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Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812

Titel: Les Origines et la Jeunesse de Lamartine 1790-1812 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre De Lacretelle
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régulièrement parvenir de ses nouvelles à Milly.
    On manque de renseignements précis sur la pension de la Caille, située dans un faubourg de Lyon, la Croix-Rousse, où fut interné l'enfant. Elle était tenue par deux vieilles filles, les demoiselles Puppier, aidées par leur frère, et semble n'avoir été qu'une très modeste institution où l'on prenait de jeunes enfants dont les parents habitaient la campagne. Dans son journal, Mme de Lamartine l'appelle «l'Enfance», constate qu'elle paye, pour son fils 420 francs par trimestre, mais n'en parle pas autrement. Pour Lamartine, il n'y a qu'à se reporter à ses Mémoires pour voir le dégoût profond qu'il conserva toute sa vie de l'heure où il fut «lancé dans ces cours comme un condamné à mort dans l'éternité». Avec l'horreur de la contrainte qu'on lui connaît, on peut croire à la sincérité des sentiments qu'il a exprimés cinquante ans plus tard en rappelant cet odieux souvenir.
On sait par sa mère qu'il entra à l'institution Puppier le 2 mars 1801, mais les nouvelles qu'elle recevra de lui ne commencent à être enregistrées par elle qu'en juillet, époque où s'ouvre le Journal Intime. Pourtant, une lettre de M. Dareste à sa cousine datée du 30 mars, supplée à cette lacune et constitue un excellent bulletin de début.
«Nous allâmes avant-hier dimanche avec M. de Roquemont rendre une petite visite dans sa pension à M. Alphonse. Nous le trouvâmes très gai et bien en train de s'amuser ; il nous a paru content et l'on est aussi content de lui ; nous assistâmes à leur dîner. Ils paraissent très bien dans cette pension et les demoiselles Puppier nous ont promis de nous le confier quelquefois cet été : nous irons le chercher, mais ce ne sera que les jours de congé [Archives de Saint-Point. Suscription : «À madame Depra de Lamartine à Mâcon, Saône-et-Loire». (Lettre inédite.)].»
    Les nouvelles qui suivent sont satisfaisantes : en juillet c'est un «bon et aimable enfant», et Mlle de Lamartine, au retour d'un petit séjour à Lyon, «rapporte tout plein de bien d'Alphonse». Il est gai, appliqué et apprend facilement, écrivent les maîtres de leur côté ; mais tout cela ne concorde guère, trouve-t-elle, avec ses lettres qui sont tristes et navrantes. Le père alors, profite d'un voyage d'affaires pour s'arrêter à Lyon vers la mi-juillet : il le trouve «pâle et maigre», étiolé par l'air de la ville. Pourtant, on est toujours très content de lui, à la pension : «Il fait tout ce qu'il peut et peut tout ce qu'il veut, ont dit ses maîtres à mon mari», constate la mère avec quelque fierté. Mais elle s'inquiète encore de sa santé et le laisse sans doute trop entendre, car les lettres de son fils se font de plus en plus désespérées. Il supplie qu'on le rappelle à Milly, et, prétend-il sombrement, il a «grand besoin de venir».
«Je tremble, écrit Mme de Lamartine le 17 septembre, de le voir arriver pâle et maigre et en mauvaise santé.» Devant ses instances, son beau-frère consentit à avancer la date des vacances et, à la fin du mois, elle put elle-même aller le guetter sur la route de Lyon.
Toutes ses craintes tombèrent en le voyant et elle devina vite la petite ruse dont il s'était servi pour l'apitoyer, puisqu'elle écrit le 19 :
«La diligence est arrivée hier beaucoup plus tard que d'ordinaire, et le cœur me battait en pensant que dans quelques heures je reverrais mon cher enfant ; il faisait presque nuit. Enfin elle arriva, avec mon Alphonse que je trouvai en très bonne santé, grandi, engraissé et fort bien ; il me paraît qu'il n'a rien perdu pour la piété : c'était là toute ma crainte, et je vais faire tout ce qui dépendra de moi pendant son séjour ici pour fortifier ce sentiment dans son cœur.»
    L'enfant, d'ailleurs, retrouva toute sa gaieté à Milly où il demeura jusqu'à la mi octobre. La famille s'amusait, après six mois d'absence, de le trouver changé et réfléchi. «À dîner, note un jour Mme de Lamartine, nous parlâmes beaucoup de lui, trop peut-être ; nous lûmes un extrait de sa façon et une petite composition que son père lui avait donnés à faire ; l'on fut très content et mon orgueil bien flatté.» «Je suis bien heureuse de son intelligence, ajoute-t-elle encore ; j'ai à lui reprocher pourtant de manquer de douceur, vis-à-vis de ses sœurs surtout, et je craindrais qu'il n'eût le caractère un peu dur s'il ne se corrige pas.»
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