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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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faire dire la messe que quand il se croyait disposé». Ceci confirme tout ce que Lamartine a dit de sa nature hautaine et intraitable, et nous savons encore qu'il la garda toujours, puisqu'on en retrouve la trace dans ses registres où son écriture élégante et aristocratiquement saupoudrée de paillettes d'or contraste étrangement avec les grossières signatures de ses prédécesseurs.
En 1803, il écrit : «Pie VII, souverain-pontife, est arrivé à Mâcon le lundi 22 avril.—J'ai baisé sa mule. Le clergé romain qui le suivait était mis salement.» Ce sont là toutes les réflexions que lui suggéra l'arrivée du pape accueillie en France avec tant d'allégresse par le clergé, qui y vit le triomphe définitif de la religion catholique. Lui-même a souligné les mots : «j'ai baisé sa mule», comme s'il s'en étonnait, et les manières de gentilhomme dont a parlé Lamartine se retrouvent dans la brève épithète qu'il applique à la suite du Saint-Père.
Enfin, en octobre 1812, l'abbé Dumont, plus déconcertant que jamais, se fit affilier à la loge franc-maçonnique de Mâcon, la Parfaite Union,et le 17 décembre il fut reçu maçon [Les procès-verbaux des deux séances ont été copiés par M. Maritain et figurent dans le dossier qu'il avait réuni sur Dumont.]. À quelle nouvelle déroute morale était-il donc en proie, lui royaliste et prêtre, pour s'unir au parti du libéralisme et de la libre pensée ? Lamartine n'a-t-il pas voulu l'en excuser lorsqu'il écrivait : «Son âme était un chaos comme la société nouvelle, lui-même ne s'y reconnaissait plus».
    À tout cela, il faut ajouter que l'abbé Dumont avait conservé des habitudes de dépense et de luxe qui cadraient mal avec ses humbles fonctions. Dans toutes les lettres que Lamartine lui adressa et qui figurent dans la Correspondance, on voit qu'il ne s'agit que d'argent : «J'espère aller à la fin de l'automne vous délivrer de vos huissiers...» «Permettez-moi de vous offrir une seconde petite offrande de cent écus pour vous remettre à votre courant...» Et ceci, plus significatif encore : «Ma mère m'a informé de vos embarras que je prévoyais bien tôt ou tard devoir vous accabler, mais il y a remède : vous auriez dû, au lieu d'attendre l'huissier, m'écrire : Je dois tant à tels et tels, à telle époque...» La lamentable correspondance se poursuivit jusqu'au dernier jour : «Je continuerai mon petit supplément, vos dettes seront payées peu à peu...» «Dites à tous vos créanciers à qui j'ai signé vos petits billets qu'à mon arrivée à Saint-Point ils pourront les apporter et seront payés...»
Et ce n'était pas pour le bien de ses paroissiens que l'abbé Dumont se ruinait ainsi ; il aimait le luxe et avait meublé sa petite maison, toute pleine de douloureux et charmants souvenirs du passé, comme un nid d'amoureux plutôt que comme une cure de campagne.
On a déjà vu qu'à sa mort on vendit des objets de valeur, et voici une épître en vers adressée par M. de Montherot à Lamartine son beau-frère, et où l'on trouve un passage qui éclaire encore la situation obérée de l'abbé :
Ainsi, pour commencer, parlons de nos affaires,
Ou de celles, plutôt, du curé de Bussières :
Donc ce pauvre pasteur qu'un déficit chargeait
Verra, grâce à vos soins, s'éclaircir son budget.
    Vous avez bien raison : pour une faible somme,
Il est doux d'assurer le repos d'un brave homme.
Qu'il le doive à nous deux ou plutôt à nous trois ;
Votre mère fait mieux que vous et moi, je crois.
La douleur s'adoucit au miel de sa parole,
Nous donnons des écus, elle plaint et console ;
À la reconnaissance elle a bien plus de droits.
J'ai ri de bien bon cœur, je l'avoue, à la liste
De tous les créanciers qu'il traînait à sa piste :
Entre autres y figure un marchand d'objets d'arts,
Trésors qui de l'abbé fascinaient les regards,
Des tableaux, des émaux...—Ah ! que ma cheminée,
Pour quatre ou cinq cents francs, paraîtrait bien ornée !
Mais je ne les ai pas, ces quatre ou cinq cents francs !—
—Je vous ferai crédit, vous paîrez dans quatre ans.
—Et voilà, pauvre abbé, voilà comme on s'enfonce !
—Et voilà justement comme mon pauvre Alphonse,
Dit votre bonne mère, autrefois calculait :
Il avait à Paris cheval, cabriolet,
Lorsque 1 500 francs étaient, pour une année,
La somme à l'étourdi par son père donnée [Archives de Saint-Point. La lettre est datée du 25 mars 1828.

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