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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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s'efforcera-t-elle de ne pas lui laisser reprendre les habitudes d'autrefois, en le retenant le plus possible près d'elle par des lectures et des causeries ; comme il est plus grand, elle abordera même des ouvrages sérieux, Télémaque, quelques passages de Bossuet et les traités d'éducation de Mme de Genlis. Le 15 octobre, elle le ramena enfin à Lyon, où elle demeura près d'une semaine, en allant chaque jour l'embrasser pour qu'il ne passât pas trop brusquement de la vie de famille à l'internat.
La seconde année scolaire (novembre 1801-septembre 1802) fut encore excellente ; le 25 février 1802, il assista à la grande revue donnée en l'honneur du Premier Consul et cette récompense était méritée, paraît-il, par 18 exemptions. À la fin de septembre, il écrivit triomphalement à Milly pour annoncer qu'il avait remporté deux prix de latin et de français ; M. Puppier confirmait, mais ajoutait qu'il en aurait eu un troisième «sans une vivacité qui lui a fait déchirer sa copie de thème parce qu'on le pressait un peu pour la donner».
De fait, il était très énervé et soupirait après Milly dans toutes ses lettres.
    Il y arriva le 15 septembre et l'on partit bientôt pour Saint-Point, d'où Mme de Lamartine écrivait le 2 octobre : «Je suis ici depuis hier avec Alphonse, Cécile et Eugénie, et ce voyage leur a fait un extrême plaisir. Alphonse est venu à cheval sur son âne, il était comblé de joie.»
Les vacances s'écoulèrent paisiblement en compagnie de l'abbé Dumont qui, venu pour passer quelques jours au moment de la chasse, fut émerveillé des progrès de son ancien écolier. Mais après deux mois de liberté où l'amour de l'indépendance s'affirmait sans cesse chez l'enfant, à la grande inquiétude de la mère, le retour à Lyon fut déchirant. Une dernière fois, il implora qu'on le gardât et, devant le refus du père et de l'oncle, il partit «sombre et renfermé», ce qui acheva de désespérer la pauvre femme.
Ses pressentiments étaient justes. La pension Puppier devint, cette fois pour tout de bon, insupportable à un enfant dont l'imagination commençait à s'éveiller et qui jusqu'ici avait montré une nature assez décidée. Le 9 décembre 1802, deux mois à peine après avoir quitté Milly, il s'enfuit avec deux camarades, les petits de Veydel ; on les rattrapa quatre heures après sur la route de Mâcon. Les détails de cette évasion sont plaisamment rapportés par Lamartine, mais rappellent curieusement un épisode des Confessions de Jean-Jacques.
Faut-il croire à ce pugilat entre un professeur et l'élève Siraudin ? faut-il croire à cette arrivée des domestiques et des cuisiniers, armés de broches et de pelles, et qui mirent ainsi fin au combat en contraignant Siraudin à la retraite ? De même, le massacre d'une oie vivante où tous les élèves furent conviés à tour de rôle acheva-t-il de décider à la fuite l'enfant «encore frémissant d'horreur» de la bataille qui venait de se livrer en classe ? Pauvres excuses en vérité, et n'eût-il pas mieux valu avouer qu'il était simplement avide de grand air et de liberté ?
    Sa mère, d'ailleurs, a noté l'escapade—qu'elle excuse presque—en des termes qui laissent entendre que la conduite de son fils laissait depuis longtemps à désirer, et qu'il n'eut pas besoin de tant d'incidents pour motiver sa décision ; on lit en effet le 15 décembre :
«Le 11, nous reçûmes des lettres de Lyon ou on nous apprenait qu'Alphonse s'était en allé de sa pension avec MM. de Veydel qu'il a engagés dans sa fuite ; on les a rattrappés à Fontaines. Cette faute nous a fait la plus grande peine parce qu'elle a été précédée et suivie de plusieurs autres et soutenue avec beaucoup d'orgueil, ce qui m'afflige très fort. J'attends avec impatience de ses nouvelles, j'ai un grand désir de le savoir relevé de cette chute ; son caractère d'indépendance m'effraye, et je crains beaucoup de l'avoir gâté.»
Trois jours après, l'enfant écrivit spontanément une lettre de regret, c'est du moins la version du Journal intime ; dans le Manuscrit de ma mère, on lit au contraire : «On a eu de la peine à lui faire écrire une lettre d'excuse et de repentir à son père». «Ainsi, tout est réparé», ajoute Mme de Lamartine avec soulagement en transcrivant cette nouvelle. Pourtant, il continuait à implorer son père de le laisser revenir, arguant que depuis sa fuite il était mal vu de tous. On

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