Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
Vom Netzwerk:
l’éclairait en plein et me laissait dans l’ombre, d’où j’aimerais voir sans être vu. Elle s’arrêta, fit quelques pas, son regard plongea dans la rue montante qui passait devant la caserne ; elle frissonna dans la pluie fine, et regarda sa montre, arrangea son écharpe verte.
    Un troupier passa, ralenti et dit : – Un lapin ? Viens avec moi, ça sera aussi bien !
    Elle se détourna et remonta un peu la rue. Le soldat se mit à Rire et son pas clouté se perdit dans les ruines. Elle revint sous la lumière. Je me mis à chantonner : « Nos deux ombres n’en font qu’une sans doute parce que nous nous aimons tant… » Elle tourna sur elle-même, et, à demi irritée, fixa l’ombre d’où j’émergeai lentement. Mais quand elle me vit, elle partit d’un éclat de Rire, et bras dessus, bras dessous, malgré le règlement, nous descendîmes la rue parmi les décombres et les gravats.
    Oubliée la guerre, oubliée l’attente ! Nous nous étions enfin retrouvés.
    – Où allons-nous, Ilse ?
    – Je ne sais pas, Sven. Un endroit où il n’y ait pas de soldats et pas d’odeur de bière !
    – Allons chez toi, lise, j’aimerais tant voir où tu vis. Voila cinq semaines que nous nous connaissons, cinq semaines à traîner dans les brasseries, les pâtisseries ou les ruines !
    Un moment d’hésitation : – Oui, allons chez moi, mais tu feras très attention. Il ne faut pas qu’on nous entende.
    Un tramway, tout brimbalant, passa ; nous le prîmes en compagnie de gens ternes et tristes. Nous descendîmes dans une banlieue. Je l’embrassai et caressai sa joue satinée, mais des passants surgirent de l’ombre et m’intimidèrent, car je n’ai jamais aimé embrasser une femme en public. Elle pressa mon bras et Rit doucement tandis que nous avancions lentement. Ici Il n’y avait pas de ruines, mais des villas et des immeubles intacts, des demeures de gens riches ; cela ne devait pas payer d’y jeter des bombes, on aurait pas tué assez de gens.
    La sirène hurla l’alerte, mais selon notre habitude, nous n’y fîmes aucune attention.
    – Tu as une permission de nuit, Sven ?
    – Oui, jusqu’à demain 8 heures, grâce à Pluto. Alte est à Berlin, mais avec trois jours de perme, lui !
    – Y en a-t-Il d’autres qui ont des permissions ?
    – Oui.
    Elle s’arrêta, son étreinte se crispa et elle pâlit ; ses yeux luisaient humides, dans le halo d’une lampe bleue.
    – Sven, ail Sven ! Est-ce que cela veut dire que tu vas partir ?
    Je ne répondis pas, mais l’entraînai, nerveux et irrité. Nous marchâmes sans mot dire, puis elle chuchota, comme si, de mon Silence, elle avait acquis une certitude.
    – Alors c’est la fin. Tu pars ! Vois-tu Sven, je te dois un bonheur que mon mari ne m’a jamais donné. Même s’il revient, je ne pourrai plus me passer de toi, je t’en supplie, jure-moi de revenir aussi !
    – Comment puis-je te répondre ? Ce n’est pas moi qui peux décider de mon destin, même si je t’aime, moi aussi ! J’ai cru, au début, que ce n’était qu’une aventure, rendue plus piquante par le fait que tu étais mariée ! Malheureusement pour nous deux, maintenant c’est bien autre chose qu’une aventure et peut-être vaut-Il mieux que la guerre nous sépare.
    Nous continuâmes, Silencieux comme la nuit. Elle s’arrêta devant un portillon de jardin et nous glissâmes dans une allée bien tenue. Au loin, on apercevait, fugitives, les lueurs de la D. C. A., mais on n’entendait aucune bombe.
    Avec précaution, elle ouvrit-une porte et vérifia avec soin les Rideaux noirs qui bouchaient la fenêtre, avant d’allumer une petite lampe dont la lumière nous réchauffa. Je la pris dans mes bras et l’embrassai avec violence, tandis qu’elle me rendait sauvagement mon baiser, pressant contre le mien son corps mince, déjà affolé de désir.
    Nous tombâmes lourdement sur un divan, sans déprendre nos bouches avides ; mes mains caressèrent son corps gracile et suivaient la couture de ses bas, au travers desquels sa peau était fraîche, lisse et parfumée. Ce parfum, c’était l’oubli de la caserne, des chars qui sentaient l’huile, des uniformes humides, des odeurs de bière et de la sueur des hommes ; l’oubli aussi, des bordels, des chants hurlés, des villes en ruines, des fosses remplies de cadavres. C’était enfin, entre mes bras, une vraie femme élégamment vêtue, dont le parfum rappelait la fine senteur des coteaux

Weitere Kostenlose Bücher