un genou démis, tandis qu’Henni bredouille :
    Ça va, dit, Ronnie ?
    Oui, très bien. Bonne charge, Hearn.
    Je suis désolé. Mais il sait qu’il ne l’est lias. Il a eu un instant d’énorme satisfaction en sachant l’autre réduit à l’impuissance dans l’attente du choc ; une satisfaction où ne s’est mêlé aucun plaisir cynique d’avoir contribué à la victoire de son équipe.
    Et aussi d’autres terrains d’activité. Il se gagne une hargneuse notoriété en séduisant une jouvencelle de la haute société bostonienne. Il renoue même avec certains de ses anciens amis, présentement de la Confrérie des Speakers, et au bout de quatre ans il reçoit une tardive invitation pour l’une dès soirées dansantes à Brattle Hall.
    Les cavaliers s’alignent contre le mur, bavardent, puis supplantent un danseur en lui enlevant sa partenaire – qu’ils connaissent ou que leurs amis connaissent. Hearn s’ennuie, fume une ou deux cigarettes, puis s’empare d’une petite blonde qui danse avec Un grand blond.
    Les frais de la conversation :
    Et vous vous appelez Betty Carreton, hein, à quelle école allez-vous ?
    Oh ! chez mademoiselle Lucy.
    Je vois. Puis la cruauté, à laquelle il ne peut renoncer. Et est-ce que mademoiselle Lucy vous enseigne, à vous autres filles, comment le préserver jusqu’au jour de votre mariage ?
    Qu’est-ce que vous dites ?
    De plus en plus souvent cette inexplicable humeur. Quelque part dans le tissu caverneux et sans doute putréfié dont est fait le cerveau collectif des Al, des Jansen, des rédacteurs du magazine, des critiques littéraires du collège, des esthètes de salon, des gens qui fréquentent les intérieurs modernes dans les rues écartées et paisibles de Cambridge, quelque part couve la passion inavouée d’afficher son ennui et de se montrer supérieur lors d’une soirée dansante à Brattle Hall, – ou encore, sinon, d’aller en Espagne.
    Une nuit fait le point. Il peut se montrer authentiquement indifférent au snobisme des Brattle Hall : son expérience des pelouses vertes, des académies de danse, des virées nocturnes dans les décapotables sur la route de Choliveoil, l’en a immunisé. Que d’autres, que les salonnards soient attirés et torturés par le surplus des richesses, par la mise en place des barrières sociales.
    Et quant à l’Espagne, il sait qu’il n’y pense pas sérieusement. La guerre y est à son dernier printemps, et rien ne l’y pousse qui satisferait à un besoin profond de compréhension, ou de compassion. Il a ses classes, ses examens, il est froid et en bons termes avec ses parents – qui l’ennuient eux aussi.
    Qu’est-ce que tu comptes faire, Bob, veux-tu un coup de main ? demanda Will Hearn.
    Non, je piquerai sur New York, le père d’Ellison m’a promis un emploi là-bas.
    New York est une bien grande ville, Bob, dit Will Hearn.
    Oui, quatre années plutôt bizarres. Et, au-dedans de lui, il se raidit. Allez-vous-en, laissez-moi. Vous tous. Seulement il a appris à ne plus le dire à haute voix.
    Pour sa thèse : Etude sûr l’impulsion cosmique chez Herman Melville, il reçoit le magna cumlaude.
    Tout lui est facile dans les deux années qui suivent, pendant lesquelles il se voit avec amusement, consciencieusement, dans le rôle du Jeune Homme à New York. Il est d’abord lecteur, puis éditeur en second chez Ellison et Compagnie. – New York, annexe de Harvard, comme il dit. Il a chambre et cuisine du côté de la soixantième rue Est. Oh ! je suis seulement un littérateur en apprentissage, répète-t-il.
    Je ne peux pas vous dire combien j’ai peiné sur la chose, fait la femme de lettres qui écrit des romans historiques. J’étais si préoccupée par les mobiles de Julia, une garce si évasive, mais je pense que j’ai réussi à obtenir l’effet voulu, celui qui m’inquiète par contre c’est Randall Clandeborn.
    Oui, mademoiselle Helledell, remettez ça garçon. Il allume une cigarette, se tourne avec lenteur sur son siège de cuir rembourré. Vous disiez, mademoiselle Helledell ?
    Est-ce que vous croyez que Randall est réussi ?
    Randall Clandeborn, hmmm. (Voyons, lequel est-ce déjà ?) Ah ! oui, je pense qu’il est réussi dans l’ensemble, mais peut-être demande-t-il

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