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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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d’Isherwood, répond quelqu’un.
    Un étudiant trapu, aux cheveux noirs, à la voix profonde et importante, prend la parole. Je pense que nous devons monter du Odets, c’est le seul autour dramatique américain qui fasse quelque chose de sérieux, lui au moins plonge ces racines dans les frustrations et les aspirations du peuple.
    Bouououououh, fait quelqu’un.
    O’Neill et Eliot sont les seuls.
    Eliot n’est pas du même lit qu’O’Neill. (Rires.)
    Ils argumentent toute une heure, et Hearn écoute les noms qu’on prononce. Certains sont familiers, Ibsen, Shaw, Galsworthy, mais il n’a jamais entendu ceux de Strindberg, d’Hauptmann, de Marloue, de Lope de Vega, de Pirandello. Les noms continuent, et il se répète désespérément qu’il doit lire,
    Il démarre vers la fin du printemps de sa première année, redécouvre le volume d’Housman qui l’avait nourri à l’école préparatoire, et il y ajouta des poètes comme Rilke et Blake et Stephen Spender. Quand le temps est arrivé des vacances d’été, il a choisi la langue anglaise comme sujet principal de ses études. Pendant bien, des après-midi il déserte la plage, les Sally Tendecker et ses doublures, et il passe ses nuits à écrire des nouvelles.
    Elles sont assez médiocres, mais, pour le présent, il y trouve un point d’attraction, une réussite partielle. De retour à Harvard il se voit élu, lors des compétitions d’automne, rédacteur en chef de l’un des magazines littéraires du collège, il regarde comme un homme ivre les projecteurs au cours de la cérémonie d’initiation, et il s’acquitte de sa tâche sans se rendre trop ridicule.
    Le changement se fait d’abord avec lenteur, puis avec rapidité. Il lit tout, passe beaucoup de temps à. la bibliothèque, entend l’orchestre symphonique du vendredi soir, absorbe la plaisante et suggestive odeur des vieux meubles et des vieilles lithos et le parfum malté des canettes de bière vides dans les vieilles pièces qui abritent les bureaux du magazine. Au printemps il erre dans les rues bourgeonnantes de Cambridge, se promène le long de la harles, ou bien il reste à parler devant l’entrée de sa maison alors que le soir tombe, et toute la magie de la liberté le sollicite.
    A plusieurs reprises, de compagnie avec un ou deux amis, il fait la ribote du côté de Scollay Square. Ce sont des affaires préméditées, chacun enfile ses vieilles frusques pour l’occasion – des virées consciencieuses dans tout ce qu’il y a comme bars et gargotes.
    Exercice préliminaire à la découverte des cabarets de la Troisième Avenue à New York, avec leurs planchers saupoudrés de sciure de bois.
    Les vomissures sur le plancher les enchantent. Ils appartiennent à des confréries estudiantines, et ils dansent avec des étoiles de cinéma. Mais les états d’esprit changent. Quand ils s’enivrent ils ont le sentiment de la plaisante tristesse des nuits printanières, ils ont la prescience de toutes les espérances et de toutes les nostalgies qui se déploient contre la vilaine usure du temps. Une bonne disposition d’esprit.
    Dieu, regarde tous ces gens, dit Hearn. Tu parles d’une existence d’animal.
    Que veux-tu, fait son ami, ils sont le sous-produit d’une société d’accumulation, du rebut c’est tout, la suppuration de la cité mondiale de Spengler.
    Jansen, tu es un fumiste, que sais-tu de l’accumulation, il y a des choses que j’aurais pu te dire, tu es un fumiste, voilà tout.
    Toi aussi. Tous nous sommes des fumistes. Des parasites. Des fleurs de serre. La chose à faire c’est de s’en sortir et de participer au mouvement.
    Qu’est-ce qui te prend, demande Hearn, tu me fais la tartine politique ?
    Je ne suis pas politique, c’est de la bouse de vache, tout est de la bouse de vache. Il fait un large mouvement de son bras.
    Hearn, le menton dans la coupe de ses mains. Tu sais quand tout sera dit je me ferai tante, pas une sale petite tapette tu comprends, mais un joli droit pilier de la communauté, je vivrai sur des pelouses vertes. Bisexué. Jamais un moment d’ennui, homme ou femme c’est du pareil au même pour toi. Excitant.
    Jansen renverse sa tête. Engage-toi dans la marine.
    Non, merci. Pas de vos copulations mécanisées pour moi. Tu sais, le déboire avec les Américains c’est qu’ils ne savent pas baiser, il n’y a pas d’art dans notre vie, tous nos intellectuels ont un Babbit dans leur placard. Oh je l’aime celle-là, elle est bien

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