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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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japonaise répondait en écho. « Bon, démarrez ! »
    Ils démarrèrent en rampant, et quelques minutes plus tard Croft les entendit qui ouvraient le feu. « Allons-y », chuchota-t-il à l’adresse de Gallagher et de Roth. Ils quittèrent leur abri, se traînant à plat ventre sur une cinquantaine de pieds, puis ils se mirent à courir, pliés en deux. Roth avait jeté un coup d’œil sur Hearn alors qu’il lé doublait en rampant, et le temps d’une seconde il manqua d’air. « Oh ! », gémit-il, les jambes coupées. Il eut un accès de malaise, mais il se remit à ramper, puis à courir, « Terrible », marmonna-t-il.
    Croft rejoignit les hommes derrière le tertre. « Bon, magnons-nous le cul. Visons droit devant le long des falaises, et que ça gaze. » Il se mit en tête de la colonne et ils s’ébranlèrent hâtivement. Ils couvrirent plusieurs centaines de mètres au trot avant de reprendre un pas de marche, pour se remettre au trot l’instant d’après. En une heure ils firent cinq milles à travers collines et herbe kunaï, sans s’arrêter, sans ralentir pour attendre les traînards.
    Roth et les autres oublièrent bien vite le lieutenant. Le saisissement que leur valut cette seconde embuscade s’émoussa dans les rigueurs de leur retraite. Ils n’étaient sensibles qu’à la clameur essoufflée de leurs poumons, au tremblement de leurs jambes exténuées. Quand Croft eut finalement ordonné une halte, ils se laissèrent choir à terre sans même se préoccuper si les Japonais les avaient pris en chasse. Dans ce moment, si on les avait attaqués, ils n’auraient probablement pas bougé un doigt.
    Croft seul se tenait debout. Il parlait avec lenteur, le cœur palpitant, la parole distincte. « On va respirer un coup. » Il les regardait de haut, notant l’air hébété avec lequel ils l’écoutaient. « Puisque vous voilà tout dégonflés comme de vieilles capotes, c’est moi qui prendrai la garde. » La plupart d’entre eux l’entendirent à peine, et ceux qui lui prêtèrent leur attention ne comprirent pas grand chose à ses paroles. Ils gisaient là, tout à fait passifs.
    Cependant, peu à peu, ils commencèrent à récupérer ; leur souffle redevenait normal, leurs jambes regagnaient un peu de leur force. Mais l’embuscade et la marche les avaient épuisés. Le soleil, déjà haut dans le ciel, devenait désagréable ; couchés à plat ventre, regardant la sueur dégouliner de leur visage sur leurs avant-bras, ils étouffaient de chaleur. Minetta faisait des efforts pour rendre les secs et aigres caillots de sa ration matinale.
    A mesure qu’ils récupéraient leurs forces, la mort du lieutenant les préoccupait de moins en moins. C’était arrivé trop brusquement, trop abstraitement, pour susciter en eux de grandes émotions, et maintenant qu’il était mort c’est à peine s’ils pouvaient croire qu’il avait jamais fait partie de leur section. Wyman se porta en rampant près de Red, se coucha à ses côtés, piquant çà et là un brin d’herbe qu’il mordillait puis recrachait pensivement.
    « Ç’a été drôle », dit-il finalement. Il était bon d’être couché là, sachant que dans une petite heure ils reprendraient le chemin de la plage. Un résidu de la terreur qu’il éprouva lors de l’embuscade s’éveilla en lui pour un moment.
    « Oui, grommela Red. Et maintenant le lieutenant.  Il revoyait l’expression renfrognée de Hearn à la suite de son refus de se faire nommer caporal. Son esprit patinait sur la plus fragile des glaces et un vague sentiment d’oppression s’emparait de lui, comme s’il s’efforçait d’éloigner quelque chose qu’il n’osait pas affronter – quelque chose qui allait remonter à la surface.
    « Le lieutenant était un bon gars », laissa échapper Wyman tout à coup. Ses propres mots l’émurent profondément. Il venait seulement d’associer l’image qu’il gardait de ses rares contacts avec Hearn et la dernière vision qu’il eut de son corps ensanglanté. « Un bon gars », répéta-t-il en hésitant, comme pour éviter la frayeur que lui causait cette évocation.
    « Y a pas un de ces enculés d’officiers qui vaut tripette », jura Red. De colère, ses membres exténués se contractaient nerveusement.
    « Oh ! j’en sais rien, y a toutes sortes de gars,.. » protesta Wyman avec douceur. Il essayait d’associer le son de la voix de Hearn et la douceur de son sang.
    « Je me

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