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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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de l’institutrice. (Pouffant.)
    Voyons, Casimir, il ne faut pas faire cela.
    Pas faire quoi, mademoiselle ?
    Est-ce toi qui as mis la gomme sur le siège des bancs ? Dis-moi la vérité, je ne te punirai pas.
    Non, mademoiselle.
    Y a pas de gomme sur le banc de Casimir, mademoiselle Marsden, dit Alice Rafferty.
    Pourquoi il n’y en a pas sur ton banc ? lui demande-t-elle.
    Je sais pas, mademoiselle, peut-être que le gosse qui l’a fait il a peur de moi.
    Qui l’a fait, Casimir ?
    Oh ! je sais pas, mademoiselle. Vous voulez que j’aide à nettoyer les bancs ?
    Casimir, il faut que tu tâches d’être un bon garçon.
    Oui, mademoiselle Marsden, Il retourne à son banc, et tout en prétextant d’aider les autres garçons il chuchote à l’adresse des filles.
    En été les enfants restent dehors toute la nuit, ils jouent à cache-cache dans les terrains vagues, ils s’arrosent aux bouches d’incendie qu’on a ouvertes pour eux. C’est toujours excitant en été. Une maison brûle, ou bien on peut monter sur les toits pour regarder les grands qui baguenaudent avec les filles. S’il fait assez chaud on peut se glisser dans un cinéma, parce que les portes de sorties sont ouvertes pour la ventilation.
    Parfois on est des chançards.
    Hé, Polack, y a un poivrot qui pionce derrière la maison à Salvatore.
    L’a du pèze ?
    Comment que je sais, moi ? jure l’autre gosse.
    Aaah, allons voir.
    Ils traversent un passage à la pointe de leurs pieds, débouchent dans un terrain vague sur les arrières des immeubles. L’ivrogne ronfle.
    Vas-y, dit Polack.
    Quesqué te veux dire, vas-y ? Comment qu’on partage ?
    Te verras comment.
    Il rampe contre l’ivrogne, tâtonne doucement son corps à la recherche d’un portefeuille. L’ivrogne s’arrête de ronfler, il s’empare du poignet de Polack.
    Laisse, laisse-moi, espèce de… Il rue, sa main libre trouve une pierre, la ramasse, l’abat sur la tête de l’ivrogne. La pression augmente sur son poignet et il frappe de nouveau.
    Ou c’est, où c’est, vas-y, magne-toi.
    Polack fouille au hasard les poches de l’homme, trouve un peu de monnaie. Allez, filons.
    Les deux garçonnets s’éclipsent furtivement, puis partagent leur butin à la lueur d’un lampadaire.
    Soixante cents pour moi, vingt-cinq pour toi.
    Quesqué tu veux dire ? C’est moi qui l’a trouvé.
    Quesqué tu veux dire ? C’est moi qu’a risqué le coup, dit Polack. Quesqué tu crois que ça compte pour des prunes ?
    Aaah.
    Va chier. Il le quitte en sifflant, se met à rire jaune quand il pense comment il a frappé l’ivrogne. Mais, le matin, l’homme n’y est plus, et Polack se sent soulagé. Aaah, c’est solide les poivrots, pense-t-il d’après la science apprise chez les grands.
    Il a dix ans quand son père meurt, et après les obsèques sa mère l’envoie travailler aux abattoirs. Mais au bout d’un mois l’inspecteur des écoles en a eu - vent et Polack est confié à un orphelinat.
    Les nouvelles leçons qu’il faut apprendre, pas si nouvelles après tout. Ici il est même plus important que jamais de ne pas se faire prendre ; ça fait trop mal quand on se fait coincer.
    Avance la main, Casimir.
    Pourquoi, ma sœur ? Quesqué j’ai fait ?
    Ta main. La règle s’abat avec une force surprenante sur la paume de sa main, et il saute en l’air. Nom de Dieu.
    Pour avoir juré, Casimir, une nouvelle punition. Une fois de plus le bras vêtu de noir brandit la règle et frappe le dedans de sa main.
    Les enfants s’esclaffent tandis qu’il regagne son banc. En dépit de ses larmes il réussit un sourire douteux. C’est rien du tout, chuchote-t-il, mais ses doigts enflent et il dorlote sa main pendant toute la matinée.
    C’est de Pfeiffer, l’instructeur de gymnastique, qu’il faut se méfier le plus. Au réfectoire, chacun doit garder un silence de trois minutes pendant qu’on dit les prières. Pfeiffer rôde dans votre dos pour voir si vous chuchotez.
    Polack lance un coup d’œil de côté et d’autre. Personne dans les parages. Dis, qu’est-ce qu’on bouffe ce soir ?
    Bang ! Sa tête oscille sous la commotion et tout s’ébranle dans son crâne.
    Eh bien, Polack, quand je dis silence, je dis silence.
    Il regarde d’un air abasourdi son assiette, attendant que la peine se résorbe. Il a du mal à s’empêcher de se frotter le crâne.
    Plus tard : Jésus, ce Pfeiffer l’a des yeux derrière la tête.
    Et il y a les combines, Lefty Rizzo, un

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