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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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gênées de cette crudité verbale qui était pour nous la plus banale des conversations. Nous aurions été stupéfaits d’être taxés d’immoralité. Coucher avec une fille nous était aussi naturel que de faire partie du peloton d’exécution de Sennelager. Les deux choses laissaient totalement indifférent quiconque avait passé par le terrible laminoir qui s’appelait l’armée.
    La nuit était depuis longtemps tombée sur la grande caserne. Ça et là, une recrue s’était endormie derrière les carreaux sombres, en pleurant Silencieusement. Le mal du pays, la peur, ou bien d’autres raisons… malgré l’uniforme et le rasoir de l’armée qui n’avait même pas encore servi : un enfant.
    Pluto et moi devions faire la patrouille le long du grand mur qui entourait tout le terrain de la caserne. Il fallait s’assurer que toutes lès portes étaient bien fermées après 22 heures et que les caisses de munitions, derrière le terrain d’exercice, se trouvaient dans l’ordre réglementaire. Si nous rencontrions des gens sur le territoire de la caserne, nous étions tenus à faire une sommation et à examiner les papiers de ceux-là mêmes que nous connaissions le mieux.
    Nos officiers nous faisaient souvent la mauvaise plaisanterie de se laisser arrêter, pour voir si les ordres étaient bien observés, et parmi eux spécialement, notre commandant, le lieutenant-colonel von Weisshagen, dont c’était la distraction favorite. C’était un tout petit homme, avec un trop grand monocle vissé dans l’œil. Sa tenue était un exemple prodigieux de coquetterie prussienne : tunique verte, de coupe moitié allemande, moitié hongroise, très courte, tout à fait style cavalerie. De même, les culottes de cheval, gris perle, presque blanches, avec une demi-peau de vache cousue au fond ; et les bottes vernies noires, très longues, dont on se demandait comment elles lui permettaient de plier les jambes quand il les portait !
    A cause de ces bottes et de ces culottes, les soldats l’avaient surnommé : « le Cul botté ». Sa casquette à six étages, comme celles des huiles du Parti, rayonnait de guirlandes brodées et la jugulaire en était faite d’une lourde cordelière d’argent. La capote longue, à grands revers, était en cuir noir. Il portait au cou la Croix « Pour le mérite », pourboire de l’autre guerre, où Il avait servi dans la garde de l’Empereur, dont Il avait conservé, contre tous les règlements, les écussons sur les épaulettes de l’uniforme nazi.
    Les paris étaient ouverts, dans la troupe, pour savoir si cet homoncule avait ou non, des lèvres. Sa bouche était un trait droit, rayant à peine le brutal visage, défiguré par une longue balafre. Mais c’étaient les yeux qui dominaient tout : des yeux d’un bleu d’acier qui glaçaient de terreur ceux à qui s’adressait le petit commandant, de sa voix douce comme lé velours. Des yeux froids, implacables, qui vous suçaient la moelle hors du corps, des yeux qui tuaient, qui écrasaient toute résistance. Un cobra. lui-même avait des yeux d’anges, comparés à ceux du lieutenant-colonel von Weisshagen, commandant le bataillon disciplinaire du 27 e Régiment de chars.
    De mémoire d’homme, on n’avait jamais vu une femme en compagnie de von Weisshagen et celles qu’il rencontrait se raidissaient sous son regard, comme sous un choc. S’il quittait jamais, l’armée, Il deviendrait sans doute inspecteur dans une prison de « durs », car l’homme qu’il n’aurait pu réduire n’était pas encore né.
    Il y avait encore autre chose de remarquable chez Weisshagen. L’étui de son revolver était toujours ouvert, pour avoir sous la main le ma user noir bleu, à l’aspect venimeux. Ses ordonnances – Il en avait deux – disaient qu’il ne quittait jamais un revolver Walther 7,65, dont les six balles étaient sciées en balles dum-dum. Sa Cravache Creuse contenait une lame longue et fine, prête à sauter hors de son élégante enveloppe. Il se savait haï et prenait ses précautions contre les éventuels imbéciles assez fous pour l’attaquer.
    Bien entendu, Il n’avait jamais vu le front : ses hautes relations servaient à quelque chose. Son chien roux, Baron, était immatriculé sur les rôles de la Compagnie et avait été plusieurs fois dégradé, devant tout le bataillon. Actuellement, Il était 2 e classe et enfermé dans une cellule du corps de garde pour s’être oublié sous la table à

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