Les panzers de la mort
soldat Paul Buncke crie aussi bien pendant qu’on lui retire un peu de ses ornements corporels.
De nouveaux cris atroces, puis des hurlements étouffés par les larmes, dont on avait peine à croire qu’un être humain puisse en être l’auteur. Cette fois les cris durèrent bien un quart d’heure.
– Mon Dieu, dit Alte les larmes aux yeux, mais que leur font-Ils donc ?
– Salauds de communistes ! glapit Petit-Frère, moi aussi je vous ferai gueuler ! Vous venez comment je m’y prends !
La voix du commissaire retentit à nouveau et annonça presque en Riant.
– C’était un dur ce Buncke ! Mais Il n’a tout de même pas résisté à une douille vide martelée dans son genou. Maintenant Il va être intéressant de voir si le feldwebel Kurt Meincke est aussi coriace. Il est chef de section et décoré de la Croix de fer de ir e classe. C’est un bon soldat de Hitler. Nous avions pensé lui disséquer le nombril, mais on lui coupera d’abord les orteils aux ciseaux à barbelés. Ecoutez bien les gars !
Encore une fois les hurlements inarticulés-huit minutes de hurlements d’après le chronomètre de Pluto. Porta était blanc comme un linge.
– J’y vais ! dit-il. Qui vient avec moi ?
Toute la 5 e compagnie s’offrit, mais Il secoua la tête et indiqua du doigt vingt-cinq types seulement : notre groupe et la plupart de ceux de la 2 e section, tous des spécialistes du corps à corps. Nous nous préparâmes fiévreusement : des mines T et S trafiquées par nos soins avec une charge diabolique d’explosifs ; tout une charge d’explosives et quatre lance-flammes. Porta leva le sien et dit d’une voix dure.
– C’est bien compris ? Je veux qu’on prenne vivants les officiers et les commissaires ; le reste de la bande sera massacré.
Le lieutenant Weber ouvrit la bouche pour dire quelque chose qui ne sortit pas lorsqu’il vit nos regards d’assassins. IL était d’un blanc de craie et tremblait comme une feuille.
Nous glissant comme des chats sous les buissons et les taillis, notre chemin nous mena par un bois pacifique, derrière les positions russes. Petit-Frère et le légionnaire se collaient à Porta. Alte ne disait pas un mot mais son visage était de pierre. Une seule pensée nous animait tous : la vengeance quel qu’en soit le prix. Cette pensée faisait de nous des êtres hors de leur état normal, des gens revenus au stade de primitifs, des bêtes qui sentaient la proie et voulaient voir couler le sang.
– Planquez-vous, vite ! ordonna Porta.
Nous nous collâmes à la neige. Porta, couché, immobile, regardait à la jumelle, à 200 mètres à peine en avant, deux sentinelles russes assises sur un tronc renversé, leurs fusils posés à côté d’elles. Porta et Petit-Frère se rapprochèrent des deux soldats insouciants. Nous les suivions du regard en retenant notre respiration. Un des Russes se redressa soudain et regarda à travers les arbres, mais nos camarades s’étaient déjà confondus avec la neige. Le légionnaire agrippa sa mitraillette et l’œil suivit la ligne de mire… à notre soulagement, le Russe reposa son fusil et sortit un bout de pain qu’il grignota en Silence, pendant que l’autre bourrait sa pipe à petits coups tranquilles. Il dit à son camarade quelque chose qui les fit rire tous deux.
Porta et Petit-Frère se glissaient de plus en plus près. Un bond formidable, l’homme à la pipe tombe la tête fracassée d’un coup de pelle ; l’autre, cloué au sol par la patte d’ours de Petit-Frère, est égorgé. On jette de côté les deux cadavres ; le morceau de pain que tient l’un est encore secoué de mouvements spasmodiques et la pipe de l’autre s’engouffre dans la poche de Petit-Frère.
Alte regarda la carte et le compas : – Il faut aller plus au sud, sans ça nous serons trop loin derrière les premières lignes. – Porta montra le chemin d’un signe impatient. – Rappelez-vous, Il nous faut des chefs vivants ! Et, avec un sourire, Il tapa sur son couteau de tranchée.
– Allah est grand, murmura le légionnaire, cette nuit le mien aussi fera quitter ce monde à plusieurs. – Et Il baisa la lame aiguisée.
Tout à coup, un tonnerre déchira le silence et un tapis incandescent monta vers le ciel, comme si on avait tiré de bas en haut un store de feu. Nous nous jetâmes par terre ; le tonnerre crépita quatre fois, puis le Silence retomba.
– Katuscha, souffla Alte, Ils doivent être tout
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