Les panzers de la mort
pâlirez de honte. Tous ces militaires à la Silhouette raide comme un manche à balai, au torse Ridiculement bombé, au visage sans lèvres, aux yeux d’acier inexpressifs, imaginez-les, observés par un médecin psychiatre. Quel serait, selon vous, le diagnostic ? Si vous connaissiez comme moi cette race inquiétante, vous n’hésiteriez pas un instant.
On n’ait parvenu à faire taire en nous tout ce qu’il y avait d’humain.
Nous ne connaissions plus que le langage terrible des armes.
Noire science de l’anatomie valait celle d’un médecin et nous pouvions désigner À coup sur, l’endroit où le coup de feu ou un coup de couteau serait le plus douloureux.
Derrière nous, sans doute, Satan devait Ricaner
LA MORT EST A L’AFFUT
Tous les blessés avaient pu être évacués. Le lieutenant Halter et les autres se trouvaient maintenant à l’hôpital, très loin de l’enfer russe. Quant à nous, on nous avait reformés en groupe de combat sous les ordres de von Barring, notre chef, et d’un nouveau lieutenant, le lieutenant Weber, qui remplaçait Halter de la 5 e compagnie.
Nous voila donc repartis, en colonne par un, alourdis d’armes et de Punitions, vers nos positions d’attaque en première ligne.
– Commando en route pour le ciel, une fois de plus, grogna Pluto.
– IL n’y a guère d’espoir qu’aucun de vous y arrive, ricana Porta.
– Et toi ? demanda le légionnaire surpris.
– Bien sûr, et à la droite du Seigneur encore, c’est moi qui ferai le tri des merdeux comme vous !
– Tu n’aurais pas une place ? gloussa Petit-Frère. Je t’aiderai à distribuer les coups de pied au cul à tous les recalés !
Son éclat de rire retentit dans la nuit. Le lieutenant Weber arriva au galop et chuchota furieux : – Taisez-vous ! On Croirait vraiment que vous tenez à alerter les Russes.
– Oh là là, non ! On aurait trop peur, dit une voix dans le noir.
– Qui a parlé ? dit le lieutenant.
– Saint-Pierre et la Trinité, reprit la voix.
Des rires éclatèrent. Tout le monde avait reconnu la voix de Porta.
– Sors du rang ! Insolent, cria Weber d’une voix qui se cassait de colère.
– J’ose pas ! J’ai trop peur d’un coup de pied aux fesses ! reprit la voix.
– Assez ! gronda le lieutenant Weber.
– C’est bien mon avis ! dit Porta.
Le lieutenant bondit et sa voix furieuse siffla dans la nuit.
– J’ordonne que l’insolent se dénonce ou bien la compagnie sera punie de façon exemplaire. Je saurai vous briser, chiens que vous êtes !
Un murmure répondit et de sourdes menaces montèrent dans l’obscurité.
– Vous avez entendu, les gars, Il y a un candidat aux explosives.
– Faudra voir à changer de ton, traîneur de sabre, dit Petit-Frère à haute voix. Ici, on n’a pas l’habitude de ce genre-là.
– Bande de pourceaux, cria Weber. – Il repartit chez von Barring et parla de mutinerie.
– Cessez ces conneries, dit froidement von Bar-Ring. On a autre chose à faire que ces histoires de caserne !
La neige Crissait sous nos pas. Le moindre bruit résonnait dans le froid glacial de cette nuit d’encre, les buissons secouaient sur nos visages des aiguilles de givre. L’ordre était de percer les lignes russes avec le maximum de Silence ; pas un coup de feu, sauf à la toute dernière extrémité. Porta sortit son couteau de tranchée, y mit un baiser et Rigola :
– Du travail pour toi, mignon !
Petit-Frère et le légionnaire soupesèrent leurs
pelles qu’ils préféraient à tout autre arme.
– Allah Akbar, murmura Kalb, et Il glissa dans la nuit comme un serpent.
Nous le suivîmes sans aucun bruit, à la manière des Finnois qui nous l’avaient enseigné dans les cours de corps à corps. On peut dire que nous y étions passés maîtres, mais les collègues d’en face nous valaient largement, en particulier les tirailleurs sibériens, qui eux, avaient la supériorité d’aimer ce genre de combats. Nous arrivâmes jusqu’à Kromarowka sans avoir tiré un seul coup de fusil. Plusieurs des nôtres étaient couverts de sang et nos vêtements, que le gel rendait durs comme du bois, gênaient considérablement nos mouvements.
Porta, son haut-de-forme taché de sang attaché sous le menton avec une ficelle, avait cassé son couteau de tranchée lequel était resté fiché entre deux côtes russes. Il s’était armé d’un couteau sibérien qui lui était devenu rapidement une arme
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