Les panzers de la mort
ça ?
– Et où crois-tu ? dit Pluto hilare. On les distribue à l’église. La fille de garde en a un tas sous les feuillets de la Bible.
– Pas d’insolence ! hurla Reinhardt devant notre éclat de Rire. Mais Il se dérida rapidement.
Les orbites lui sortait par les yeux en feuilletant ces journaux remplis des positions érotiques les plus inouïes. A faire bâiller d’étonnement Van de Velde lui-même, s’il avait pu se plonger dans la bibliothèque portative de Porta.
– Bon Dieu ! gronda Reinhardt, j’pourrai pas attendre la fin de cette sacrée garde avant d’aller voir des filles. Tu vois celle-là, avec trois types ? Si son arrière-train n’éclate pas comme une bombe ? C’est pas croyable c’qu’on peut leur mettre dans l’coffret, quand on s’y connaît ! Faudra qu’j’essaie ça d’main avec Grete. La colonne vertébrale doit vous sortir par le derrière.
– Peuh ! dit Pluto condescendant, c’est Rien du tout. Vise plutôt ça, mon garçon ! J’ie faisais à quatorze ans, tu peux me croire !
Sur la face paysanne de Reinhardt parut une stupéfaction hébétée. Il regarda, médusé, le grand hambourgeois.
– A quatorze ans ! Sans blague, tu Rigoles ! Quand c’est qu’t’as tiré ton premier coup ?
– A huit ans et demi. Et avec une femme mariée encore. C’était comme pourboire, parce
que je lui avais refilé une douzaine d’œufs en rab. A la fin, c’était du trois fois par jour, tellement qu’j’aimais ça ! Plus tard, pendant deux ans, j’ai été sous-patron d’un bordel à Reperbahm. Et bien, tu peux m’croire, Rien ne vaut une putain bien entraînée ! Même que ç’soit une femme mariée, qui en a marre de son mari ! Ce sont encore les plus chouettes ! Bon Dieu, ç’que ça peut gigoter quand on leur met la main au chose ! Pour ne Rien dire du plumard. Ça vous en fout des secousses comme la queue d’une carpe qui aurait bu du schnaps !
– Ferme-la ! hurla Reinhardt. A r’garder ça, moi j’en peux plus. Puisque monsieur a tant d’expérience, tu devrais être capable de m’en dégotter une comme ça !
– C’est pas impossible, mais donnant, donnant : dix bâtons d’opium et une bouteille d’alcool français. Pas d’ce sale pétrole allemand.
– Ça va, dit Reinhardt. Mais si tu t’fous d’ma gueule, j’te promets de t’botter l’oignon !
– Bon. Si t’as pas confiance, faut l’dire. Alors démerde-toi tout seul, rétorqua Pluto avec hauteur, sans montrer une seconde que la perspective de l’opium et de l’alcool le mettait sur le gril. Il continuait à feuilleter, indifférent, les pages pornographiques. Reinhardt tourna quelques instants comme un fauve dans la pièce, envoya en l’air d’un coup de pied le fourniment d’une recrue qu’il nota pour indiscipline pendant le service de garde, et vint à la fin nous prendre amicalement par les épaules.
– Allons, ça va, les gars. Faut pas m’en vouloir. Malgré soi on d’vient soupçonneux dans cette chienne de garnison. Un tas de filous dégueulasses qui n’cherchent qu’à vous rouler. Au moins vous aut’s du front, vous êtes des braves types !
– Qu’est-ce qui t’oblige à t’planquer ici, si t’en as marre ? constata Pluto, qui se moucha bruyamment dans ses doigts et cracha sur la chaise de Reinhardt ce que l’autre feignit de ne pas voir. Si tu veux venir au casse-pipe, t’as qu’à l’dire. Y a d’la place !
– J’y pense, dit Rienhardt. On peut plus être tranquille dans cette saleté d’ville. C’est pourtant pas ma faute si on y est ! Jusqu’aux vieilles toupies qui vous montrent du doigt, sans parler des putains de bordels et des filles hitlériennes. C’qu’on peut s’entendre dire par ces pouffiasses, c’est pas Croyable ! Mais, à propos de la fille… tu t’en charges, c’est dit ?
– D’accord, mais primo, des arrhes, dit Pluto en tendant une main gourmande.
– Tu les auras tes baguettes, affirma Reinhardt. Je te jure. Dès que la garde sera finie. Et l’alcool, demain, dès que j’aurai été voir une relation qu’j’ai en ville. Mais toi ? tu pourras goupiller l’affaire pour demain soir, dis ?
Pluto prit un air excédé : – Tu l’auras ta poule, et demain soir, et fais en c’que tu veux ! Ça vous r’garde ! Jouez aux cartes ou allez aux chiottes, moi j’m’en fous !
Les recrues, qui pour la plupart n’avaient pas dix-huit ans, louchaient, rougissantes,
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